Interview à propos de l'essai "U2 Psaumes électriques" réalisée par Jean-Luc Gadreau pour l'émission Solae (France Culture) en décembre 2021.
En traversant l’hiver
Je perdais la foi
En goûtant l’été
Je perdais la tête
Mais toujours
Se tenait
À mes côtés
La présence ambrée
Du baiser
Que tu me volerais
(p. 28)
Tu vois ce couteau
Oui papa
Avec ça dans ta main tu peux accomplir deux choses
Je t'écoute papa
Couper du pain pour le partager
Et
Le planter dans le dos de quelqu'un
Comment ça pour le planter
Eh bien pour garder le pain
Ah d'accord papa
Et le feu dans ton cœur c'est pareil
Explique-moi papa
Il y a le feu qui réchauffe
Et
Le feu qui dévore
J'ai compris papa
C'est bien mon garçon
Mais papa que fais-tu avec le couteau
(p.20)
Enfant il pesait déjà
Ses mots
Laissant trop de place
À l'indifférence de son père
À la sensibilité de sa mère
Aujourd'hui il ne parle
Presque plus
Et se laisse effacer
Par son propre silence
(p.33)
"Je ne suis pas à l’aise dans le monde actuel. Je déteste tous ces moyens complexes de communication : ces fax, ces ordinateurs, ces téléphones portables qui peuvent vous retrouver partout. Nous vivons dans une Babel déroutante, dans un monde où la communication est si intense qu’elle en perd toute valeur." Martin Scorsese
(p.186)
"Si j’ai pu éduquer mon instinct, c’est grâce aux films que j’ai faits." Martin Scorsese
(p.161)
Je ne veux plus parler
Combler les silences
Qui de toute façon
Seront lacérés
Je veux juste
Que tu comprennes
Qu'en te demandant
Si ça va
Je dis seulement
Je t'aime
(p.24)
Nous étions les rois
Les conseillers et les traîtres
Nous dévalions la colline
En évitant les ceps
Parfois nous tombions
Dans la terre pierreuse
Une mort factice nous surprenait
Mais jamais très longtemps
Nous étions jeunes rapides
Presque immortels
Nous rentrions à la maison
Les genoux écorchés
Parfois le sang coulait encore
Et nos mères s'inquiétaient
Aujourd'hui j'ai si mal au dos
Que j'ai oublié
Ce que grandir veut dire
Sur mon corps de pâles cicatrices
S'effacent à l'unisson
De mes tendres souvenirs
(p.16)
Il est toujours compliqué - voire impossible - d'expliquer pourquoi une oeuvre d'art nous bouleverse. Néanmoins, il n'est pas sans intérêt de rechercher les grandes lignes qui la composent, ainsi que les effets discrets qui aboutissent à l'effet recherché par son créateur.
Ainsi, pour se rapprocher du mystère de "40", peut-être nous faut-il commencer par modifier la perception que nous pouvons en avoir. Cette chanson douce est davantage qu'une berceuse pour adultes ; c'est une prière. Un psaume unique, électrique qui distille un parfum d'abandon. (p. 73)
Un murmure de félicité
Te laisse transi
Au moment où ta garde
Se baisse enfin
Communion inattendue
Tout respire en toi
Tout respire à travers toi
Nuages vent soleil
Réconciliés
Présence qui palpite
Inexplicable jubilation
Qui irrigue
Ce que tu n'espérais plus
Un cœur nouveau
(page 57)
Pupille qui te fixe
Scrute ton tréfonds
Pupille qui te visite
Esquisse ta rédemption
Regard serein
Qui ne juge point
Qui ne pleure pas
Son temps est compté abrégé
Offre-lui ta main
Ton ardeur et ta joie
Et ce regard unique
Un matin de printemps
Deviendra aussi le mien
(p.48)