Il y a quelques années j’avais fait un papier pour la presse sur les lettres en retard, dans le monde. Je me suis aperçu que la durée était très variable, allant de quelques années jusqu’ à plusieurs décennies et même cent ans ! mais aussi que ce n’était pas si rare que ça. L’idée qu’un roman puisse avoir ce point de départ m’a semblé envisageable. Mais il fallait une façon inattendue de le traiter… et trouver le contenu de cette lettre.
La quête d’Alain est une manière de « parcours initiatique » ce qui est souvent le cas de mes personnages principaux dans mes romans. Cette quête – que ce soit celle du chapeau perdu de François Mitterrand, d’un sac à main de femme volé ou d’un étrange tableau acheté à la salle Drouot – semble un peu dérisoire de prime abord et pourtant elle va vraiment mener à quelque chose, le héros a raison de s’entêter. L’histoire va lui donner raison. Que reste-il du jeune homme ou de la jeune fille que nous étions à vingt ans ? C’est une question et un sujet de roman. Rhapsodie apporte non pas une réponse, car le sujet est vaste, mais disons une proposition.
L’Art dit contemporain relève trop souvent de l’imposture, du canular… ces œuvres sont souvent accompagnées par un discours esthétique voire philosophique d’une prétention inouïe ! qui finit par devenir comique… Je ne suis pas non plus complétement réfractaire : j’ai un bon souvenir de " Leviathan " d’Anish Kapoor au grand palais ou encore " Casino " d’Annette Messager à la biennale de Venise… Jeff Koons non plus n’est pas le pire, loin de là, mais lorsque vous voyez que son " balloon dog " se vend 58 millions de dollars, sérieusement il faut arrêter là… et arrêter de mettre ces artistes là au même niveau que Salvador Dali, David Hockney ou Francis Bacon. Je me suis souvent demandé si tous ces artistes contemporains, dans le fond, n’avaient pas clairement conscience d’être des imposteurs mais qu’avec la célébrité et l’argent ils finissaient par se persuader qu’ils étaient vraiment des génies. Stan Lepelle apporte des éléments de réponses…
Je le vois plutôt Mussolinien, jusque dans son physique… le livre se passe dans la France d’aujourd’hui, pas en 1983, dans notre époque, dans notre Europe. Si l’on veut aborder un peu la politique c’est difficile d’éviter l’extrême droite – et pas qu’en France. C’est une réalité et un chemin qu’on prit certaines personnes. Regardez Donald Trump aux USA, ce type existe vraiment, ce n’est pas un personnage de roman ou de film, il a vraiment des électeurs. Vaugan en 1983 est un brave garçon, un peu timide et mal dans sa peau. Les gens parfois changent, c’est aussi de ça dont je voulais parler. On quitte un type sympathique et plein de doutes on retrouve un homme sûr de lui, riche et sans aucunes limites… l’inoffensif est devenu dangereux. Que s’est-il passé ? cela reste mystérieux. On ne peut d’ailleurs pas résoudre ce mystère, juste l’observer.
Oui je pense… je ne dois pas être le seul. Il ne s’agit de glorifier les années 80 mais le monde s’est accéléré surtout dans les 15 dernières années. Le mail, les tweets, le portable, le Net, les infos en temps réel, les applis, youtube, la télé-réalité… Tout est nouveau, tout va vite, tout est obsolète à toute allure. Le flux est constant et ultra addictif. C’est très chouette les mails et Instagram, c’est génial tout ça mais ça ne s’arrête jamais. C’est comme essayer d’écrire une dissertation de philo dans une auto-tamponneuse. Disons que dans les années 60/70 on roulait à 50 km/h, dans les années 80 à 100, là nous roulons à 200… est-ce qu’on arrive encore à bien voir le paysage ?
Par ce que j’aime les livres dans lesquels il se passe des choses. Des situations imprévues, des évènements crédibles mais que l’on n’a pas vu venir. Trop de romans n’évoluent plus au-delà de la page 80. Vous avez tout compris et il ne se passera plus rien. Aussi par ce qu’il faut qu’il y ait des moments drôles dans un récit, des moments de dérision ou d’absurde. C’est ce que nous ont appris Molière, Sacha Guitry, Ernst Lubitsch, Marcel Proust aussi et Louis-Ferdinand Céline… Ces deux-là sont aussi très drôles. On peut écrire dans un même livre des passages profonds et sensibles et des passages drôles. Tenez, en passant… Vous savez ce que disait Henry Miller à propos d’Adolf Hitler ? : « Il est très instable et terriblement sérieux. Il faut absolument que quelqu’un le fasse rire, ou nous sommes tous perdus. »
Ce sont les femmes qui parlent à la première personne dans des chapitres qui portent leurs prénoms. Dans le livre, les hommes sont dans l’action et les femmes dans la réflexion. Leurs « monologues » nous apportent un autre point de vue, nous donnent des informations sur l’histoire, les personnages ou sur elles-mêmes. Je tenais beaucoup à cette construction un peu atypique. Je crois qu’il faut toujours essayer de trouver quelques éléments inattendus dans la narration et la construction d’un livre.
Si, on peut la révéler, c’est juste une « partie » de la fin du roman: c’est la VIème république avec l’avènement à la tête de l’Etat d’un homme intègre et visionnaire, n’appartenant à aucun parti politique, issu de la société civile et du monde des affaires et …enfin ça va mieux ! Même si JBM – le personnage du livre – n’existe pas dans la réalité, cette hypothèse ne me parait pas inenvisageable. Les hommes politiques français aujourd’hui n’ont à proposer que leur longue et soit disant brillante carrière au sein de leur parti. C’est ça leur CV… C’est tout. L’impopularité record de nos deux derniers présidents et l’enchainement sans précédent de gaffes, bourdes, reculades, promesses non tenues et j’en passe commence à nous faire toucher du doigt les limites de ce genre de parcours.
Aucune idée… Un Patrick Modiano peut-être ?
Marcel Proust peut-être… ou Stephen King par sa productivité.
J’ai toujours du mal avec ces questions… j’aimerais pourvoir y répondre mais je le regrette je n’ai pas eu de grande révélation vers mes 14/15 ans. Un livre que je referme en me disant les yeux dans le vague et le cœur battant : « Je serais écrivain moi aussi ». A cet âge, je regardais des livres d’Art avec les tableaux de Balthus ou de Dali et ces deux-là me faisaient beaucoup rêver...
Ce n’est peut-être pas celui-là mais je pourrais vous répondre Mort à crédit que je préfère nettement au Voyage au bout de la nuit.
Guerre et Paix, au hasard. Il y en a d’autres…
Pas évident cette question, il y a peu de perles dans l’océan et beaucoup d’huitres … si, tenez, lisez Les Ames juives de Pierre Bourgeade. C’est un roman très très court. Il dit en 150 pages ce que d’autres n’ont pas réussi complétement à formuler en 1000. On peut appeler ça un chef d’œuvre.
Joker. Je me ferais des ennemis dans la littérature une autre fois… en revanche j’ai envie de m’en faire dans la peinture, allez, je balance… : Les demoiselles d’Avignon de Picasso, avouons-le : c’est un tableau vraiment moche ! avec des femmes laides, c’est plat, même pas bien peint.
Voilà…ça, c’est fait.
Pas fétiche non. Mais j’aime beaucoup celle-là dans un Patrick Modiano, Villa triste, je crois : « il y a des êtres mystérieux, toujours les mêmes, qui se tiennent en sentinelles à chaque carrefour de notre vie ».
J’ai fini le dernier Jean Echenoz. Je vais commencer Rien où poser sa tête de Françoise Frenkel, et je vais m’acheter Vous plaisantez, monsieur Tanner de Jean-Paul Dubois car c’est un des seuls que je n’ai pas lu de lui.
D’abord une question de géographie: où se situe Jérusalem ?