Roman noir Trouble miroir
"Associer plaisir et devoir, n'est-ce pas le souhait de toute infirmière ? Certaines ne s'en privent pas !" Comme il s'attaquait aux premiers boutons de son corsage, elle protesta et tenta de l'arrêter, réfléchissant à une prompte contre-attaque. Devait-elle le provoquer ou l'apaiser ? Qu'importe le moyen. Seule arme dérisoire à opposer à sa détermination et contribuer à gagner de précieuses mintutes : entretenir le dialogue qu'il prisait tant. " Vas-tu agir comme ton père et employer la violence ? Cette violence que tu lui as toujours reprochée !" Aborder ce sujet sensible restait hasardeux et elle pria sa bonne étoile. Les doigts de Yann tremblèrent. Elle repoussa sa main sans qu'il oppose de résistance. Cependant, son regard assombri et le grincement de ses mâchoires contredisaient son apparente soumission. "Je t'interdis de nous comparer ! Je ne suis pas une ordure comme lui ! Il a eu ce qu'il méritait, ce porc ! Il a eu tort de porter ses sales pattes sur Gaëlle et profiter de son innocence. Il n'avait pas le droit de la baiser. Il a payé. une mauvaise chute dans l'escalier." Le rire grinçant de Yann la glaça. Accident ou meutre ?" Une telle dualité incestueuse ne pouvait que culpabiliser sa soeur.....
Il s'esclaffa et lui caressa la joue. "En effet, tu ne possèdes ni mon expérience ni ma valeur mais je peux t'initier. Je souhaite tout partager avec toi, le corps et l'âme, sussura-t-il radouci, les yeux brillants. Il n'est pas dans mes intentions de te violer, tu le sais. Non, je veux seulement combattre ton a priori, te dépouiller de tes réticences. Je te l'avais promis." Il la bascula sur le lit, s'abattit sur elle la soumettant au magnétisme de son regard et, tout en se mouvant avec lenteur, lui caressa la poitrine.
L'air frais sur la peau de Sarah la fit frissonner. Son chemiser ouvert, elle constata, effarée, que son soutien-gorge de dentelle noire était le fragile rempart masquant encore sa nudité au regard avide de Yann. Il l'avait hypnotisée. ? Ne lui laissant pas le temps de réagir, il s'empara de sa bouche, força le barrage de ses lèvres. D'un geste impatient, il dégrafa le sous-vêtement. Elle se tortilla pour se dégager et se retrouva les poignets bloqués au-dessus de la tête par la main ferme de Yann.....
Il y a des jours où le destin nous sollicite un peu plus que d'habitude.
Des jours qu'on souhaiterait abréger mais qui n'en finissent pas de s'étirer.
Ce jour-là en était un.
Elle n'aurait su dire le temps qu'il faisait sans doute maussade.
Le décor de la ville s'était estompé.
Le long de cette avenue parisienne, il n'y avait qu'eux.
Un couple d'apparence banale, un couple dont il n'avait que l'apparence.
Couple de tricheurs engagé dans une ultime partie d'échecs.
"Garce ! Tu m'as drogué !" un rictus mauvais déforma sa bouche et dans ses yeux s'alluma une lueur inquiétante.Vitupérant, il l'empoigna par le cou et serra convulsivement."Je t'ai sous-estimée, tu as fait des progrès. Quelle comédienne ! Tu as bien prémédité... ton coup ! Imparable...crois-tu ?" prononça-t-il péniblement la fixant, les yeux écarquillés par l'effort qu'il leur imposait. Sarah paniqua. L'air lui manquait.....
"Ecoute le langage de ton corps. il répond comme il a toujours répondu. Cela te dérange uniquement parce que je suis l'un de tes patients. Tu te croyais protégée par ta blouse blanche mais suivre ton calvaire émotionnel m'a procuré une jouissance comparable à une masturbation ! Il savoura son propos d'un claquement de langue. Aujourd'hui, je ne suis plus ton patient, alors tout et permis."
Je ne suis pas ton père et tu n'es pas ma soeur que je sache ! N'essaierais-tu pas de me manipuler ? insinua-t-il plissant les yeux et la scrutant. Pas de ça avec moi ! Que veux-tu ?
- Seulement faire durer le plaisir ! crut-elle bon de minauder. Il est difficile en effet de se mesurer à toi."
Elle continua de le tutoyer et d'inciter sa vanité afin qu'agisse le sporifique.
Sarah navigue dans un monde où tout n'est qu'ombre et lumière comme un tableau de maître impressionniste.