Q&A with A.R. Torre, author of The Girl in 6E
J'attendrai jusqu’au jour où je mourrai pour elle. Pour moi, il n’y a et il n’y aura jamais personne d’autre.
L’idée que je puisse plutôt faire bon usage de cette bizarrerie de caractère, m’en servir pour aider quelqu’un au lieu de lui faire du mal, allume une lueur d’espoir dans mon cœur. Je m’efforce de l’ignorer. L’espoir est dangereux. L’espoir nourrit des attentes qui engendrent la déception. Être déçue par les autres est déjà difficile, mais il n’y a rien de plus dur qu’être déçue par soi-même. Je n’imagine pas que ma déception puisse provenir des autres. Non. Je suis ma propre tueuse idéale. Cet espoir, cette étincelle qui me laisse penser que je pourrais aspirer à quelque chose de plus noble que le mal, je vais leur faire goûter la saveur de la déception. Être lâchée par les autres, c’est une douceur ; le pire est d’être rejetée par sa propre âme. Et je me demande ce qui est le plus triste : m’attendre à échouer ou avoir trop peur pour rêver de réussir.
Je l’ai regardé monter en voiture et claquer assez fort la portière pour qu’elle sursaute. Puis le crissement des pneus – le meilleur bruit du monde, encore plus délectable que dans mes fantasmes – le point final qui la laisse seule sur la place de parking vide, ses larmes qui font dégouliner son mascara noir sur ses joues, son hurlement qui traverse mes vitres teintées.
Ma victoire. Avec un grand sourire, je me suis virtuellement tapé dans la main et j’ai passé la première. Au volant de ma Mercedes, j’ai rejoint la route du sud. Peut-être qu’après mon massage, je passerais voir mon petit ami au bureau. Je lui déposerais un sandwich. Je fêterais ma victoire avec l’autre homme de ma vie.
Ne vous gênez pas. Jugez-moi. Vous n’avez pas idée de ce que mon amour implique.
J’aime deux hommes. Je couche avec deux hommes.
Si vous croyez avoir déjà lu une histoire comme la mienne, vous vous trompez.
"Aimer, ce n'est pas être heureux. Si vous voulez être heureuse, restez célibataire. L'aimer, c'est le placer lui, son équilibre, son bonheur en premier. Si vous n'êtes pas prête à ça, c'est que vous ne l'aimez pas vraiment."
Le murmure de sa voix. J'ai tendu la main, l'ai posée sur son épaule en tirant délicatement.
La rotation fluide de son buste, le regard jeté par-dessus l'épaule, le mouvement de sa tête pour se baisser vers moi...
Dans les quelques minutes qui ont suivi, notre relation a changé du tout au tout.
J'étais tombée amoureuse de lui. J'avais planifié notre avenir, déjà prête à accepter sa demande en mariage.
Il s'est avéré que je ne le connaissais même pas.
Quand une étincelle de désir s'est allumée en moi, cette attirance m'a surprise. Je m'tais attendue à éprouver du respect pour lui - comment ne pas estimer quelqu'un dont le QI est le double du mien, dont les donations annuelles font vivre la moitié des associations caritatives de la ville ? -, mais je m'étais imaginé qu'il me déplairait, même si je n'aurais jamais cru possible de rencontrer en personne cet homme discret.
L'Amérique nous a également fait fusionner. Nos deux noms étaient trop compliqués l'un à côté de l'autre, du coup nous sommes devenus "Sole". On nous appelle les amoureux Sole, et je fais les gros yeux quand j'entends ça, mais secrètement, j'aime bien.
Suis-je si horrible que ça?
Je crois que la réponse est oui.
Je sais que c'est mal, mais mon amour est si fort qu'il n'y voit que du bien.
Je ne peux pas perdre Lee. Et tout ce que j'ai fait, c'est par amour pour Brant.
Chaque homme, se propose un idéal quelconque et s’y attache plus ou moins toute sa vie. Le mien a été la philanthropie. Je désirais gagner beaucoup d’argent afin de pouvoir aider les autres.
Une vie entre mes mains. 72 secondes
124 secondes.
648 secondes : je glisse par terre et me tords les poignets en voyant le couteau étinceler dans la pénombre.
793 secondes : je colle mon oreille à la porte dans l'attente d'un bruit, d'un indice sur ce qui est en train de se passer.
921 secondes.
1122 secondes : je lâche mon poignard et je sens des larmes rouler sur mes joues.
1400 secondes : je m'endors nue contre la porte, recroquevillée sur moi-même, ma tête inclinée selon un angle inconfortable.