Alain Stanké, auteur des livres Barbelés dans ma mémoire, Ceci n'est pas un roman, c'est ma vie ! et autres livres.
Une des particularités de l'avenir, c'est d'être toujours inattendu... Et une de ses qualités, c'est d'être perpétuellement surprenant.
6 juin 1944
Les Américains se préparent à débarquer sur la plage d'Omaha Beach.
Les Allemands déclenchent aussitôt une colossale tempête de tirs sur les navires de Yankees.
Face au carnage, un soldat américain se penche à l'oreille de son compagnon et dit :
"Ça doit être une plage privée. J'ai l'impression qu'on dérange !"
Préface de Jane Birkin
Grâce à ce livre, mon père est là, devant moi, entouré de ces Bretons qu’il admirait tant, quittant la côte anglaise à bord de son bateau les nuits sans lune, naviguant sur une mer féroce. Et là, réfugiés sur la côte française, des pilotes canadiens, anglais et américains attendaient dans le noir…
Job Mainguy donne son signal du haut des falaises, et ces jeunes garçons de l’Air Force seront bientôt saufs, en route vers Dartmouth avec mon père comme navigateur.
(…) Les résistants gardaient les aviateurs dans leurs greniers,les cachaient des jours, des mois, leur donnaient à manger, les habillaient, les occupaient sans réveiller les soupçons des voisins, attendant mon père ou encore le capitaine de corvette Peter Williams su son sister-ship.
Il fallait prêter une attention particulières aux détails. Par exemple, ces hommes venus d’ailleurs étaient de plus haute taille que les Français et fumaient leurs clopes de manière différente. S’il se trouvait beaucoup de héros dans la population, il y avait aussi des espions et des traites.
Envers et contre tout, pendant quatre ans, les résistants firent face à l’adversité…
Page 211
"L'homme n'est pas entièrement coupable : il n'a pas commencé l'histoire ; ni tout à fait innocent, puisqu'il la continue".
-Mais enfin, puisqu'ils tuent des gens, n'y a t-il pas quelqu'un qui pourrait les tuer eux aussi ?
Le regard inexpressif devient chargé de pitié.
-Il y en a eu, dit-il, mais ça n'a pas donné grand chose. On ne réglera jamais rien avec des armes !
Entre l'état et le devenir existe un temps indéfinissable pendant lequel la mémoire s'alourdit d'effroyables souvenirs. Il suffira peut-être d'en raconter une partie pour que, vidée de ses obsessions, la mémoire se libère.
Les fêtes de la libération durent quelques jours à peine; deux ou trois tout au plus ,au cours desquels les gens radieux ,plus gais ,rieurs même conversent avec les soldats allemands.Si cette joie pouvait durer!Mais non.Soudainement l'atmosphère se transforme avec l'arrivée de nouveaux soldats qui suivent des hommes vêtus de chemises brunes et des militaires qui portent l'uniforme noir.Rigides ,sévères, le regard menaçant, les nouveaux venus logent dans les maisons où ils affichent des allures d'occupants plutôt que de libérateurs...( Page 97).
Une main énorme,velue, sale,aux ongles crasseux,m'empoigne brusquement par l'épaule et
m'oblige à descendre de l'automobile.C'est un soldat russe .Il est impatient.En vociférant dans une langue que je ne comprends pas,il me pousse vers le fossé qui longe la route de Birstonas.(page 15).
Comme c'est étrange! Je viens à peine d'avoir 6 ans et je ne m'étais jamais rendu compte qu'on pouvait vivre sans avoir l'impression que ce n'était pas une chose naturelle. Je ne m'étais jamais rendu compte qu'on pouvait tout aussi bien mourir à 6 ans que vivre.
Dehors ,il pleut abondamment.Les gouttes emperlent les têtes nues. On pleure ! On danse! On s'embrasse! Mes pieds sont mouillés mais je n'en ai cure.Bientot j'aurai des souliers neufs.Cette pluie me transporte hors du temps.Je voudrais qu'elle lave ces barbelés de ma mémoire, qu'elle noie le passé à jamais.Comme elle fait du bien cette pluie d'un matin de paix sur la France!
À minuit du même jour un autre train nous déposera en plein coeur de Paris ,à la gare de l'est.
Qu'elle était longue,la route....( Pages 194/195).