Festival des Utopiales à Nantes
Dès les premières lignes de sa théogonie, Hésiode fait de l'amour la force d'attraction universelle. Lucien, lui, nous fait voyager dans l'espace avec ses Histoires vraies. Et, plus prosaïquement, les rêveurs de l'école de Milet deviennent les pères de la physique
Les anciens Grecs et Romains auraient-ils aimé lire de la science-fiction ?
Avec : Valérie Mangin, Vincent Bontems, Simon Bréan
Modération : Daniel Tron
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Elle sortit de l’eau, belle et pudique
déesse, et l'herbe
poussait sous ses pieds délicats.
On l'appelle Aphrodite,
déesse de l'écume,
Cythérée joliment couronnée;
on l’appelle Aphrodite chez les dieux
et chez les hommes,
car elle est formée avec de l’écume.
Cythérée, car venue à Cythère
Kyprogénéa, puisque née à Chypre
qu’entourent les vagues,
ou encore, pour ce que sortie
des couilles, Philommèdéa.
Eros fut son compagnon
et le beau Désir la suivit
dès le moment de sa naissance,
puis quand elle monta chez les dieux.
Voici quelle est, depuis toujours,
la part qui lui revient,
son lot chez les hommes
et chez les dieux qui ne meurent pas:
les voix chuchotées des filles,
les sourires et les mensonges,
et la très douce volupté
et l'amour et les délices.
Un mal destiné aux humains .
( Kakon anthrôpoisi )
Définition de la femme .
Théogonie , 570.
( Le mythe de Pandore ),
Quand les hommes et les dieux furent nés ensemble, d’abord les célestes habitants de l'Olympe créèrent l'âge d'or pour les mortels doués de la parole. Sous le règne de Saturne qui commandait dans le ciel, les mortels vivaient comme les dieux, ils étaient libres d'inquiétudes, de travaux et de souffrances ; la cruelle vieillesse ne les affligeait point ; leurs pieds et leurs mains conservaient sans cesse la même vigueur, et loin de tous les maux, ils se réjouissaient au milieu des festins, riches en fruits délicieux et chers aux bienheureux Immortels. Ils mouraient comme enchaînés par un doux sommeil. Tous les biens naissaient autour d'eux. La terre fertile produisait d'elle-même d'abondants trésors ; libres et paisibles, ils partageaient leurs richesses avec une foule de vertueux amis. Quand la terre eut renfermé dans son sein cette première génération, ces hommes, appelés les génies terrestres, devinrent les protecteurs et les gardiens tutélaires des mortels : ils observent leurs bonnes ou leurs mauvaises actions, et, enveloppés d'un nuage, parcourent toute la terre en répandant la richesse : telle est la royale prérogative qu'ils ont obtenue.
Vils pasteurs, opprobre des campagnes, vous qui ne vivez que pour l'intempérance, nous savons inventer beaucoup de mensonges semblables à la vérité ; mais nous savons aussi dire ce qui est vrai, quand tel est notre désir.
Or donc, tout d'abord, exista Faille, puis, par après, Terre Large-Poitrine, base sûre à jamais pour tous les êtres, pour tous les immortels qui tiennent les cimes enneigées de l'Olympe, et le Tartare plein de brouillard au fond de la terre où l'on chemine, et aussi Éros, le plus beau des dieux qui ne meurent jamais: il brise les corps de tous les dieux, de tous les hommes; il est plus fort que la pensée du cœur, que la sagesse des desseins.
Avec vous soit la joie, enfants de Zeus; donnez-nous la beauté du chant.
Célébrez la race sainte de ceux qui vivent à jamais, de ceux qui sont nés de Terre et de Ciel parsemé d'étoiles, de la Nuit obscure, et de ceux que nourrit Pontos le salé. Dites comment sont venus à l'être les dieux et la terre, les fleuves et la mer sans limites, qui se gonfle et qui saute, la lumière des étoiles et le ciel vaste par-dessus, et quels dieux sont nés des premiers, dieux qui donnent des biens, comment ils ont fait le partage, et réparti les honneurs, comment d'abord ils ont occupé tous les replis de l'Olympe. Dites-moi cela, Muses, qui avez vos maisons dans l'Olympe, commencez au tout début; dites qui d'eux tous est né le premier.
Au commencement exista le Chaos, puis la Terre à la large poitrine, demeure toujours sûre de tous les Immortels qui habitent le faite de l'Olympe neigeux ; ensuite le sombre Tartare, placé sous les abîmes de la Terre immense ; enfin l'Amour, le plus beau des dieux, l'Amour, qui amollit les âmes, et, s'emparant du coeur de toutes les divinités et de tous les hommes, triomphe de leur sage volonté.
Ces Muses de l'Olympe, ces filles de Zeus, maître de l'égide, m'adressèrent ce langage pour la première fois : " Vils pasteurs, opprobre des campagnes, vous qui ne viviez que pour l'intempérance, nous savons inventer beaucoup de mensonges semblables à la vérité ; mais nous savons aussi dire ce qui est vrai, quand tel est notre désir. " Ainsi parlèrent les éloquentes filles du grand Zeus, et elles me remirent pour sceptre un rameau de vert laurier superbe à cueillir ; puis, m'inspirant un divin langage pour me faire chanter le passé et l'avenir, elles m'ordonnèrent de célébrer l'origine des bienheureux Immortels et de les choisir toujours elles-mêmes pour objet de mes premiers et de mes derniers chants.
Je veux aujourd'hui cesser d'être juste, et moi et mon fils : il est mauvais d'être juste, si l'injustice doit avoir les faveurs de la justice !
Νυν δη εγώ μήτ' αυτός εν άνθρώποισι δίκαιος είην μήτ' εμος υοίς · επει κακόν ανιρα δίκαιον έμμεναι, ει μείζω γε δίκην αδικώτερος έξει.
Prend chez toi et non pas au-dehors, tu évites la ruine. Il est bon de choisir ce qu'on a : quelle peine pour l'âme de désirer ce qu'elle n'a pas ! Obéis à cet ordre. [ Les Travaux et les Jours, v. 365-367 ]