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Olangar, tome 3 : Le combat des ombres

Retour à Olangar, la-ville-dont-on-ne-se-lasse-pas, comme on la surnomme dans les guides touristiques. Après Bans et barricades et Une cité en flammes, voici Le combat des ombres qui, rien qu’au titre, annonce du musclé comme ses prédécesseurs et promet de ne pas s’ennuyer (spoiler : promesse tenue).





La fin d’Une cité en flammes nous laissait sur une Olangar en feu. Le titre ne mentait pas. Même topo pour Le combat des ombres : on s’y bagarre beaucoup, que ce soit les coups de main de la résistance dans les sombres recoins de la cité ou, plus feutrés, les coups fourrés dans les coulisses du pouvoir.

Or donc, la ville est occupée par les troupes des duchés septentrionaux, les débris de l’armée olangaraise et une partie de la population sont en fuite dans les provinces méridionales. Les duchés veulent des bateaux, Olangar possède des chantiers navals, on parle d’une occupation de pillage, donc celle qui ne se passe vraiment pas bien pour les occupés… et pas beaucoup mieux pour les occupants.

Dans les murs de la ville, la résistance se met en place. Autour des nains, ça ne surprendra personne. Depuis toujours, ils constituent une force d’opposition, organisés, armés et pour beaucoup aguerris par les événements de Bans et barricades. Pour le cas où vous craindriez que ce tome soit un clone de B&B, rassurez-vous, Le combat des ombres ne fait pas redite. Bien sûr qu’il y a un écho, des allusions, des clins d’œil à la première lutte des nains, mais le déroulement des événements diffère ici assez pour qu’on n’ait pas l’impression de relire la même histoire.

Bouhélier réussit une excellente description de la vie sous l’occupation sans laisser personne sur le bord de la route. Au sein d’Olangar, on trouve les collabos convaincus qui trouvent, en se mettant au service de l’occupant, le moyen de grappiller du pouvoir, prendre leur revanche et/ou s’en mettre plein les poches ; les collabos par opportunisme qui voient dans un premier temps l’arrivée des envahisseurs comme une libération ou un bon moyen de faire bouger les choses… avant de déchanter trop tard ; les résistants à main armée, c’est-à-dire les nains pour l’essentiel ; les résistants occasionnels voire à usage unique comme les amis dans Fight Club, l’un cachant quelqu’un ici, l’autre transmettant un renseignement là, toute une galaxie de gens qui font acte de résistance de manière occasionnelle voire une seule fois dans leur vie ; plus la masse inerte de tous ceux qui font le dos rond pour survivre.

Les différents groupes sont tous très bien rendus. Les méchants ne sont pas oubliés et pas juste traités comme des méchants. OK, ce sont des salopards qui multiplient les exactions gratuites et font régner la terreur à coups d’exécutions sommaires et d’allers simples vers le treppo (camp de travail qui n’est rien d’autre qu’un camp de concentration), mais on sent aussi leur paranoïa : la trouille constante de se faire lâcher par leurs appuis des duchés, de se faire dézinguer par une attaque des résistants au détour d’une ruelle, de voir la population se soulever en masse. La même ambiance qui prévalait en Europe de l’Est pendant la Seconde Guerre mondiale, Pologne en tête.

Côté résistance et lutte contre l’occupant, Bouhélier a bien décrit aussi le foutoir total de ce genre de mouvement. On a un gouvernement en exil (le chancelier d’Averny), légitime, à la tête d’une armée résiduelle insuffisante pour reprendre la ville, des alliés pas super emballés à l’idée d’entreprendre un siège long et coûteux (les Provinces du Sud), d’autres alliés très entreprenants (Evyna d’Enguerrand), les ennemis d’hier (elfes d’un côté, orcs de l’autre) à portée de fusil, une résistance intérieure divisée en plusieurs courants pas toujours d’accord, sans parler de ceux qui bricolent des trucs dans leur coin et nouent des alliances douteuses, par exemple avec la pègre.

Dans ses composantes, ses rapprochements et ses antagonismes, l’auteur a réussi le parfait sans faute. Le résultat est quasi identique à ce qu’il a été pendant la Seconde Guerre mondiale, tout en épousant les contours de son univers, donc sans impression d’anachronisme ou d’un schéma forcé pour faire comme dans l’IRL en passant à côté des spécificités de son monde imaginaire.





Le contexte d’occupation sonne très juste, le souffle épique est là, les tragédies aussi, les personnages sont pour beaucoup usés par leurs précédentes aventures mais conservent leur mordant.

L’auteur a su éviter les écueils classiques du tome final. On ne quitte pas Olangar sur un “tout ça pour ça”. Plutôt sur un “est-ce que ça en valait la peine ?”. Au plan de la lecture, oui. La réponse ne fait aucun doute, la saga est magistrale de bout en bout. La question, on se la pose à propos des personnages qui ont tous perdu beaucoup depuis le début de l’aventure et encore plus dans ce dernier volume. À chaque lecteur et lectrice d’apporter sa réponse, il n’y en a pas de bonne ou mauvaise. On a une vraie fin, pas un machin qui hésiterait entre clôture, fin ouverte, potentiel “à suivre”, bref incapable de conclure en laissant la moitié de ses enjeux irrésolus. On a une intrigue qui se tient, à la hauteur des précédents, pas un bouquin moyen torché histoire de terminer le truc parce qu’il le fallait bien. Et si Bouhélier ne lésine sur la tatane et la pyrotechnie, c’est dû aux nécessités du contexte : c’est la guerre, quand même, forcément que ça pète et ça bastonne. Mais pas en mode blockbuster où les effet spéciaux ont tendance à remplacer le fond et à foisonner au détriment du scénar ou des persos. Ici, l’intrigue et ses protagonistes sont aussi creusés que dans les autres volumes (mention à Silja, personnage que j’avais adoré dans B&B et qui est mon préféré dans celui-ci).

Rien à jeter dans ce Combat des ombres qui ira trôner avec fierté aux côtés de ses prédécesseurs.



(Chronique plus détaillée sur le blog)
Lien : https://unkapart.fr/olangar-..
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Olangar, tome 1.1 : Bans et Barricades

Très bonne série de (politique) fantasy : intrigues au sommet, conflits sociaux et lutte des classes, racisme. Des thèmes très actuels !

Extraits :

👉"Le royaume ne savait pas gérer ses pauvres. Ou plutôt d'Alverny et tous les autres avant ne savaient qu'attendre ce miracle économique qui devait les sauver. Un mirage. Pour survivre, il fallait faire grossir la caste des bourgeois. L'engraisser. Lui donner suffisamment pour qu'elle craigne de perdre. Et parfois, il fallait saisir l'un de ses membres pour le placer à un poste symbolique. Mais surtout, il fallait contenir la misère. Ne pas la laisser s'afficher au grand jour. Faire en sorte qu'on la méprise et non qu'on la prenne en pitié. Faire en sorte que la piétaille ouvrière tourne sa vindicte vers les petits exploitants et les autres travailleurs plutôt que vers les grands possédant."

👉"[Le petit peuple] Ils haïssaient assez leurs dirigeants pour donner une chance aux envahisseurs. Une fois de plus, il suffirait de trouver les boucs émissaires. Alors le cœur du petit peuple se remettrait à battre. Ce serait en faveur des duchés et du Groendal (Mouvement nationaliste et xénophobe) , Thzgon n'en doutait pas."
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