Interfeel est un bon roman pour adolescents, une saga à lire. L'histoire est originale, dans un monde où les sentiments des humains ne sont plus perçus par eux même, mais qui sont automatiquement créés par un système, pour que les émotions restent constamment positives.

Tout va bien pour Nathan, jeune adolescents heureux avec sa bande de copains, son premier flirt, jusqu'à que son professeur se jette par la fenêtre devant ses élèves... et que Nathan rencontre Élisabeth, tellement différente de lui.

C'est un roman pour moi purement jeunesse, il ne m'a pas autant touché que si j'aurai eu quinze ans...

Interfeel… Quelle aventure !



Voilà le mot que j'emploierai si je devais résumer les tomes de la trilogie.



Interfeel est un réseau social où les utilisateurs peuvent percevoir les émotions des autres. Dans cette société, où les utilisateurs les plus connectés sont en centre ville et ceux qui ne l’utilisent pas excentrés dans la banlieue Est, l’Opale, sorte de pierre mystérieuse aux allures de smartphone bien plus avancé, permet de se connecter au réseau et d’oublier sa condition d’être humain… Cette pierre aux vertues prétendues magiques permet de voir ses besoins satisfaits à tout instant : besoin de tranquillité ? Hop, mon Opale me diffuse une douce mélodie. Besoin de m’immerger dans l’Océan ? L’Opale le met en scène. Besoin d’oublier mon trouble dissociatif de l’identité ? Hop, je le noie dans le flot de pensées apaisantes. Besoin de prendre des notes ? Plus besoin, l’Opale prend tout en note à ma place. Et ce ne sont qu’une infime partie des pouvoirs de cette pierre, qui entre de mauvaises mains peut faire des ravages (coucou Vlad Ekaton 👋)



Nathan, avec sa bande de copains et grâce aux cours de leur professeur de philosophie Claude Erat, commence à douter d’Interfeel. Or, dans cette société, il ne fait pas bon de douter du système. La hiérarchisation sociale passe par Interfeel, les habitants dépourvus d’Interfeel (“les sans-Réseaux”) étant vus comme des personnes qui rejettent la modernité et dont il faut se méfier. Les services publics tels que les hôpitaux voient également leurs accès restreints aux sans-Réseaux. Bref, Antonin Atger fait un parfait parallèle entre Interfeel et les réseaux sociaux, le smartphone et l’Opale. Nous devenons esclave de cet outil merveilleux en mettant cette technologie au cœur de nos préoccupations tout en ne se souciant pas de la fracture numérique, de l'illectronisme, du pouvoir de l’infox, de l’infobésité et de la perte d’autonomie que le smartphone nous procure. Toutes ces thématiques se retrouvent abordées dans la saga, dans le but de questionner nos propres usages. Cette science-fiction aux airs de livre pédagogique veut alimenter notre réflexion intellectuelle et aiguiser notre esprit critique (qui, dans cette série, fait cruellement défaut à une grande majorité des utilisateurs du réseau).



Ajoutez à cela, des quêtes multiples menées par des héros attachants, un méchant cruel et sadique, (voire dépourvu d’émotions ?), une héroïne badass du camp supposé opposé, des résistants surmotivés, des alliances improbables, des trahisons folles et un fidèle compagnon à quatre pattes et vous avez le cocktail parfait d’un bon roman palpitant d’aventures !



J’ai réellement été surprise par la tournure de certains événements de l’histoire :



La piqûre de Leven par la teigne noire, la guérison par des champignons et la symbiose qui en résulte entre Hanek et son chien



La communication entre Livia et Hanek grâce aux plantes de l’Organique



Le périple d’Adila et de Nadir, surtout lorsqu’ils découvrent à la fin que l’Emotionnel n’est autre que Tanako Ming, le commissaire des forces spéciales de Xétjù, connu pour ses pratiques barbares et son emprise totale de la population grâce à la vidéosurveillance



Les méthodes toujours plus cruelles de Vlad Ekaton : l’utilisation de la poussière d’Opale qui agit comme un airtag plus vrai que nature, l’assassinat de Claude Erat par drône, l’emprisonnement de Nathan dans une prison alvéole dans la maison adjacente à celle de son père, rongé par le chagrin, la colère et la frustration de ne pas trouver son fils ainsi que la captation et la conservation illicite des émotions des citoyens de la ville entière.

Son côté pervers étant d’autant plus souligné par son extrême maniaquerie, qui confère au personnage un côté fort sadique (par exemple : préparer et déguster son thé d’algues tout en préparant le meutre de Claude Erat)



Des trahisons mémorables : Elisabeth et K’pata, Le Tatoueur et Vlad Ekaton



Des rebondissements heureux : Le gant de Midas décortiqué, le plan du Tatoueur et de Vlad Ekaton mis à nus, les ceintures d’invisibilité, la libération de Nathan de sa prison-alvéole, les retrouvailles de Nathan, Elisabeth, Hanek et Livia, la résistance de Kassandra Kacem aux assauts mentaux de Vlad Ekaton et à l’attaque de son domicile par les forces spéciales ainsi que la révélation de certaines vérités par le Tatoueur (les documents qui prouvent le rôle qu’a joué Malga Retu dans la montée en grades de Vlad Ekaton, le mensonge de Vlad Ekaton en accusant Claude Erat d’être le Tatoueur et la démonstration qu’Interfeel oriente et manipule les émotions)



Nous terminons donc ce troisième tome sur LE moment où le château de cartes va s’écrouler et où la dernière page, nous laisse haletants. Quelle stupeur quand j’ai appris que le tome 4, écrit et prêt à être dévoré, ne sortira sûrement jamais… Quel crève-cœur !



Je ne peux que recommander cette saga, qui vous emportera dans le monde d’Interfeel, pour le meilleur et pour le pire…

Points positifs: Roman ado agréable et efficace, on se prend au jeu. L'idée de départ est intéressante, d'actualité, et le roman contient de bonnes idées.



Points (un peu) négatifs : le roman s'inscrit dans la lignée des dystopies "à l'américaine", de type Divergente, du coup j'avais l'impression d'avoir déjà lu cette histoire cent fois... Rien de très nouveau donc, même si ça "fait le job".



Par contre, le fait de ne pas indiquer qu'il s'agit d'une trilogie, ça par contre, c'est pas top. Quand on le découvre à la fin, le sentiment n'est pas très agréable.