Angélique retourne à Versailles après de longs mois d'hiver dans le Poitou. Là, elle ne peut que constater l'emprise de madame de Montespan sur la cour et le cœur du roi. La jalousie de celle-ci va l'amener à tenter d'empoisonner Angélique (nous sommes au début de l'affaire des poisons), et Florimond échappera aussi à la mort pour éviter qu'il ne dénonce un autre empoisonneur.



Et les aventures s'enchaînent : visite chez un prince persan, demande en mariage de la part d'un révolutionnaire hongrois, consultation en pleine nuit par le roi pour aider à la signature d'un contrat avec la Perse, décès de Madame, messes noires, secret de Françoise Scarron. Nous revoyons Desgrez, lieutenant de police, Barcarolle, bouffon de la reine, et le Grand Coësre, chef des gueux auquel Angélique prête allégeance.



Enfin, Louis XIV sera éconduit par Angélique qui ne peut oublier qu'il est responsable de la mort de Joeffrey. Pour s'en expliquer, il lui révèlera des éléments de l'enquête autour de son décès.



C'est encore un volume loin de toute mièvrerie, très documenté, présentant une belle description des mœurs de l'époque. Les péripéties y sont nombreuses, l'écriture est toujours aussi riche, fluide et nous entraîne facilement dans ce tourbillon.

Angélique est enfin à la cour de Louis XIV, malgré l'hostilité de son mari, à qui elle oppose audace et astuce.



Ce volume est l'occasion de mettre en scène toute la vie des courtisans, avec la chasse, la mode, le logis, l'étiquette, les maîtresses du roi et les charges les plus improbables permettant d'arracher des privilèges.



Nous ferons la connaissance de Savary, le vieil apothicaire, qui entraînera Angélique dans une fâcheuse aventure pour récupérer la moumie qu'il convoite.



Angélique sera de nouveau mère, mais il me semble qu'elle reste assez lointaine vis à vis de cet enfant.



Elle découvrira le talent de Cantor pour le chant, à travers cette belle comptine qui résonnera avec la suite de ses aventures : "puisqu'il nous faut servir le roi, séparons-nous d'ensemble" donne un sens à la fin de ce volume, si triste.

Je n'en dis pas plus pour tenter de ne rien révéler !



Les aventures à la cour continue dans le volume suivant.

Comment, en moins de 400 pages, il peut arriver autant de péripéties dans la vie d'Angélique ?



Nous l'avions laissée auprès de maitre Bourjus, le rôtisseur. Par ses talents de femme d'affaires, elle va faire prospérer l'auberge, commencer à s'enrichir et à lancer la mode du chocolat auprès d'un public plus raffiné.

Elle sera demandée en mariage par son associé, maître d'hôtel, elle prendra un amant pour le sentiment.



Mais tout sera remis en cause de façon brutale, par deux meurtres et un incendie causé par des nobles masqués, ignobles et avinés. Elle tentera de se suicider, sera consolée par Desgrez, qui lui conseillera de faire taire les quelques scrupules qui lui restent pour obtenir une fortune de la part de Colbert en échange de son silence sur l'identité des soudards.



Dans une partie un peu trop effleurée à mon goût, on la verra se hisser dans les hautes sphères, fréquentant Madame de Sevigné et Ninon de Lenclos, et montant plusieurs commerces. On commence à entrevoir l'affaire des poisons.



Elle risquera sa fortune et sa vertu pour gagner au jeu le bel hôtel qu'avait fait construire Joffrey dans le quartier du Marais.



Enfin, elle réussira à épouser son cousin pour regagner le monde de la noblesse. Cousin cruel, odieux, violent, qui ne pense qu'à s'accaparer la fortune de sa jeune femme et à se venger du chantage qu'elle lui a fait subir.



Des révélations seront faites sur son passé, que cela soit par un charcutier sur la place de Grève ou par Molines, l'intendant protestant qui réapparaît au moment de son mariage.



Tout ça ! c'est encore passionnant, bien écrit et merveilleusement documenté. On a maintenant un mystère à éclaircir, ce qui sera le sujet de la suite de la saga.



Je me demande vraiment si tout cela était conté dans les téléfilms des années 60, dont la narration semble bien en deçà de celle du livre.

Et voici le 2ème tome des éditions J'ai-Lu, avec quelques éléments qui font que je lis et relis cette saga.



Ce volume est le récit de la chute brutale d'Angélique, des plus hautes sphères de la noblesse à la misère la plus profonde.



Elle sera d'abord une femme admirée, invitée au mariage du roi, en robe d'or, au bras de son mari dont elle est follement amoureuse. Elle vit alors au Palais du Gai-Savoir, cour lettrée et raffinée, à Toulouse, et elle est mère d'un premier garçon, choyé comme il se doit.



Elle finira seule, ruinée, veuve - son mari a été brûlé vif pour sorcellerie - sans aide, sans appui, et devant plonger dans le Paris miséreux.



Entre-temps, elle aura échappé à un attentat en carrosse et à un meurtre après une course-poursuite dans les couloirs du Louvre, où assassins et fantômes de la St Barthélémy rôdent. Elle essaiera de plaider la cause de son mari en approchant le roi, qu'elle d'abord est tentée de considérer comme un garçon de son âge et qu'elle a envie de secouer par le col.



On verra apparaître Desgrez, alors avocat sans le sous.

En plus des nobles, personnages historiques mis en scène avec finesse, on croisera toutes les couches sociales : les artisans, souvent méprisés, comme le barbier chirurgien, et Gontran, le frère d'Angélique, qui quoique noble, est devenu peintre, le clergé, avec Raymond, le frère jésuite, et la bourgeoisie avec la soeur Hortense ayant épousé un procureur de petite origine, mais voulant monter dans l'échelle sociale.



On assistera à une séance d'exorcisme, et la manière d'acheter le bourreau pour qu'il évite les souffrances au condamné. Angélique accouchera d'un second fils, dans la crasse de l'Hôtel-Dieu. Elle devra abandonner ses 2 garçons à sa soeur avant de plonger dans Paris, seule, désespérée, mais déterminée et ne songeant qu'à avancer, sans se retourner.



Et toujours, les auteurs nous décrivent ces péripéties de manière remarquablement imagée, documentée et on s'y voit sans problème.

Avec ma n-ième lecture de cette saga, je me décide à écrire une chronique par volume de l'édition J'ai-Lu. C'est un exercice bien difficile pour une oeuvre que j'adore.



Ah, Angélique ! Loin d'être la séductrice un peu nunuche des téléfilms des années 60, c'est une femme forte, intelligente, battante, ambitieuse, fragile, sensible. Aujourd'hui, on dirait...féministe !

Tout au long des volumes, elle se bat pour son amour, pour ses enfants, pour sa vie, pour sa survie, pour son honneur. Elle est belle, bien sûr, ce qui lui apportera parfois des problèmes, mais elle n'est pas parfaite, ce qui nous la rend encore plus proche.



Anne et Serge Golon n'ont absolument pas écrit une bluette, ou un roman Nous-Deux. Les aventures sont passionnantes, riches, variées, dans de multiples décors et situations, le tout magnifiquement documenté sur le siècle de Louis XIV. L'écriture est fluide, simple et élaborée à la fois.



Je ne sais pas si j'arriverai à argumenter mon opinion pour chaque volume, mais j'essaierai de dire ce qui m'a particulièrement plu, sans dévoiler l'intrigue.



Alors, je me lance :



Dans ce premier volume, on suit la vie d'une gamine pauvre dans la campagne poitevine, parmi les contes et légendes, les collecteurs d'impôts et les pillards.

On assiste à l'épisode du vol du coffret, qui déterminera tout le destin de l'héroïne.

Il y a la négociation avec Molines, l'intendant protestant, ambivalent mais pragmatique.

Il y a la vie au couvent, le mariage arrangé.

On apprend l'importance de l'alchimie dans l'esprit de la société d'alors, mais aussi les recherches en métallurgie et les trafics de métaux.



Angélique se montrera déjà très déterminée, bravant les différences sociales et comprenant le rôle qu'elle peut avoir pour sauver sa famille de la misère.



Je m'arrête là pour cette fois.

Au prochain épisode !