En septembre 1975, Kaïssar et Hanane, étudiants libanais et jeunes mariés, arrivent à Paris pour un séjour de deux ans afin de terminer leurs études. Mais le déchirement du Liban a déjà débuté ; ils ne repartiront jamais vivre dans leur pays. Quelques décennies plus tard, Sabyl, leur fils « né à Beyrouth dans une rue de Paris », enquête et recueille les témoignages de ses parents. Plus son récit progresse, plus les frontières s'estompent. Les peurs se mêlent, celle pour les leurs, restés sur le sol libanais, celle des bombes qui, dans les années 80, les frôlent et installent le conflit libanais dans leur quotidien parisien.
Dans son troisième roman,
Sabyl Ghoussoub pose les jalons de l'histoire du Liban, de 1975 à 2021. Il observe ce territoire laminé, recense les engagements individuels, les querelles de pouvoirs, l'escalade de la violence. Dans le même temps, il refuse l'explication et l'analyse pour ne retenir, dans cet enchaînement et enchevêtrement de faits, que l'absurde et l'indéchiffrable. le lecteur est saisi et touché par ce roman qui place l'individu et la famille au-delà des événements. Dans cet exil forcé, le territoire familial est l'ancrage, la boussole, la terre d'adoption. L'art, au coeur de la vie, pacifie et ouvre une voie plus lumineuse dans laquelle la figure du père, journaliste et poète au destin bouleversé, se détache avec une intense tendresse.