En Amérique, c’est au détriment du domaine colonial ouvert par la France, que cet impérialisme allait se développer. La France a-t-elle su comprendre que les pertes qu’elle allait subir en ce continent auraient leur contre-coup sur sa situation européenne ? A-t-elle eu l’intuition que son prestige là-bas en serait diminué d’autant ? A-t-elle officiellement donné tout l’effort désirable pour empêcher, ou retarder du moins, l’exécution d’un dessein dont il était facile de deviner toute l’ampleur ? Nous n’avons pas à examiner ici ces questions. Ce qui est certain, c’est qu’en 1713, l’Acadie avec tout son territoire selon ses anciennes limites, fut cédée à la couronne de Grande-Bretagne.
En 1713, cette partie du continent américain appelée alors Acadie,— laquelle comprenait strictement la péninsule dite aujourd’hui la Nouvelle-Ecosse,— fut définitivement cédée à l’Angleterre par le traité d’Utrecht. Il y
avait longtemps que l’Angleterre disputait à sa grande rivale, la France, ce coin de pays. Et le fait est que, depuis sa fondation en 1610, l’Acadie avait été continuellement le théâtre de luttes entre ces deux nations, et dont l’objet était la possession de son territoire. Tantôt directement, tantôt par l’intermédiaire de ses colonies voisines, l’Angleterre, toujours tenace dans ses ambitions, avait organisé diverses expéditions dans le but de la conquérir.
Nous ne pouvons suivre les pauvres Acadiens dans leur exode douloureux, vers la terre étrangère, leur débarquement sur des plages où on ne les attendait pas et où ils furent reçus comme des chiens. Il y aurait un ouvrage considérable à écrire sur les Acadiens en exil. Et peut-être un jour nous y mettrons-nous, s’il plaît à Dieu. Qu’il suffise de dire aujourd’hui que leur déportation, loin de marquer la fin de leurs misères, n’a été que le prologue d’années d’angoisses, d’agonie, de tortures physiques et morales, et pour des milliers d’entre eux, de mort.