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Stefan Zweig naquit en 1881. Il a 19 ans en 1900, 33 ans en 1914, 58 ans en 1939. Il écrit ses Mémoires en 1941 lors de son exil en Argentine. Il a alors soixante ans. Trois années plus tard, il se suicide avec son épouse. Pathétique préface du Monde d'hier : « Tous les chevaux de l'Apocalypse se sont rués à travers mon existence… »
Tout avait bien commencé. A propos des dix premières années du 20e siècle, il écrit : « le monde n'était pas seulement plus beau, il était aussi devenu plus libre. » Mais la guerre 14-18 éclate. Cette folie destructrice suivie de trois années d'inflation en Autriche, puis en Allemagne : « le mark tomba d'un coup et il n'y eut plus de trêve jusqu'à ce que fut atteint le chiffre fantastique et fou des milliards. C'est alors que commença le vrai sabbat de l'inflation, au regard de laquelle la nôtre, en Autriche, avec sa proportion déjà absurde de 1 : 19000 n'était qu'un misérable jeu d'enfant…/… On payait des millions dans les tramways…/… Pour cent dollars on pouvait acheter par files des maisons de six étages… »
L'inflation allemande durera jusqu'en 1924. Selon Zweig, le mal était fait : « Il faut le rappeler sans cesse, rien n'a aigri, rien n'a rempli de haine le peuple allemand, rien ne l'a rendu mûr pour le régime d'Hitler comme l'inflation. » En quelques pages pathétiques, Zweig raconte l'implacable montée du nazisme.
De 1924 à 1933, Zweig va connaître par son oeuvre un succès international. Mais Hitler fera interdire ses livres. « Tout ce que j'ai construit en quarante ans sur le plan international, ce poing unique l'a démoli. » En 1937, Zweig effectue un dernier séjour en Autriche pour aller voir sa mère : « Durant les deux dernières journées que j'ai passées à Vienne, j'ai considéré avec un « jamais plus » désespéré et muet chacune des rues qui m'étaient si familières, chaque église, chaque jardin, chacun des vieux quartiers de ma ville natale. J'ai embrassé ma mère avec cette secrète pensée : « C'est la dernière fois. » »
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Loin du roman, un livre-témoignage qui nous permet de découvrir un véritable tableau d'un demi-siècle de l'histoire européenne sous le regard d'un de ses plus grands écrivains.

Dans ce livre largement emprunt d'autobiographie, il nous raconte l'histoire de l'Europe de 1895 à 1941 où l'écrivain a grandi, écrit, voyagé.

Stefan Zweig nous fait rencontrer les figures des plus grands intellectuels de son siècle tels que Sigmund Freud, Romain Rolland, Auguste Rodin, Paul Valéry. Nous évoluons avec l'écrivain dans une sphère privilégiée, la bourgeoisie viennoise d'avant 1914. Ainsi, il nous dresse avec une grande finesse les portraits de l'élite intellectuelle d'une époque, l'insouciance et les espoirs générés par les progrès techniques.

Dans son récit, il nous raconte aussi ses voyages, son succès mais surtout la montée grandissante et inquiétante du nationalisme et de l'antisémitisme. Stefan Zweig reste discret et extrêmement pudique sur sa vie privée et nous livre, avant tout, sa vision d'une Europe.

Il choisira l'exil et ne connaîtra jamais frontalement les horreurs de la montée de l'antisémitisme même s'il parvient à en ressentir les effets avec une particulière acuité.

Il nous plonge dans le grand désarroi de sa fuite. L'errance d'un homme attaché à son pays, à ses espoirs d'une Europe unie, à ses idéaux pacifiques, qui devient un apatride désillusionné par l'écrasement d'une civilisation sous l'irrésistible poussée du nazisme.

Amoureuse de l'oeuvre de Stefan Zweig, je n'ai pas hésité à découvrir « le monde d'hier », ce livre emprunt de nostalgie sur les souvenirs d'une Europe qu'il a parcourue, chérie et dont il a vu la destruction progressive.

Rédigé en 1941, lors de son exil au Brésil, ce livre est aussi le dernier grand témoignage de Stefan Zweig qui avait décidé de mettre fin à ses jours ne pouvant faire face au suicide de l'Europe.

J'ai aimé parcourir avec lui cette période de l'histoire, ce livre d'une très grande richesse historique nous plonge avec délice dans le milieu intellectuel de l'avant-guerre. Zweig nous donne cette sensation inestimable d'être aux cotés des grands intellectuels de son temps.

Ce livre est à lire pour les passionnés de Stefan Zweig qui ont envie d'en savoir plus sur sa vie, ses rencontres, ses idéaux. Il plaira aussi aux amateurs de l'histoire européenne.

Cependant, si vous ne connaissez pas encore l'oeuvre de Stefan Zweig ne débutez pas votre rencontre avec cet imminent auteur par le monde d'hier, véritable panorama de l'histoire européenne.

Je ne peux que vous inciter à commencer par ses nouvelles, plus accessibles et incontournables, telles que « le Joueur d'échecs », « Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme » ou « La Confusion des sentiments » avant de vous atteler à ce volume d'une grande richesse sur l'histoire européenne.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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Biographie de Stefan Zweig. Magnifique livre, très bien écrit/traduit.
Il démarre en Autriche au début du siècle et nous fait voyager en Europe, en URSS, dans les valises de cet intellectuel juif athée qui décrit incroyablement bien la société européenne qu'il côtoie, la montée du nazisme.
Passionnant, à lire et relire.
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Le monde d'hier, souvenirs d'un Européen : l'autobiographie de Stefan Zweig (1881-1942) est l'un des livres les plus remarquables que j'aie lus, par son sujet et la qualité de son écriture, et se lit comme un roman. J'ai rêvé que mes grands-parents, qui subirent les deux guerres mondiales, aient écrit de tels mémoires, et j'ai retrouvé dans ce livre des sentiments qu'ils auraient pu éprouver, ayant connu ce "monde d'hier", puis les tragiques tourments du suicide européen du 20e siècle (p. 8, 354, 463). À vrai dire, j'ai du mal à comprendre qu'on ne nous l'ait pas fait lire au lycée, lorsque nous étudiions cette période. On y partage le désarroi d'un homme qui vient d'un monde qui a doublement disparu, englouti par l'histoire, pour le malheur de l'Europe entière, et à qui ne reste plus qu'un "seul bien assuré, le sentiment de liberté intérieure" (p. 24, 453) : de l'empire austro-hongrois des Habsbourg-Lorraine, le "monde de la sécurité", ne subsistait plus qu'une république d'Autriche amputée, elle-même annexée et avilie en 1938 par l'Allemagne nationale-socialiste. La préface annonce déjà cette accélération du rythme de l'histoire, le monde libre et sûr d'hier, entraîné par des progrès merveilleux de la technique et l'émancipation de la femme (3e chapitre), mais cédant sous les coups des "chevaux livides de l'Apocalypse" (p. 11) et la diffusion des idéologies de masse : fascisme, national-socialisme, bolchevisme, nationalisme. Je retiens notamment l'atmosphère de cette Vienne d'avant 1914, dont la maxime était "leben und leben lassen" (p. 41), celle d'un Paris encore insouciant (4e chapitre), puis le vain espoir que la solidarité spirituelle des intellectuels pourrait infléchir les "puissances qui poussaient à la haine" (p. 243), le basculement dans la guerre en 1914, l'échec de la tentative de paix séparée (p. 307), la description du bureau de Romain Rolland (p. 312), la chute de l'empire austro-hongrois (p. 334), le récit saisissant des ravages de l'inflation (p. 341, 366, 444), le bouleversement de l'art (p. 353), la rare description de la méthode d'écriture de l'écrivain par l'auteur lui-même (p. 374), l'interrogation sur le financement du parti nazi (p. 421), la perte irrémédiable de la liberté de circulation (p. 476), de nombreux portraits et rencontres, dont celle de Dali avec Freud (p. 492), et l'aliénation insensée d'être un écrivain de langue allemande, déchu de sa nationalité autrichienne par l'Allemagne, qui le hait et le proscrit en tant que juif, et pourtant assimilé à l'Allemagne ennemie, à laquelle comme Autrichien il n'a jamais appartenu, par les bureaucrates de son pays d'exil (p. 505), la laideur de la guerre, et le point final d'une vie trop remplie, assombrie par l'échec de la "fédération pacifique de l'Europe" (p. 505) à laquelle il avait tant rêvé et travaillé, et dont les germes ne grandiraient qu'après sa mort.
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Stefan Zweig reussit a nous faire comprendre la mentalite des gens face a la guerre, et la facilite qu'a eu le parti nazi a conquerir le peuple.
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Témoignage d'un européen et pacifiste convaincu sur les évènements qui bouleversèrent le rêve d'une grande Europe (2 guerres mondiales, la montée du nazisme). On suit sa vie à travers cette Europe : Vienne, Berlin, Paris, Londres et ses rencontres avec les intellectuels de l'époque : Romain Rolland, Freud, Jules Romains, Tolstoï, Rodin, Strauss et tant d'autres.
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Captivant cette plongée dans un monde révolu

Encore plus intéressantes ces réflexions sur un monde sur le point de basculer, que Zweig a connu deux fois avec les deux guerres mondiales.

Est on a l aide d un nouveau point de bascule ?

Zweig montre la difficulté à cerner précisément ce qui se passe et l imminence d une crise : les faits révélateurs, les signaux faibles, l aveuglement des contemporains n apparaissent qu après...
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Stefan Zweig expédie à son éditeur le manuscrit de ses Mémoires la veille de son suicide. On y décèle donc, en sous-texte, toutes les raisons de son geste. Il écrit dans sa lettre de suicide "Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux". Il sait que l'aurore finit toujours par poindre, mais le problème n'est pas là pour lui, il sait et décrit tout ce qu'il a perdu : une certaine idée de l'Europe, une culture, le monde de la bourgeoisie du début du XXe.
Son point de vue est intéressant dans les détails qu'il nous soumet, si bien que l'édition manque quelquefois de notes pour contextualiser, éclairer, établir des faits historiques.
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Vision percutante d'un témoin direct de la montée du nazisme : anticipation de la catastrophe à venir, exil en Angleterre.
Mention spéciale pour la 2e partie : les tentatives franco-anglaises pour maintenir la paix et le fol espoir suscité dans les démocraties.
La perte d'un monde civilisé, un deuil impossible...
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Témoignage édifiant. Permet de voir la montée du nazisme avec des yeux de citoyen lambda. Il nous dit aussi que avant 1914 les passeports et l'impôt n'existait pour ainsi dire pas
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