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Après avoir lu et apprécié "24 heures de la vie d'une femme ", les 6 heures qui changent la vie d'un homme dans "La nuit fantastique" seront-elles aussi prenantes?

L'aristocrate viennois est un type de personnage récurrent dans les nouvelles de Zweig. Il est toujours distingué et froid, toujours abusé par son confort et son bien-être au détriment de la vraie vie dont il suppose qu'elle est pleine de passions.

Cette fois-ci, ce personnage va frayer avec les petites gens et même connaître de mauvaises fréquentations, susceptibles de traîner sa réputation dans la fange.

Au départ, il est décrit comme un être insensible. Comme la lettre de rupture qu'il reçoit ne l'affecte pas du tout, il s'en inquiète quand même et décide de sortir au Prater pour y suivre exceptionnellement les courses hippiques.

de là débutent les 6 heures qui vont changer sa vie. Comme une bonne série d'uppercuts qui vont fissurer le personnage cynique du début: une femme attirante, un vol, une fête foraine parmi le petit peuple et la fréquentation d'une personne peu recommandable.

Même si j'ai été emporté, une fois de plus, par Zweig et sa passion de raconter et de triturer son personnage, la fin de cette nouvelle m'a laissé perplexe. Pour prendre une comparaison cinématographique: avant la fin, cela me faisait penser à l'intensité del'excellent "After hours" de Martin Scorcese (avec la nuit infernale d'un informaticien) mais cela finit hélas dans le ridicule ou la facilité avec une fin heureuse peu crédible , "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" pour reprendre le titre du film parodique de Jean Yann.

A lire quand même!
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De la dizaine de nouvelles que j'ai lue de Stephan Zweig, celle-ci est sans doute celle qui m'a le moins emportée.

L'histoire nous raconte la vie d'un baron riche à la vie morne et sans intérêt qui par le hasard de la vie, par l'expérience d'une "nuit fantastique", va découvrir les autres, va chercher à les comprendre, à ce que comprendre lui-même et à se tourner vers tous ceux qui l'entourent.
Voici une nouvelle qu'on pourrait qualifier de parabole tant cet homme se conduit comme un véritable goujat en début de nouvelle et finit par se métamorphoser en ange venu du ciel.
C'est merveilleusement écrit...évidemment, c'est du Zweig...mais la fin est un peu trop convenue, à mon goût !
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Véritable quête de soi et aussi de la part de l'humanité que l'on porte en soi! Un récit qui ne lit aussi facilement comme la plupart des nouvelles bien connue de Zweig, du moins on reste toujours dans les analyses des émotions. Notre narrateur ressemble à Meurseult de L'étranger d'Albert Camus, l'homme sans émotion, se trouvant étranger à lui-même. mais, ici, avec notre narrateur, sans paraitre s'en préoccuper, il veut guérir de son insensibilité, et c'est par une nuit notamment fantastique qu'il va suivre la voie de son salut...
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La nuit fantastique
Stefan Zweig

Dans « La nuit fantastique », Zweig nous conte la dérive nocturne d'un jeune homme de la bonne société, distingué et froid aristocrate, qui découvre une part inconnue de lui-même au contact de voyous et de prostituées dans les bas-fonds de Vienne. À la nuit tombée, il ressent une sorte d'ivresse de la chute et de l'aventure dégradante pour aboutir à une sorte de compassion à l'égard des malfrats et des péripatéticiennes.
« C'étaient quelques-unes de ces prostituées les plus pauvres et les plus malheureuses qui n'ont pas de lit à elles, qui, le jour, dorment sur un matelas et la nuit rôdent sans repos, donnant à quiconque ici, n'importe où, dans l'obscurité, leur corps maigre, souillé et usé pour une piécette d'argent, guettées par la police, harcelées par la faim ou quelque drôle, à la fois chassées et chassant elles-mêmes. »
Sera-ce l'avènement d'un nouvel homme ?
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Challenge ABC 2016-2017
26/26

Quelle est cette dette dont parle le titre ? Pour comprendre, il faut remonter à l'adolescence de la narratrice et de son interlocutrice. Elles étaient tombées sous le charme d'un acteur et n'ont pensé à lui pendant 2 ans jusqu'à ce qu'il fut obligé de quitter la ville, causant un grand trouble dans la vie de la narratrice. Au point qu'elle se précipita chez lui, alors même qu'ils ne sont jamais parlé...
Je ne sais pas si cette nouvelle de Zweig est traduite en français (oui des fois je me lance des défis : je lis en allemand). Elle met en scène des passions adolescentes, un homme qui ne profite pas de la situation lorsqu'une jeune fille se jette dans ses bras. Laquelle jeune fille devenue dame honorable, le sauve dans sa vieillesse. Et c'était à la fois un grand secret qu'elle avait vis-à-vis de sa correspondante, alors même qu'elles s'étaient jurées de tout se dire et sa grande dette envers cet homme.
Il y a quelque chose que je trouve assez drôle et assez rare aussi, chez les écrivains de cette époque : c'est de mettre en scène des femmes et d'y arriver assez bien, en fait. Je crois qu'il a su saisir ce qu'est l'adolescence, les passions violentes que peuvent ressentir des jeunes filles très protégées et maintenues assez loin de la vie. de ce point de vue, la nouvelle n'est pas mal.
Mais très honnêtement, je préfère Zweig en traduction. Je le trouve très verbeux en VO, il utilise des tournures de phrases assez peu communes, du vocabulaire assez rare (bon ça c'est bien). Est-ce parce que c'est l'époque et son éducation qui voulaient ça ? J'imagine que nos classiques font le même effets aux locuteurs étrangers.
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Un baron tente en écrivant, de fixer pour mieux le comprendre et en jouir, un évènement dont le souvenir l'obsède. Cette nuit fantastique, synonyme de renversement des valeurs sera le choc nécessaire à l'avènement d'un nouvel homme.

Le personnage-narrateur est un riche héritier qui mène une vie de dilettante répondant à sa prédilection pour une existence contemplative et exempte de remoud. Cet aristocrate souffre d'une forme d'impuissance morale, d'une incapacité à prendre possession de son destin; suite logique de l'écartement de toutes résistances dans son existence, par la satisfaction aisée et calme de ses désirs; d'où une froideur et une insensibilité qui en découle, proches d'une forme de mort affective. Au cours d'une promenade en fiacre, il arrive à un hippodrome et assiste à l'agitation fiévreuse et avide d'une foule en délire; son regard sur ces possédés du turf est ironique, légèrement méprisant, mais au fond assez envieux de cette passion qu'elle sait éprouver. Cet épisode est aussi l'occasion d'une passe d'armes avec une femme au contours voluptueux, dont toute l'attitude semble représenter pour lui un défi libertin; duel qu'il remporte dans une satisfaction non sexuelle, mais non moins intense, par la mortification de son mari joueur grâce au billet - élément dramatique du récit -, par lui perdu à la faveur de la cohue. Il éprouve un plaisir sadique à le laisser chercher en vain le ticket qu'il dissimule sous sa chaussure, plaisir pervers qui s'accroît d'autant avec la frustration imaginée du mari, car le billet s'avère être gagnant. Répugnant à conserver le produit d'un larcin, il rejoue à dessein de perdre, mais le démon du jeu progresse, et lui qui d'habitude est si pondéré en vient à oublier convenances, politesse, dignité et mesure. L'analyse de cette passion fait ressurgir des tréfonds ignorés de son être une sensibilité et des pulsions dont l'authenticité avait été mis sous l'éteignoir d'une vie dite civilisée. Joie maligne, honte délicieuse, fierté de la faute, toute cette “confusion des sentiments”, cette fermentation lourde de penchants contraires sont une découverte délicieuse, un éveil à un sentiment primitif de vie frémissante. Poursuivant sa déambulation toute palpitante d'émotions nouvelles, son être perçois à la faveur d'une kermesse populaire, une forme de porosité entre son moi et cette populace grouillante d'humanité, répondant à une aspiration de communion dans une unanimité oublieuse d'une individualité oppressante. Cependant tout le désigne comme un étranger et il fait l'amère expérience de l'incommunicabilité entre les êtres. A la nuit tombée la découverte des bas-fonds des prostituées et des rôdeurs s'assimile à une sorte d'ivresse de la chute, une volupté intellectuelle de jouir de l'aventure dégradante, un jeu de mise en péril de son existence, qui en retour donnent plus de sel et de valeur à cette vie. Au gré de cette virée nocturne s'éveillera en lui des sentiments plus humains et généreux : compassion fraternelle pour les malfrats par nécessité - lui qui fut voleur par caprice -, joie du don librement consenti, de se donner et de se prodiguer; sentiments qui culmineront par une frénésie de redistribution aux nécessiteux du produit de son larcin.

Cette nouvelle est d'une densité psychologique remarquable et les sujets traités rappellent à l'évidence Dostoïevski.
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Stefan Zweig, qui entretint une longue correspondance avec Freud, est sans conteste le maître viennois de la nouvelle. « La Nuit Fantastique » est un très bel exemple de son art. Un dimanche de juin 1913, un aristocrate de 36 ans, officier de réserve, héritier, collectionneur de verreries et de maîtresses, promène son ennui du Graben au Prater. Il est conscient de sa propre indifférence. Une de ses conquêtes féminines vient de lui écrire pour lui annoncer son mariage avec un autre homme et il ne ressent pas la moindre pointe de jalousie ou même de dépit. Un fiacre le dépose au champ de course et il s'étonne avec hauteur de la passion qui emporte les spectateurs. Une femme appétissante et voluptueuse attire son regard. Ils jouent à se tenter en quelques coups d'oeil. le mari, un peu replet, fait son apparition. Ils se bousculent, et, sans trop savoir pourquoi, l'élégant en profite pour subtiliser au mari le ticket marquant ses paris. Ils se séparent, mais voilà que le cheval gagnant est celui indiqué sur le ticket volé. le baron rejoue ses gains et gagne encore. le portefeuille plein de ses couronnes mal acquises, sans le moindre remord, au contraire piqué par l'aventure, il part se mêler à la foule dans la fête foraine du Prater. Mais ses allures d'homme du monde tranchent avec les couches populaires venues manger des saucisses, boire de la bière et danser la polka. Il se retrouve seul, adossé au pilier d'un manège, jusqu'à ce que la nuit s'avance, que la masse se retire et qu'il cède à l'appel discret d'une prostituée maigrichonne qui en fait l'attire dans un guet-apens.
Cette « fantastique » nuit viennoise pourrait être le récit scabreux d'un aristocrate qui s'encanaille. Par la magie de Zweig, c'est au contraire, au-delà des péripéties de cette nuit, l'histoire d'un homme qui en six heures quitte sa carapace d'indifférence, renverse sa perspective et s'ouvre enfin au monde qui l'entoure.

Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Zweig, dans cette longue nouvelle, use (abuse ?) une fois encore du procédé des écrits posthumes tombés par hasard entre ses mains. Cette fois, le gommeux qui est sensé prendre la plume nous décrit par le menu une nuit qui a transformé son existence. Dragueur invétéré, il profite d'une balade au Prater pour lever sa future proie : il jette son dévolu sur une replète et effrontée aguicheuse et à la suite d'un curieux hasard dérobe, au barbon de la coquette, le ticket gagnant d'un pari sur une course équestre. Échauffé par ce larcin, il s'enfonce alors dans les recoins du parc viennois et glisse progressivement vers des plaisirs plébéiens... Il découvre en lui des flots d'amour dont il ignorait tout, blasé et indifférent aux autres qu'il était.

Je n'ai pas aimé ce pensum : l'écriture de Zweig se complait dans une vulgarité qui dessert son propos ("J'éprouvais une sorte de vertige intérieur, je me répandais avec la même jouissance que dans le ventre d'une femme (...)") et son "idiot" onaniste n'approche à aucun moment la grâce du Prince Mychkine. La machinerie finit par tourner en rond, aussi vide de sens que la course d'un hamster dans sa roue. le narrateur, triste sire, exsude la mauvaise foi et l'autolâtrie et son altruisme présumé a tout d'une imposture.

Les affres existentielles du baron Friedrich Michael von R..., sombre corniaud, m'ont plongé dans une indifférence marmoréenne. Désappointé!
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