Dans ma pile de livres, il y avait les célèbres
Mémoires d'Hadrien de
Marguerite Yourcenar. Ce livre est une pure merveille!
Un homme, et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit d'Hadrien, empereur de Rome du 1er siècle ap. JC, successeur de Trajan, bref, un homme fait le bilan de sa vie dans une lettre qui devient ses mémoires. Cette lettre est adressée à un des ses successeurs qui n'est autre que
Marc-Aurèle, l'empereur philosophe.
Le roman aborde avec pudeur et vérité les moments clés de la vie d'Hadrien: son hellénisme, son amour des arts et des lettres, les guerres orientales, ses amours avec Antinoüs, mort en pleine jeunesse, la vie impériale, les affaires internationales, ses envies de paix, la villa Hadriana dans laquelle il finira sa vie entouré par les statues d'Antinoüs. Il trace le portrait d'un homme extraordinaire, exigeant et sage, d'un insatiable curieux, d'un voyageur. Cet homme lutte toute sa vie pour la construire avec maîtrise. Même dans la mort, il concentre toute sa force pour en faire une fin digne et majestueuse.
Marguerite Yourcenar rend parfaitement compte de l'empereur mais aussi d'une époque. le règne d'Hadrien appartient à une période faste de l'empire. Cet homme a réussi à consolider le trône, à réorganiser l'empire et à le stabiliser. Pourtant Hadrien semble obséder par la peur de la guerre et de l'anéantissement de la paix. Il pense que son travail pour la paix est en fait une pause dans la violence du monde. Il s'agit donc d'un monde à la veille de basculer dans les invasions et dans le christianisme, une sorte d'apogée avant le chaos, un instant de plénitude sacrée.
L'écriture est fluide, envoûtante et si le texte est dense, la pensée de l'homme qui tire un bilan de sa vie se fait limpide. Il s'adresse au coeur et à l'esprit à la fois, il donne une soif de paix, de simplicité et d'intelligence. On ne peut rester impassible devant cette voix qui coule dans notre âme. On aime cet empereur qui nous semble si proche .
A la lecture, mes souvenirs de la villa Hadriana me sont revenus en mémoire. Je me suis sentie partir dans ce monde ancien dans lequel je me sens si bien, mais le livre ne se déroule pas tant à Rome qu'aux frontières de l'empire et en particulier sur les frontières nord et est. On ressent le froid du nord, la dureté de la vie en camp militaire, on voit les désert et la chaleur de Jérusalem, la blancheur de la Grèce, les forêts giboyeuses où l'on chasse... Les mots disparaissent dans l'abondance des images et des sensations.
Une lecture intense!
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