Je suis un auteur britannique, pour un polar dont l'action se situe à Berlin, en pleine guerre froide… Je suis... ? Qui a crié
Philip Kerr ?
La bonne réponse est en fait
David Young, qui tente indéniablement de voler sur les traces du maître du polar historique.
La recette, en tout cas, est parfaitement récitée. Une adolescente retrouvée morte au pied du sinistre mur (appelé poétiquement « rempart antifasciste »), quelques balles dans le dos, mais dont les traces de pas dans la neige fraîche sont curieusement orientées vers l'Est... Une enquête très sensible, qui met en avant des pontes de la Stasi, le ministère de la Sécurité d'État... Une enquêtrice de la Kripo, la police criminelle populaire,
Karin Muller, fidèle petit soldat du régime (plus fidèle au régime qu'à son mari, d'ailleurs)... Son mari, Gottfried, accusé quant à lui de ATTENTION SPOILER !
déviance patriotique, complot contre la sûreté de l'état, harcèlement sur mineure, meurtre... Rien que ça ! Des flash-back réguliers huit mois plus tôt, sur deux adolescentes internées dans un centre de redressement aux méthodes particulières (euphémisme !)... Une ambiance bien glauque de suspicion et de paranoïa, caractéristique de ce régime fou, très bien retranscrite par l'auteur qui a, de plus, produit un travail remarquable de documentation sur le pays et la période… Tous les ingrédients d'un grand polar ethno-historique à la
Philip Kerr sont donc réunis.
Alors pourquoi cette note de 2,5, bloquée entre passablement médiocre et moyen moins ?
Tout d'abord parce que
David Young n'est pas
Philip Kerr, loin de là.
Le style, tout d'abord, est d'une platitude lassante, voire consternante.
Les personnages, ensuite, sont caricaturaux et sans relief (mention spéciale à
Karin Muller, l'« héroïne », aussi terne que bien peu attachante, même si l'idée de prendre pour héroïne une communiste convaincue, qui se bat contre le système même qu'elle défend, est plutôt intéressante en soi).
L'intrigue, enfin, est inutilement tordue, parfois incohérente et à deux doigts de sombrer dans le ridicule (ça fleure bon le pitch de nanar de série Z, sur la fin…).
En bref, lecture tout à fait dispensable, à moins, ce qui était mon cas, de vouloir se plonger dans cette joyeuse ambiance avant un voyage à Berlin.