L'amour et la religion ! [...] Comme cela était détestable, détestable ! [...] C'était les choses les plus cruelles du monde, pensa-t-elle, les imaginant maladroites, violentes, dominatrices, hypocrites, indiscrètes, jalouses, infiniment cruelles et sans scrupules [...] : l'amour et la religion. Avait-elle jamais essayé de convertir quelqu'un , elle ? Ne souhaitait-elle pas simplement à chacun d'être lui-même ?
MRS DALLOWAY.
Jamais par exemple il ne serait venu déjeuner chez Lady Bruton, qu'il connaissait depuis vingt ans, sans lui tendre un bouquet d'œillets ni sans demander à Miss Brush, la secrétaire de Lady Bruton, des nouvelles de son frère en Afrique du Sud, ce qui, pour une raison ou une autre, la contrariait tellement, privée qu'elle était pourtant de tout attribut du charme féminin, qu'elle répondait : " Ses affaires vont très bien en Afrique du Sud, merci ", alors que depuis une demi-douzaine d'années, ses affaires allaient très mal à Porthmouth.
MRS DALLOWAY.
De nombreux amis m'ont aidée à écrire ce livre. Certains sont morts et si illustres que j'ose à peine les nommer. Pourtant, personne ne peut lire ou écrire sans en être à jamais redevable à Defoe, Sir Thomas Browne, Sterne, Sir Walter Scott, Lord Macaulay, Emily Brontë, De Quincey et Walter Pater, pour ne citer que les premiers venant à l'esprit.
(Préface d'Orlando)
Il y a de la dignité chez les gens; de la solitude; même entre mari et femme, un fossé; et cela, on doit le respecter, se dit Clarissa, en le regardant ouvrir la porte; car on ne saurait s’en priver soi-même ni en priver son mari contre sa volonté sans y perdre son indépendance, son respect de soi - quelque chose qui après tout est sans prix (Mrs Dalloway).