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4,14

sur 396 notes
J'ai juste été foudroyée par ce livre d'Edith Wharton, auteur dont j'avais apprécié moyennement les ouvrages jusqu'à ce jour. Ce récit fut pour moi un coup de coeur phénoménal et inoubliable !
Nous suivons Lily Bart, jeune fille évoluant dans la haute société new-yorkaise où tout n'est que bals, dîners et soirées mondaines, voyages sur la Riviera et projets de mariage pour les jeunes filles. Lily y est dans son élément et il lui suffirait d'un mariage riche pour assurer son avenir d'orpheline ruinée. Mais, ces projets se heurtent à l'attirance qu'elle éprouve pour M. Selden et les doutes qu'elles éprouvent de temps en temps face à ce milieu où elle a toujours vécu. Même si elle est hautaine, orgueilleuse, imbue d'elle-même et pétrie d'autres défauts, je me suis énormément attachée à Lily, peut-être parce qu'au fond d'elle, j'ai senti qu'elle aurait pu être quelqu'un de différent. Malheureusement, elle est le pur produit de la société qui l'a façonnée.
Je ne souhaite rien dévoiler pour vous laisser tout le loisir de découvrir ce livre splendide. Il s'agit de l'histoire d'une déchéance, de la descente aux enfers causée par quelques décisions – peut-être erronées de l'héroïne (mais ici c'est à chacun de juger) - et surtout par la cruauté de la société.
En effet, derrière le vernis éclatant et les apparences se cachent un monde impitoyable, cruel, égoïste et mesquin. Tout n'est basé que sur les convenances, l'hypocrisie, le souci de préserver les apparences et la poursuite d'une situation encore plus enviable. L'argent est le moteur mais surtout le poison de cette cage dorée. Ce qui est fascinant est que l'univers que décrit Edith Wharton n'a pas vraiment changé, que le nature humaine reste la même et que l'argent continue à être le fléau de notre société moderne.
Le style d'écriture est très riche, avec de longues et belles phrases. Il faut les lire tout doucement, les savourer, les croquer une à une car certaines sont de vraies perles. En plus, on sent une ironie féroce derrière, une critique acerbe de cette société new-yorkaise matérialiste et hypocrite.
En sortant de cette lecture j'ai eu les larmes aux yeux, et je me suis remémorée la source du titre (en anglais : The house of mirth), issue de ce verset biblique (Ecclésiaste 7.4) : « le coeur du sage est dans la maison du deuil, mais le coeur des insensés est dans la maison de liesse ». Et vous, dans quel maison êtes-vous ? A lire de tout urgence !
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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J'ai d'abord posé un pied frileux dans ce roman et pendant de longues pages, il m'a semblé qu'il valait surtout pour la beauté et la finesse de son écriture et pour la rare acuité de son analyse psychologique. Puis, en même temps que mon indifférence pour Miss Lily Bart se muait en sympathie, j'ai commencé à m'intéresser sérieusement à l'histoire en réalisant que les événements s'enchaînaient avec la plus grande fatalité : le destin de Miss Lily Bart, jeune fille d'une grande beauté issue d'une famille ruinée, suit son cours inexorable, découlant en grande partie de la personnalité de l'héroïne, dont le naturel droit et fier s'oppose aux valeurs vénales inculquées par sa mère. D'un côté, elle laisse filer les occasions, plus ou moins consciemment, d'un riche mariage et de l'autre, elle passe à côté de l'amour, qu'elle ne saura d'ailleurs pas reconnaître, ou alors trop tard. Ses petites entorses, bien innocentes, aux usages de la haute société dans laquelle elle évolue lui vaudront d'être sacrifiée sur l'autel des faux-semblants et elle ne pourra se résoudre à utiliser le vil moyen qu'elle avait de se défendre.

Satire percutante du monde superficiel et malveillant de la haute société new-yorkaise, roman d'une grande finesse où ce qui est dit et ce qui est suggéré forment un entrelacs délicat, voilà une lecture qui, je le pressens, va m'imprégner durablement.

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Attention classique ! Voici quelques années j'avais lu "A Certain Age", un bouquin de Tama Janowitz, dépeignant les difficultés d'une demoiselle superficielle à souhait s'efforçant tant bien que mal à maintenir un train de vie dispendieux au sein de la "haute" société new yorkaise tout en manquant elle-même de fortune pour y arriver. le roman éclairait d'un jour peu flatteur la profonde corruption morale et le cynisme de ce milieu et son caractère impitoyable vis-à-vis de ceux qui ne se montrent pas en mesure de "suivre" le train de vie imposé, les poussant à toutes les extrémités pour y parvenir. A l'époque j'avais lu que ce livre constituait une sorte d'adaptation du classique "House of Mirth" '("Chez les heureux du monde") d'Edith Wharton. J'avais acheté le bouquin et l'avais ensuite oublié sur une étagère durant des années...
Je viens finalement de le lire et effectivement la trame de fond est essentiellement la même: la jeune Lily Bart, issue originellement de la haute mais orpheline de parents ruinés, doit à sa beauté et à son esprit de pouvoir se maintenir dans ce milieu où elle sait qu'elle ne pourra perdurer que grâce à un riche mariage. Mais Lily est une femme complexe : à la fois bien le produit de son milieu, en étant décorative et manipulatrice à souhait, et par ailleurs une originale en ce sens que certaines valeurs morales et le souci de préservation de son honneur l'animent également. Cette dualité l'amène invariablement à mener sa barque à la perfection pour ferrer le riche poisson pour enfin tout faire échouer juste au moment où elle ramène à elle le produit de sa pêche. Au moment où nous sommes embarqués dans l'histoire, Lily a 29 ans c'est-à-dire un âge où elle ne doit plus perdre de temps, sachant que le joli joujou qu'elle constitue pour le milieu dans lequel elle se meut risque de perdre de sa fraîcheur et de se faire rejeter au rebut par ceux qui l'adulent aujourd'hui encore.
Je ne vais pas poursuivre plus avant dans le dévoilement de l'intrigue. Sachez seulement qu'il vaut mieux éviter de lire ce livre si, en tant que femme, vous vous sentez de moins en moins bien dans notre actuelle société hyper capitaliste et que cette situation vous déprime (attendez d'être un peu plus "en train" avant de vous y mettre). En effet l'action se déroule ici au début du XXème siècle, également une époque d'hyper capitalisme et de mondialisation, qui, à bien d'égards, ressemble furieusement à la nôtre. Certes aujourd'hui les femmes, du moins dans nos contrées, ont le choix entre travailler et faire un "beau" mariage, ce qui était nettement moins le cas à l'époque de Lily Bart. Mais les signes se multiplient aujourd'hui de ce que, crise permanente et radicalismes religieux de tous poils aidant, il existe une sorte de tentation au retour à une société où les femmes ne sont essentiellement que les servantes éventuellement décoratives des hommes. Aussi même si l'on considère les femmes ayant "réussi" sans - en apparence - dépendre d'un homme on observe que la plupart de ces femmes ont renoncé à leur féminité voire à leur originalité et doivent leur succès à leur hyper conformisme (comparez, par exemple, les destins de Thatcher et Merkel, d'une part, à ceux de Benazir Bhutto et de Aung San Suu Kyi d'autre part). Etre un homme doté d'une image d'original en fait un "créatif" intéressant. Etre une femme du même genre en fait une névrosée insatisfaite... Bref le livre d'Edith Wharton me semble bien plus actuel aujourd'hui qu'il ne l'était il y a une quarantaine d'années où l'Etat/la collectivité veillait à aplanir les angles et à amortir les chutes de ceux qui n'appartiennent ou ne se sentent pas relever d'un milieu bien déterminé. Aujourd'hui les électrons libres sont à nouveau et de plus en plus livrés à eux-mêmes et la férocité de la société à leur égard est incommensurablement plus grave lorsqu'il s'agit de femmes, d'autant que celles-ci sont éduquées depuis des temps immémoriaux à voir en leur pareilles des rivales plutôt que des alliées. Je conseillerais aux mères de jeunes adolescentes de faire lire ce livre à leur progéniture et d'en discuter avec elles. C'est urgent.
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Première qualité du personnage de Lili Bart: elle n'est pas parfaite, contrairement à tant d'héroînes de romans. Un peu trop ambitieuse, un peu trop superficielle, maladroite, elle va trébucher face aux conventions sociales. Des faux-pas bien modestes et même insignifiants lui vaudront le rejet de cette caste sotte et oisive, celle des riches NewYorkais qui trompent leur ennui en observant les leurs, et si possible en trouvant leur faille. Et chacun, bien entendu en a une. L'écriture de ce roman est parfaite, bien des descriptions nous enchantent, qu'il s'agisse de caractères, de physiques, ou d'éléments de décor. Mais ce roman à pour faiblesse la minceur de l'intrigue: il manque un scénario! Dès lors, bercé par la belle langue et les descriptions parfaites de l'auteur, on trouve quand même le temps long..... La fin sauvera le livre, par des descriptions superbes (ce bébé que Lili tient dans ses bras.....) et une intensité dramatique qui faisait défaut au récit, depuis le début.
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C'est d'abord Eliza, du blog Passion Lectures & co, qui m'a donné envie de lire ce livre. Ses avis élogieux à propos des romans d'Edith Wharton puis une lecture commune organisée sur le forum Whoopsy Daisy m'ont convaincu de me lancer. J'ai très bien fait car j'ai passé un excellent moment de lecture qui m'a fait ressentir plein de sentiments différents. En effet, l'héroïne, Lily Bart, est un personnage qui évolue selon ses déconvenues ou ses succès. Notre regard sur elle change à fur et à mesure de ces évènements. J'ai tantôt eu de l'empathie pour elle et tantôt de l'agacement car je n'ai pas toujours été d'accord avec ses choix. Lily prend beaucoup de risques le plus souvent inconsidérés. Les personnages secondaires sont très présents, bien décrits et prennent une part importante dans l'histoire. J'ai su apprécié Selden qui apparait dès le début du roman.

Edith Wharton possède une plume d'une finesse incroyable. Son écriture est expressive et détaillée. le lecteur a l'impression de faire partie de chaque scène! On s'y croit totalement. La mise en place de son récit n'est pas en reste puisque dès la scène d'ouverture l'auteure nous plonge dans l'ambiance du New-York du début du XXe siècle. L'histoire débute dans une gare. C'est déjà tout un symbole qui augure des choix et des chemins futurs à prendre. L'auteure nous dépeint la haute classe new-yorkaise sans concession avec toute la malveillance et la manipulation de certains de ses membres. Les classes laborieuses nous sont aussi décrites. L'ensemble est donc passionnant. La fin nous ouvre les yeux sur beaucoup de points. Elle est menée d'une main de maitre et m'a ému et marqué.

Comme vous l'aurez compris, j'ai été conquise par ce premier roman que j'ai lu d'Edith Wharton. Cette dernière a su m'entrainer dans le New-York du début du XXe sicèle et me tenir en haleine quant à l'histoire de Lily. le destin de cette dernière me marquera c'est certain. Je pense voir l'adaptation cinématographique avec Gillian Anderson dans les jours à venir.
Lien : https://danslemanoirauxlivre..
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Je ne connaissais Edith Wharton que de nom. Mes études d'anglais ne l'ont jamais mise en travers de mon chemin, il a fallu un petit coup de pouce du destin. Ce que je vais dire de ce roman est liée à mon immersion totale dans l'oeuvre et la vie de l'auteure pendant les mois passés. Je n'aurais pas su l'apprécier à sa juste valeur si je n'avais pas disséqué ce texte, tant au niveau des thèmes que de l'écriture. Les métaphores sont très nombreuses, l'effet de miroir présent aussi soit entre les personnages, soit entre deux moments précis mais ce que j'ai aimé par dessus tout, c'est son utilisation de la focalisation interne qui fait qu'on ne sait pas toujours si les descriptions sont celles d'un personnage ou celles de l'auteur. L'incipit en est un excellent exemple.

En ce qui concerne les thèmes, Edith Wharton se centre sur la condition des femmes des couches aisées de la société états-uniennes au début du XXe siècle, c'est à dire à son époque, nous montrant à quel point les femmes étaient infantilisées et obligées de se "prostituer" pour trouver un mari riche puisqu'il n'était pas question pour elles de travailler. Son art est de parvenir à mélanger un roman très réaliste et très travaillé tant au niveau des figures de style que de la construction et des techniques de narration. J'ai adoré sa manière de peindre ses personnages, la cruauté des femmes envers les femmes, le "héros" romantique, Selden, qui se révèle lâche et n'est d'aucun secours et la descente tragique de Lily.
Lien : http://vallit.canalblog.com/..
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Eh bien, je dois être la seule à ne pas apprécier ce livre. Il n'en finit pas de finir ! Que de redondances ! que de tergiversions de la part de l'héroïne ! Lily Bart m'est totalement antipathique : totalement centrée sur sa petite personne, prétentieuse, dédaigneuse et snob. On a du mal à la plaindre ou à lui témoigner de l'empathie. Personnellement, j'ai constamment envie de la secouer.
Je dois cependant reconnaître à Edith Wharton le talent de la description de la société new-yorkaise de l'époque, sa superficialité, son mauvais goût. Mais je n'ai pas aimé le style, lourd, alambiqué.
Il ne me reste qu'une trentaine de pages à lire, j'ai hâte de passer à autre chose.
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Première rencontre avec l'oeuvre d'Edith Wharton et j'ai été vraiment séduite. D'abord par le style, recherché sans être ampoulé. Edith Warton a l'art des comparaisons originales mais qui tapent juste.

Ce qui m'a aussi frappée, c'est la façon dont elle nous familiarise peu à peu avec ses personnages, à commencer par le personnage principal. Au début, je ne trouvais pas cette Lily Bart très sympathique mais je m'y suis attachée au fil de l'histoire et j'étais toute triste de la quitter. Les autres personnages, également, prennent de l'épaisseur. Je ne pensais pas que Lawrence Selden, Gertie Farish ou Carrie Fisher prendraient autant d'importance dans le récit lorsque je les ai découverts pour la première fois. En cela, je trouve qu'Edith Wharton est incontestablement habile.

Elle excelle également à nous dépeindre comme un environnement incroyablement sordide cette bonne société new-yorkaise pourtant si brillante d'apparence. J'étais révoltée par l'amoralité des amis de Lily dans la "haute".



Je ne peux donc que recommander cette oeuvre aux amateurs de belle littérature un peu ancienne et particulièrement dans sa version audio gratuite disponible sur le site Littérature audio.com.
Un peu de pub au passage pour cette lecture très agréable :-)
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Lily Bart a grandi au sein d'une famille aisée de la haute-société new-yorkaise. A la ruine puis à la mort de ses parents, seule sa tante accepte de la recueillir. Comme le veut l'usage au sein de cette société, son unique moyen pour maintenir sa position est de trouver un bon parti et de faire un mariage qui lui assurera définitivement sa position sociale.
Mais Lily est tiraillée, tiraillée entre sa raison, l'absolue nécessité de faire un bon mariage et son coeur qui, inconsciemment la mène à refuser de bons partis à plusieurs reprises.
La situation de Lily devient critique au fur et à mesure que sa fortune décline surtout qu'elle est sous l'emprise du vice du jeu. Des dettes importantes l'amènent à solliciter son entourage. Sa conduite et ses décisions finissent par se retourner contre elle et Lily doit alors lutter contre ce milieu qui était pourtant celui auquel elle était prédestinée.

Je ne connaissais pas Edith Wharton et le peu de critiques que j'avais lues concernant ses romans ne m'avaient pas particulièrement encouragée à la découvrir. Quelle erreur ! C'est à l'occasion de mon club de lecture que j'ai pu la réparer.

J'ai été plus qu'agréablement surprise par ma lecture et je peux même dire que c'est un grand coup de coeur ! J'ai vraiment adoré ce roman de bout en bout même si je reconnais que les premières pages ne sont pas faciles. le style d'Edith Wharton est magnifique mais peut paraître un peu ampoulé ( ce que j'explique par le fait qu'elle admirait beaucoup Proust et c'est vrai qu'on y reconnaît quelques similitudes, l'extrême longueur des phrases en moins). le nombre de personnages peut aussi décourager. Il n'est pas facile au début de s'y retrouver, de savoir qui est qui. Mais au fil de la lecture, on prend ses repères et cela devient alors un véritable bonheur.
Qu'est-ce que le bonheur justement ? Lily ne semble pas le concevoir sans l'associer à la richesse, d'où son obstination à faire un bon mariage. Ses discussions avec Lawrence Selden ne parviennent pas à la faire changer de conduite.

« - Mon idée du succès, dit-il, c'est la liberté personnelle.
- La liberté ? … être libre de soucis ?
- Libre de tout… de l'argent et de la pauvreté, de l'aisance et de l'inquiétude, de tous les accidents matériels. Maintenir en soi une sorte de république de l'esprit, voilà ce que j'entends par le succès. »

De par son éducation, Lily est restreinte à un certain code de conduite. Durant toute son enfance, sa mère n'a cessé de lui répéter qu'elle obtiendrait tout uniquement grâce à sa beauté. Mais sans argent, Lily doit sauver les apparences et maintenir l'illusion sur son train de vie. L'illusion ne tient pas très longtemps et elle devient rapidement la persona non grata. Même Lawrence, victime des racontars et des apparences, lui tourne le dos. Seuls quelques amis soutiendront Lily mais pas toujours de façon heureuse pour elle.

« Ce n'est pas un bel endroit, non, et la seule manière d'y prendre pied et de s'y tenir, c'est de le combattre avec ses armes, à lui…et, avant tout, ma chère, pas seule ! »

Il faut être un loup pour survivre au milieu des loups. Et bien que Lily donne l'impression d'en être un, on se rend bientôt compte que son âme est plus pure qu'elle n'y paraît.

Ce roman m'a beaucoup rappelé, dans un premier temps, La Foire aux Vanités de Thackeray. J'ai assez tôt fait le rapprochement entre Lily et Becky par leur côté calculateur et manipulateur. Mais contrairement à Becky, Lily ne s'enfonce pas dans ce trait de personnalité. Elle m'a complètement bouleversée et touchée au point que j'en ai versé des larmes. La scène des tableaux vivants rappelle aussi fortement celle des charades de la foire aux vanités.

Critique de la haute-société new-yorkaise du début du XXème siècle, Chez les heureux du monde offre aussi un panorama de la société new-yorkaise dans son ensemble, des anciennes familles de l'aristocratie aux nouveaux riches à l'instar de Rosedale et des Gormer mais aussi du milieu des travailleurs.
A travers Lily, c'est toute la mesquinerie et les fausses convenances de l'aristocratie qu'Edith Wharton pointe du doigt. Une aristocratie qu'elle a elle-même fui en partant s'installer en France.

Je ne peux que conseiller ce sublime roman magistralement écrit et d'une beauté triste à pleurer.

« Les marques mêmes de son chagrin lui seyaient comme les gouttes de pluie vont à la rose battue. »
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Miss Lily Bart, jeune célibataire, vit chez sa tante qui a accepté de la recueillir à la suite de la mort de ses parents. Lily Bart est très belle, elle virevolte parmi la haute société new-yorkaise. Lily sait deux choses : qu'elle a le goût du luxe et d'un train de vie important et qu'elle doit songer fortement à se marier, et faire un mariage le plus riche possible. Lily repousse ainsi celui pour qui elle développe certains sentiments car ce dernier est trop pauvre et part donc à la recherche d'un homme qui sera capable de lui fournir la vie dont elle a besoin. Néanmoins, Lily se rend vite compte qu'elle n'arrive pas à faire un tel mariage sans se vendre, sans estimer le futur époux. Lily continue donc à papilloner de soirées en soirées, de séjours chez un tel ou un autre, à se vêtir à grand frais, à jouer pour accompagner ses hôtes, à mener grand train, beaucoup trop important par rapport aux revenus dont elle dispose. Et ce sera le début de sa déchéance....

Quel beau livre! Quelle écriture! Je suis vraiment conquise par cette première lecture d'Edith Wharton. C'est ciselé, acéré, sans concessions mais avec une élégance rare.
A travers l'histoire de Lily, Edith Wharton détaille et décrit les moeurs de cette société fortunée, qui méprise ceux qui doivent travailler, qui n'hésite pas à assassiner socialement un congénère pour conserver un aura, où le faste et la popularité est le plus important... Et la pauvre Lily se fait broyer par ce monde. Lily croit détenir les clés du fonctionnement de cette société et pouvoir la manipuler à souhait grâce à sa beauté. Mais personne n'a fait son éducation, et Lily a ainsi toujours un train de retard par rapport aux événements qui s'enchaînent et la mèneront à sa perte.

Edith Wharton insiste bien (ironiquement) sur l'unique fonction d'une jeune femme: se marier et porter de belles toilettes, sinon elle ne sert à rien d'autre :

Lily: "Elle avait conscience d'avoir été oublieuse, gauche et lente à apprendre. Il était dur de confesser son infériorité, même en son for intérieur [...] Puisqu'elle avait été élevée pour être purement décorative elle pouvait à peine se blâmer de n'avoir pu servir à aucune fin pratique"

A propos de la nécessité de se marier "Une jeune fille y est forcée, un homme peut, si cela lui convient. (Elle l'examinait d'un oeil critique.) Votre jaquette est un peu râpée... mais qui donc y prend garde? Cela n'empêche pas les gens de vous inviter à dîner. Si, moi, j'avais une robe fanée, personne ne me voudrait : une femme est invitée autant pour sa toilette que pour elle-même. La toilette est le fond du tableau, le cadre, si vous voulez [...]"

Je dois dire que j'ai été assez déçue par le personnage de Lawrence Selden, qui s'avère ne pas être très courageux. Il laisse quand même Lily tomber dans la déchéance.
Ce roman est un vrai coup de coeur et je suis vraiment contente d'avoir découvert Edith Wharton qui n'est pas assez connue en France à mon (humble) avis.
Lien : http://lisouworld.blogspot.f..
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