Je ne sais pas vraiment quoi penser de ce roman. Si le style est soigné, le contenu me laisse perplexe. Je ne sais pas si c'est le personnage central qui m'indispose ou la fin que je trouve un peu trop mystérieuse, mais j'ai le sentiment d'être restée sur ma faim. Pourtant, la réflexion ici développée par Vasquez est brulante d'actualité : la caricature comme message politique,
les réputations qui se font et se défont, la presse qui relaie les informations sans souci des dégâts (tant pour l'entourage des personnes incriminées que pour leurs victimes), le cynisme teinté de mépris de ceux qui sont autorisés à nous dire ce que l'on doit penser, etc. Tous sujets vraiment passionnants qui obligent chacun à se pencher sur son rapport à la presse, à l'information, à sa tendance au voyeurisme.
Javier Mallarino, caricaturiste colombien, reçoit une distinction pour l'ensemble de son oeuvre. A cette occasion, il est approché par une jeune femme, Samantha, qui se dit journaliste et à qui il donne rendez-vous le lendemain pour une interview. Il s'avère qu'elle est en fait une ancienne camarade de sa fille et que, lors de la cérémonie de la veille, des images lui sont revenues qui ont fait surgir de lointains souvenirs qu'elle veut explorer avec lui.
C'est, encore une fois, très bien écrit, avec des allers-retours dans la vie professionnelle et affective de Javier. On le voit évoluer dans sa perception d'une nouvelle réalité qui n'est finalement qu'une prise de conscience de son propre narcissisme - la dénonciation de faits sociaux ou d'hommes politiques ne servant que sa propre gloire. Javier Mallarino n'est donc pas un homme bien sympathique et peut-être ai-je besoin de développer un peu d'empathie envers les personnages pour adhérer au propos. Et même si sa part d'humanité se dévoile peu à peu à travers un questionnement sur la responsabilité, cela intervient bien tard...