Madone (…) se rendit ensuite dans le cabinet de toilette. La fenêtre à guillotine était encore soulevée. Elle alluma la lumière, les yeux fixés sur ce rectangle béant de nuit profonde par lequel la bête [la chatte Maladetta] s’était engouffrée avant de disparaître. Elle contempla quelques instants ce soupirail ouvert sur l’inconnu, tandis qu’une pensée s’imposait peu à peu. C’était son lait, son propre lait qui venait de s’échapper pour toujours à travers la lucarne. Elle avait laissé filer la dernière chance de le récupérer, de le revendiquer, elle avait repoussé l’assiette du pied et renoncé à y tremper sa cuillère.
Il pensa soudain…
Il [Hildir]pensa soudain à ces chevaux clandestins dont il
avait entendu parler depuis qu’il vivait ici, des bêtes que leurs
bourreaux dissimulent en les enfermant dans des endroits im-
probables, dans des loges de concierge par exemple…
Quelque part un cheval galopait, un cheval tombait d’une
falaise, se débattait et se noyait dans les vagues écumantes.