Dans cette 30e bande dessinée, adaptation du 54e roman de la saga "Bob Morane" intitulé "L'Oeil du samouraï" et réalisé en 1972, on n'est pas si loin que ça d'un remake du très jamesbondien "On ne vit que deux fois" !
Bob Morane est en vacances à Tokyo mais tous les occupants de son hôtel se font enlevés par une société secrète parce que l'un d'eux est un espion de la CIA chargé de remettre au gouvernement japonais des informations sensibles (mais tout le récit confirmera que le précieux microfilm n'est qu'un putain de MacGuffin !). On est dans le récit d'espionnage vintage et les dessins de
William Vance sont vraiment très bons (à tel point que je regrette que la Patrouille du Temps n'ait pas fait un détour par le Japon féodal !). Pendant 15 pages c'était excellent et j'ai cru qu'enfin je lisais un tome de la saga auquel il n'y aurait rien à redire, puis Bill Ballantine revient avec ses blagues éculées sur l'eau, le whisky, la corrida et Guillaume Tell… La méfiance maladive du dynamique duo envers les autorités n'est qu'une facilité scénaristique pour les envoyer là où
Henri Vernes veut les voir sévir, il a pas mal d'aller et retour qui ne servent à rien, il y a pas mal de rebondissements qui ne servent à rien, on ne serait bien passé des remarques machistes et des clichés condescendants sur les orientaux (et sur les femmes qui quand elles ne sont pas des demoiselles en détresse sont des garces traîtresses) et finalement l'histoire ne tient pas debout !
Les membres de la société secrète d'extrême droite sont déguisés en samouraïs et en acteur de kabuki donc bravo la discrétion, ils veulent intercepter les informations sensibles de la CIA alors qui ni eux ni la CIA ne savent que leurs informations ne sont d'aucune valeur puisque que grâce à la belle Azade le contre-espionnage japonais sait déjà tout ce qu'il faut savoir sans agir pour autant, et la chef de gang Tokyo Lil se demande pourquoi Bob et Bill s'intéressent à ses affaires alors qu'elle n'est même pas capable de voir que les activistes d'extrême droite et les agents du gouvernement s'activent juste sous son nez… Soupirs !
On aurait largement pu améliorer tout cela en faisant carrément de la CIA et de Bob et Bill les dupes du contre-espionnage japonais, qui auraient joué le rôle d'appâts pour obliger les activistes d'extrême droite à se démasquer. Je ne sais pas si la scriptonite a encore frappé où si les auteurs n'étaient pas encore prêts à accorder autant d'intelligence au « péril jaune »…
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