CHARLESTON. – 27 septembre 1869. – Nous quittons le quai de la Batterie à trois heures du soir, à la pleine mer. Le jusant nous porte rapidement au large. Le capitaine Huntly a fait établir les hautes et basses voiles, et la brise du nord pousse le Chancellor à travers la baie. Bientôt le fort Sumter est doublé, et les batteries rasantes de la côte sont laissées sur la gauche. À quatre heures, le goulet, d’où s’échappe un rapide courant de reflux, livre passage au navire. Mais la haute mer est encore loin, et, pour l’atteindre, il faut suivre les étroites passes que le flot a creusées entre les bancs de sable. Le capitaine Huntly s’engage donc dans le chenal du sud-ouest et met le phare de la pointe par l’angle gauche du fort Sumter. Les voiles du Chancellor sont alors orientées au plus près, et, à sept heures du soir, la dernière pointe sablonneuse de la côte est rangée par notre bâtiment, qui, tout dessus, se lance sur l’Atlantique.
Le Chancellor, beau trois-mâts carré de neuf cents tonneaux, appartient à la riche maison Leard frères, de Liverpool. C’est un navire de deux ans, doublé et chevillé en cuivre, bordé en bois de teck, et dont les bas mâts, sauf l’artimon, sont en fer, ainsi que le gréement. Ce solide et fin bâtiment, coté première cote au Veritas, accomplit en ce moment son troisième voyage entre Charleston et Liverpool.
Avec ce nouvel ouvrage, "Le retour du capitaine Nemo", Benoît Peeters et François Schuiten signent un double retour. Celui, d'abord, de leur série phare Les Cités Obscures, mais aussi, au travers de cet album hommage inspiré de l'oeuvre de Jules Verne, celui du célèbre capitaine Nemo. Leur ouvrage s'associe aussi à l'hommage qui va être marqué par l'arrivée d'une sculpture en bronze en 2025 en centre-ville d'Amiens, celle du Nauti-poulpe. A l'occasion de son passage au festival international d'Angoulême de la bande dessinées, Benoît Peeters nous offre une brève mais intense interview sur ce nouvel et bel album des Cités Obscures.
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