Les mots trompeurs masquent les maux dont souffre réellement l'école et brouillent la perception des enjeux
Voici un livre réjouissant.
Francis Vergne nous propose un lexique de novlangue. « Une des ambitions de ce lexique est de comprendre la grammaire commune des réformes, d'en éclairer les intentions véritables et d'en évaluer aussi, puisque le mot est à la mode, à la fois le degré de dangerosité pour le service public d'éducation et le degré de complexité bureaucratique. Proposer une lecture critique sera une façon lucide de prolonger l'indignation ressentie face au gâchis des suppressions de postes et des fermetures de classes ». Avec un humour dévastateur, il nous indique les sens en contresens, les constructions sociales déguisées en liberté individuelle, l'idéologie masquée en évidence, en bon sens, bref le mensonge comme vérité et le néolibéralisme comme comme inculture et suffisance « conjuguer l'enflure et le modernisme des mots (d'où les néologismes, les acronymes et l'emprunt immodéré au verbe anglo-saxon) avec le simplisme de la non-pensée, user délibérément de l'un pour cacher l'autre et le faire passer pour ce qu'il n'est pas ». A savourer pour en conscience, refuser d'obéir.
Sur le fond les tendances à l'oeuvre, mis en oeuvre, par les pouvoirs publics « génèrent d'ores et déjà des dispositifs de contrôle et de régulation qui font apparaître la valeur économique comme le critère ultime de légitimation de toute activité d'enseignement et de recherche ».
Une réalité, la réforme, est établie sans contestation possible puisque rien d'autre ne serait concevable. Un futur bloqué et rabougri, mettant en concurrence non faussée les un-e-s contre les autres, mais garantissant les intérêts bien matériels des possédants.
« En miroir de ces apories se dessinent en creux de possibles retournements et de souhaitables alliances. Place aux indignations joyeuses et aux résistances porteuses d'espoir. »