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EAN : 9782876787247
640 pages
L'Aube (04/07/2003)
3.71/5   7 notes
Résumé :
Marlène Van Niekerk retrace la vie d'une famille blanche pauvre, les Benade, au cours des deux mois qui ont précédé les premières élections libres en Afrique du Sud, en novembre 1994. La famille Benade vit dans des conditions misérables depuis plusieurs générations. Chez les Benade, l'inceste est érigé au rang de tradition. Humiliés et désespérés, ils réussissent cependant à obtenir un logement dans le nouveau quartier blanc, Triomf, érigé sur les ruines de Sophiato... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Afrique du Sud, 1992-1993
Mol, Pol, Treppi et Lambert Benade vivent dans une baraque bien pourrie, sale à Triomf, une banlieue blanche de Johannesburg à la veille des 1ères élections libres.
Dire que la famille est dysfonctionnelle est un doux euphémisme.
Mol et Pop sont censément les parents de Lambert, gros gaillard de bientôt quarante ans, difforme, épileptique, brutal dont les crises de violence (rien à voir avec l'épilepsie, hein) sont la plupart du temps aiguillonnées par l'oncle Treppi.
Au milieu de tout ce foutoir, des chiens : Gerty trouvée rue Gerty, Toby trouvé rue Toby ; des frigos éventrés, à demi cramés ; des poches de cubi emplies d'essence…
Et autour, des voisins qui supportent de moins en moins les excès de leurs voisins, des témoins de Jéhovah, des partisans du NP, parti afrikaner, qui font campagne pour les élections à venir. Après tout, toutes les voix sont bonnes à prendre.

Quel roman dérangeant ! Quel roman difficile tant sur le fond que sur la forme !
Alternant les points de vue des quatre personnages mais laissant le plus souvent la parole à Mol, nous avons, nous aussi, accès aux délires Benade, à leurs craintes, leurs frustrations, leurs rancunes et il faut reprendre bien souvent son souffle pour supporter un tel étalage…
Si la logorrhée de Treppi saoule autant les personnages qu'elle m'a saoulée moi-même, la misère sociale, culturelle du 127 rue Martha m'a touché, tout comme l'attachement sans faille que se porte Mol et Pop face à la dérive de leur famille pas ordinaire.
Ce n'est pas un coup de coeur à proprement parler car je dois admettre que j'ai peiné à suivre la folie qui court à travers ce roman. Pour autant je ne suis par prête à oublier la rage et le désespoir qui transpirent de ces pages !
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On s'y perd entre les cafres (noirs) et les hotnots (métis) ... bien sûr il y a un lexique qui nous permet de nous y retrouver mais ... il y en a trois, ce qui ne facilite pas les recherches !
Une plongée dans le marécage de l'Afrique du Sud, plus exactement dans la banlieue de Johannesburg, un quartier emblématique de la nouvelle Afrique du Sud ... attention, on vous prévient tout de suite, ça pue, ça schlinge, c'est malsain ... un marécage même si l'eau et la végétation n'est pas là, c'est juste un endroit désespérant représentant ce que vit la population de petit blanc dans une Afrique du Sud qui essaie de se construire en ce printemps 1994.

Ce livre est un monstre,
De par son volume, près de 600 pages écrites toutes petites,
De par sa densité, peu de place pour la respiration, les phrases s'enchaînent serrées comme si il y avait urgence pour dire ce qui doit être dit,
De par ses personnages, plus esquintés les uns que les autres, chacun avec son flot de paroles qui parfois nous saoulent et d'autres fois avec leur silence qui nous en racontent un peu plus sur eux mêmes,
De par la peinture qu'il donne de l'Afrique du Sud avec sa population de petit blanc, cibles faciles pour tous les politiques populistes et extrémistes et les religieux divers et variés qui tous jouent en terre bénie pour leur faire avaler n'importe quoi !

Ce livre demande une disponibilité d'esprit, un effort d'immersion dans un monde qui ne donne pas du tout envie .... mais j'ai bien peur que ce soit le portrait bien réel d'un pays en devenir,
Mais là vous avez juste l'avis d'une kafferboetie (copain des nègres, terme injurieux appliqué aux blancs antiracistes).

Parce que c'est tellement bien écrit, je souhaite relayer un extrait de la critique de triomf parue dans l'humanité le 6 juin 2002 :
"Le blues des banlieusards blancs
Triomf est le nom de la misérable banlieue blanche de Johannesburg, où végètent des petits blancs sordides, à la fin du régime d'apartheid. Un livre décapant.
....
Triomf, ou les derniers jours d'une tragédie domestique totale. Rarement est-on allé aussi loin, sans doute, dans la description de la médiocrité et de la veulerie humaines. van Niekerk a placé sa loupe au-dessus des quatre navrants riverains qu'elle a isolés rue Martha pour ne plus les lâcher, pesant sur eux de la pointe de son stylo pour les tourner et les retourner et en examiner les plis et replis les moins ragoûtants. En observer les coups de sang, les médiocres fantasmes, les lâchetés, les trahisons, et de quelle manière ils piaulent lorsqu'elle les fait trébucher sur les lames déjointées du parquet du couloir. Une étude de l'inhumanité ordinaire, en fait, une plongée dans le désastre moral où tombent ceux pour qui la vie s'est montrée trop chienne.
...
Par son souffle, sa densité et sa puissance d'évocation -par l'ambition littéraire qu'il renferme, tout simplement-, on peut rapprocher " Triomf " d'un livre comme les " Chroniques abyssiniennes ", de l'Ougandais prodigue Moses Isegawa. Mais pour ce qui est de l'écriture, Marlene van Niekerk évolue solitaire et unique au haut des sommets du réalisme à la mode radicale. Totalement libre et impudique, sacrifiant toutes les conventions pour la cause -la sienne. Non pas cruelle, mais impitoyable. Châtiant, aussitôt qu'elle l'a débusqué, chacune des faiblesses de ses personnages d'un cinglant trait de plume. Au point qu'on en oublierait presque le dévastateur humour qui parcourt le livre d'un bout à l'autre."
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Chier c'est un art, et ça, putain, c'est sûr. Et un étron, si c'est quelque chose, c'est une œuvre d'art. Dieu m'en soit témoin. Parfois l'aquarelle d'un coucher de soleil au Sahara, parfois un héros de bronze à installer au square. Mais le chef-d'œuvre en la matière et l'étron qui se produit de tes intestins d'un seul trait, lisse comme une tapisserie, tissé bien serré,ni trop pâle ni trop foncé. Avec toutes ces couleurs harmonieusement ajustées, mais sans être ennuyeux, les petites fleurs claires sur le fond d'herbe et la licorne blanche docilement appuyée sur les genoux de la Dame.
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Il faut que tout se présente le mieux possible. Et Treppi doit bien se tenir, finis les gros mots. Et la mère doit apprendre à serrer les jambes quand elle s'assoit, et à laisser sa dent en place. Et Pop doit être cool. Il faut qu'il relève la tête d'entre les genoux et qu'il se mouche le nez et qu'il parle un peu, et alors lui, Lambert, sera content. Et quand à lui... eh bien, il préfère ne pas y penser, il y a tant de trucs chez lui qu'il veut arranger : ses cheveux, son bide, ses fesses, et puis il lui faut des vêtements, et puis un calcif qui ne laisse pas sortir sa queue quand il est en short. Les femmes n'aiment pas ça, à ce qu'il paraît.
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Ils l'ont vu, le curé ! Il se tient là à la porte et il te la serre, la pince, aux Négros et aux macaques et aux Blancs... A tous, et avec la même main. Et en plus avec le sourire.
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Que ça se trouve ou ça se perde
Nous, nous restons dans la merde
Ding-dong ding-dong, l'espoir se lève
Mais nous, c'est toujours marche ou crève
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(Rapport à la procréation ...)
A partir de maintenant il faudra arrêter de manger la tartelette avant d'arriver à la confiture.
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