Extrêmement bien documenté et rédigé sans parti pris, cet ouvrage nous conte l'avènement au poste de patron du monde d'un "sale gosse", syrien, adorateur d'un dieu unique, espiègle et pas méchant pour un sou, "folle à lier" qui a perdu le pouvoir non pas parce qu'il déplaisait à ceux qui n'étaient rien, le peuple, à qui il offrait du pain et des jeux mais parce qu'il s'est mis à dos ceux qui comptaient en voulant détruire de facto la croyance en plusieurs dieux et en nommant à de hautes charges ses onobèles préférés, autrement dit ceux dont le membre surdimensionné avait fait l'objet d'une traque dans tout l'empire. L'inventeur de la pénisocratie en somme. On se demande si finalement ce système ne serait pas plus mauvais qu'un autre. C'est peut-être pour cela que la damnatio memoriae à laquelle il fut condamné perdure aujourd'hui d'une certaine façon puisque son existence est tue dans les parcours scolaires voire universitaires.
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Le culte d'Elagabal ne comporte pas d'initiation, il ne scelle pas de contrat entre le myste et la divinité qui l'adopte et lui assure un statut privilégié; Il ne garantit pas non plus à ses dévots une sécurité dans ce monde et dans l'autre, contre le destin ou les démons de l'au delà, contre les puissances du ciel et de l'enfer. Il n'a pas d'eschatologie et n'offre apparemment aucune perspective de survie.
p.164
Ce désir d'assouvir tous les désirs (ou d'en inventer), d'expérimenter tous les délices et tous les vices fait songer à certains courants de la gnose qui fleurissaient aux époques antonine et sévérienne. Si Héliogabale n'était pas le grand-prêtre du bétyle émésien, on serait presque tenté de le croire et de le dire carpocratien.