Après les steppes de Mongolie (Yeruldelgger), j'ai mis le cap sur la Laponie, ses hivers où les températures avoisinent les -30/40°, sa neige, ses nuits sans fin et ses minuscules heures d'ensoleillement car, je vous le donne en mille, l'action du roman se déroulait au mois de janvier. Point de vue lumière en janvier, nous n'avons pas été gâté.
Ici, les nuits étaient longues... Des nuits aussi sombres que l'enquête à laquelle se sont retrouvés confrontés notre police des rennes.
Nous sommes à Kautokeino. Quel rapport peut-il y avoir entre un ancien tambour sami qui a été volé à même sa caisse d'emballage et la mort d'un éleveur de rennes ? À priori, aucun rapport... Pourtant, les voici confronté à un vol et à la mort de Mattis Labba, retrouvé poignardé près son guppi (sa cabane). Comble de l'ironie, ses oreilles ont été tranchées.
Klemet Nango de la police des rennes - unique flic sami de la ville - et Nina Nansen, sa nouvelle coéquipière toute fraichement issue de l'école de police du sud de la Norvège, vont devoir dénouer ce sac de noeud le plus vite possible : le vol du tambour fait gronder une partie de la populace car il a une grande valeur.
Sur fond de tension entre les samis - peuple originaire de Laponie, minoritaire - et une partie de la population norvégienne qui en a marre des privilèges que leur gouvernement leur accorde, nos deux policiers auront du renne sur la planche !
Roman assez noir, non pas en raison du meurtre ou de la courte durée d'ensoleillement mais de par l'Histoire de la Laponie qui est abordée ici.
Entre les "gentils" colonisateurs qui voulaient toutes les richesses de la région et ont pris la population sami pour corvéable et tuable à souhait, avec les "gentils" évangélisateurs protestants qui leur ont fait renier leurs rites et leur religion, sans omettre les norvégiens qui ont scolarisés les enfants sami, leur interdisant de dire un seul mot dans leur langue d'origine, on ne peut pas dire que le lecteur a eu le loisir de regarder le soleil se lever après quelques mois de nuit noire. On en prend plein la gueule !
Si vous aimez les récits dopés au Red Bull, passez votre route car ici, le rythme est lent, tout en étant bien fourni car je n'ai pas eu un instant d'ennui ou le petit bâillement.
L'écriture est agréable à suivre, riche, envoutante, les pages défilaient sans que j'ai l'impression du temps qui passait.
Le récit, c'est un peu comme les pièces éparses d'un puzzle : au départ, tout est flou, mélangé, on ne voit pas à quoi on a affaire, ensuite, à force d'assembler des pièces, l'image se met peu à peu en place et de flou, on passe à quelque chose qui prend doucement forme, jusqu'à ce que les dernières pièces vous révèlent une trame complexe.
Les personnages sont attachants : Klemet, le flic taiseux, l'air blasé, sombre et sa jeune collègue toute fraiche, remplie d'idéaux et de soif de justice, en passant par Aslak, éleveur de rennes à l'ancienne, qui m'a profondément émue.
Dommage que les méchants soient affichés clairement d'entrée de jeu, même si j'ai eu tout de même des surprises.
Bref, le mélange de tous les ingrédients donnent une bonne soupe bien nourrissante, qui nous réchauffe malgré le froid et les engelures que j'ai récoltée à force de me coltiner sur des scooter des neiges avec nos policiers. J'ai eu du mal à déposer le roman une fois que j'ai eu fini...
Lien :
http://the-cannibal-lecteur...