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EAN : 978B005Q40AZU
(27/09/2011)
4.2/5   5 notes
Résumé :
Ce livre est une oeuvre du domaine public éditée au format numérique par Ebooks libres et gratuits. L?achat de l?édition Kindle inclut le téléchargement via un réseau sans fil sur votre liseuse et vos applications de lecture Kindle.

01. La matinée d'un seigneur
02. Histoire d'un pauvre homme
03. Albert (l'homme fini)
04. Histoire de la journée d'hier
05. Pourquoi l'on tient a la vie
06. Trois façon de mourir
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il y eut quelque chose entre eux,

Il y eut quelque chose entre eux,
comme un amour interdit que Tolstoï va se charger de faire vivre subséquemment au bout de sa plume dans un récit merveilleux que notre Pléiade française n'a même pas songé à publier -si ce n'était que celui-là !

Je m'empresse de dire que je n'entends ici jeter aucune ombre sur la mémoire de Sonia que je respecte au plus haut point et la juge comme une grande dame. Je pense sincèrement que l'idée lui a effleuré l'esprit mais au nom de principes moraux, les choses ne se sont pas consommées et sont restées en points de suspension, mais à supposer que.. je n'ai pas à supposer que, puisque ça ne s'est pas fait. Peut-être qu'un cinéaste indélicat eût brodé là-dessus, en tout cas Tolstoï lui-même ne lui a pas permis de naître à celui-là et a tout fait pour brouiller les pistes et mettre tout le monde à l'aise

Le Tolstoï sensuel a été décrit maintes fois dans la littérature, peut-être pas toujours avec l'acuité qu'il conviendrait ou parfois à l'excès et de mauvais aloi. Il fut par exemple amoureux de sa jeune tante Alexandra attachée à la cour du Tsar, elle était de huit ans son aînée, et le jour où Tolstoï est tombé amoureux de Sonia, il fut le premier à lui révéler dans leur correspondance habituelle -sur un ton inaccoutumé et sentencieux toutefois - ce sentiment amoureux et Alexandra qui avait les yeux de Chimène pour son jeune cousin si talentueux, lui fit savoir en retour qu'elle était immensément contente pour lui et elle ne tarda pas à féliciter l'heureuse élue.

Quand Tolstoï connut les trois filles Bers, plus jeunes que lui d'une quinzaine d'années, elles étaient alors fillettes, il s'enticha carrément de la mère qui devait avoir quelques charmes, je lui fais confiance pour cela, mais mariée au docteur Bers qui officiait à la cour du Tsar, et mère de famille, on imagine tout de suite que c'était un choix sans grand lendemain. Les choses en restèrent là plutôt que l'esclandre. le fougueux Tolstoï tirait un peu sur tout ce qui bougeait ..

Quand il revint, eh ben en visite chez les Bers quinze ans plus tard, les fillettes étaitent devenues des filles désirables et à marier, sauf la dernière encore trop jeune. Il eut à faire un choix cornélien entre les deux aînées, moyennant quelques stratagèmes, il marqua une préférence pour Sonia. Tout ça pour dire que L'histoire de Madame Bers fut une histoire ancienne puisqu'elle devint sa belle-mère et fière de l'être, et de voir surtout la flamme emporter le coeur de sa deuxième fille, ce qui la ravissait : elle tint alors un rôle de consolatrice et d'artisane pour consacrer cette union que le père ne voyait pas forcément d'un bon oeil. Il me semble que c'est par son entremise que les deux tourtereaux se marièrent à l'église impériale de la Nativité de la Vierge. Elle se comporta somme toute en bonne mère ; le docteur à vrai dire plutôt détaché convint que le Tolstoï des années 1860 n'était plus le même que celui des années 1850 ; et tout finit par s'arranger, et la cadette Tatiana, celle que Tolstoï incarna en Natacha dans Guerre et paix vécut ces moments de bonheur à travers sa soeur qui devint Mme Tolstoï... Celle avec qui il aimait bien jouer au piano à quatre mains et peut-être et sûrement d'ailleurs il aimait aussi partager quelques promenades dans l'immense domaine d'Iasnaïa Poliana dégageait un trouble dans cet attelage que personne ne pouvait concevoir : il n'y a d'ailleurs pas officiellement de démenti à cela ! Même les mauvaises langues qui ne manquaient pas ne sont pas allées sur ce terrain là. Et l'histoire de Tatiana ressuscitée en Natacha pouvait tout au plus renforcer l'idée sûre que le plus grand écrivain de la terre russe, comme aimait à le répéter Tourgueniev, picorait autour de lui pour décrire ses si nombreux personnages avec relief, dans un relief étonnant de vérité et de vraisemblance, sa démonstration de grand écrivain était là éclatante. Il n'avait juste qu'à tendre une main pour s'inspirer de la vraie vie charnelle et romanesque, comme il cueillait des pommes dans son verger favori qu'il avait lui-même créé. Ainsi on s'asseyait sur des conjectures où un coin pouvait ouvrir la veine mais que les bonnes manières et la société réprouvaient.

Engagé dans une dualité avec sa conscience qu'il avait coutume de convoquer, l'homme ou l'ogre Tolstoï comme l'a qualifié Christiane Rancé, se mua sous toutes les apparences en un père prolifique, Sonia sa femme bien aimée connut treize grossesses et eut légitimement à se plaindre des ardeurs de son mari, un autre chaudron celui de la création littéraire emplissait tout l'univers tolstoïen ..

Si on lit les premières pages de son journal intime dès lors qu'il concût une vie avec Sonia, on voit bien que la "bête", voulut faire voler en éclats cette vie conjugale, mais chaque jour, une nuit par dessus se chargeait de l'hygiène mentale, Tolstoï finit par admettre qu'il vivait une vie comblée, de cette vie là il en avait rêvée -il n'était point utile de faire le fanfaron-, et sans Sonia il est probable que ses monuments littéraires ne vissent pas le jour et tout autant qu'une certaine vacuité de l'âme prisse le pas sur tout le reste au bout de quelques décennies d'équilibre et de bonheur, et Tolstoï changea et changea, ce qui ne changea pas fut son changement constant et je récuse l'idée selon laquelle il y a eu deux Tolstoï : le romancier et le prophète comme on entend bien souvent, il y eut bien plus que ça selon la formule heureuse de Troyat : "trente-six Tolstoï cousus dans la même peau.."

Tatiana Bers fut un témoin de première main si j'ose dire de la vie et de la génèse de l'oeuvre de son beau-frère. Je me demande même si elle en crut ses yeux .. La jeunette des premiers temps ne fut donc pas qu'une spectatrice attendrie, aux premières loges serait-on tenté de dire, puisqu'elle fut présente à de nombreuses reprises dans la vie de l'énigmatique écrivain, rangé des affaires licencieuses ..parfois plus que tapie objectivement dans l'ombre de sa soeur Sonia. Il est même possible d'envisager qu'elle fut pour le bonheur de sa soeur désignée quelqu'un d'absolument précieux : c'est en ce sens qu'il faut considérer ses mémoires qu'elle écrivit en 1925. Entre les deux soeurs finalement, il existait un lien sacré : un pacte tacite d'amitié et de respect comme c'est bien souvent le cas, tout naturellement, entre deux soeurs avec le bénéfice de l'âge, qui ont évolué dans le me^me giron. 1925 fut aussi l'année de sa mort : elle s'était donc empressée de quitter ce monde non sans avoir eu une pensée pour son cher beau-frère qu'elle aimait tendrement d'un amour sublimé..

Le sujet ciblé ici reste à écrire. On s'apercevra bien vite d'un roman dans le roman de la vie de l'écrivain russe, artiste jusqu'au bout des ongles, comme ces poupées gigognes russes qu'on appelle matriochkas. Il y a toujours chez l'homme à travers ses plus grands reniements, comme chez la partenaire ici, une part attachante à observer. Un grand homme, ce presque dieu pêcheur qui se jugeait sans concessions, c'est aussi de grandes gens qui l'entourent et une richesse de vie phénoménale ..PG 22 juillet 2022
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Vers l’année 1840, St-Pétersbourg fut bouleversé par un événement dont tous restèrent stupéfaits : le beau prince Kassatski, chef de l’escadron d’élite du régiment des cuirassiers, futur aide de camp de l’empereur Nicolas Ier, était alors fiancé à une haute dame de la cour, non seulement célèbre pour sa beauté, mais encore en grande faveur auprès de l’Impératrice. Soudain, un mois avant le mariage, Kassatski auquel on pouvait prédire la plus brillante carrière auprès de Nicolas Ier, brisa ses fiançailles, donna sa démission et ayant légué son bien à sa sœur, partit pour un monastère avec la volonté de se faire moine.
Cet événement parut extraordinaire et incompréhensible à ceux-là seuls qui en ignoraient les causes intimes. Quant au prince Stéphan Kassatski, cela lui parut si naturel qu’il ne pouvait même pas concevoir une autre solution.
Le père du jeune homme, colonel retraité de la garde, était mort laissant son fils âgé de douze ans. Si douloureuse que fût pour la mère, le devoir d’éloigner l’enfant de la maison, elle n’osa pas contredire la dernière volonté de son mari qui avait ordonné d’envoyer Stephan à l’école des cadets. Puis la veuve partit pour Pétersbourg, emmenant sa fille, afin d’habiter la ville où se trouvait son fils qu’elle voulait avoir chez elle aux fêtes et aux vacances.
Le garçon, pourvu non seulement de brillantes facultés, mais encore d’une grande ambition, devint bientôt le premier élève de sa classe, tant en sciences et surtout en mathématiques pour lesquelles il avait un goût très prononcé, que pour le service militaire et l’équitation. Malgré sa taille au-dessus de la moyenne, il était très beau et très agile. Sa conduite aurait été celle d’un élève modèle, s’il n’avait eu un caractère emporté. Il ne buvait pas, n’était pas débauché et montrait un esprit particulièrement droit. La seule chose qui l’empêchât d’être proposé en exemple à tous, était ces accès de colère au cours desquels il oubliait toute retenue et devenait une véritable bête féroce. Une fois, il faillit jeter par la fenêtre un de ses camarades qui s’était moqué de sa collection de minerais. Un autre jour, il lança un plat sur l’économe, se précipita sur l’officier et le frappa parce que celui-ci avait renié sa propre parole et avait menti. Il eût certainement été dégradé et envoyé dans un régiment si le directeur du corps n’avait pas étouffé l’affaire en chassant l’économe. À dix-huit ans il sortit officier et fut envoyé dans un régiment de la garde. L’empereur Nicolas Pavlovitch qui l’avait connu à l’école, le distingua aussi au régiment, ce qui fit prophétiser sa promotion au grade d’aide de camp. Le jeune homme le désirait ardemment non seulement par ambition, mais surtout à cause de son attachement passionné à l’Empereur, attachement qui datait de ses années d’école. Chaque fois que le souverain arrivait et que sa haute stature avec sa poitrine bombée, son nez aquilin au-dessus de sa moustache et des favoris taillés en rond apparaissait et que sa voix puissante saluait les cadets, Kassatski ressentait presque l’émotion d’un amoureux, la même qu’il devait ressentir plus tard avec l’objet de son amour. Cependant l’extase à la vue de Nicolas était plus forte, car à chaque fois il eût voulu lui prouver son dévouement sans borne en se sacrifiant pour lui.
(Le père Serge)
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Tout cela rappelait les fêtes de Noël, que dès l'enfance, nous avons coutume d'associer à de poétiques sentiments d'amour, aux vieilles légendes, aux traditions populaires, et aussi à l'attente de quelque chose de surprenant et de mystérieux.

Nouvelle Ainsi meurt l'amour
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Nekhludov frappa à la fenêtre brisée, mais comme personne ne répondit, il s’approcha de la porte et cria : « Patron ! » mais on ne répondit pas davantage. Il passa le seuil, jeta un coup d’œil dans les étables vides et rentra dans l’isba ouverte. Un vieux coq rouge et deux poules, en remuant leurs colliers, marchaient sur le sol et sur les bancs qu’ils frappaient à coups d’ongles. En apercevant quelqu’un, avec un gloussement formidable, en écartant les ailes, elles se jetèrent vers le mur, l’une d’elles sauta vers le poêle. La petite isba de six archines était tout occupée par un poêle au tuyau défoncé, par un métier à tisser, qui malgré l’été, n’était pas encore démonté ni enlevé, et par une table toute noire avec une planche fendue et affaissée. Bien que dehors le sol fût sec, cependant, près du seuil, il y avait une mare boueuse formée lors de la pluie précédente par les gouttières du plafond et du toit. Il n’y avait pas de soupentes. On avait peine à croire cet endroit habité, tant il y régnait un air d’abandon et de désordre aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Cependant, dans cette isba habitaient Davidka Bielï et toute sa famille. En ce moment, malgré la chaleur d’une journée de juin, Davidka, la tête enveloppée d’une demi-pelisse, dormait profondément au coin du feu. La poule effrayée sauta sur le poêle et encore effarée sur le dos de Davidka, n’éveilla pas celui-ci.
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[...] dans toute lutte, il y a des héros qui se sacrifient à leur idée, et qui meurent sans atteindre le but !
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