Honnêtement je me suis ennuyée tout le long de ce livre (que j'ai terminé par respect pour l'écrivain). C'est une longue digression sur l'amour : une jeune femme n'est plus amoureuse de son mari et le découvre tel qu'il est, alors que lui reste éperdument amoureux d'elle. Un cinquantenaire se rassure dans les bras d'une femme vingt ans plus jeune, tandis que son épouse fait l'expérience de la vieillesse, des rides, de l'abandon et de la jalousie. Une autre femme a choisi de vivre selon ses envies, libérée du qu'en-dira-t-on et des préjugés socio-culturels, mais se découvre prisonnière de la chair et de son envie de procréation… A cela se mêlent la perte des illusions de jeunesse et l'abandon des idéaux politiques, les concessions aux contingences matérielles. La vie, quoi.
Le sujet n'est pas très original et traité sans passion (ou en tout cas je suis restée insensible). Un des gros défauts, c'est que l'auteur utilise toujours le même schéma quand l'amour se tarit : l'être aimé en passe d'être abandonné amadoue l'autre et suscite sa pitié. Ce mécanisme revient au moins une demi-douzaine de fois dans le roman, comme si les personnages ne pouvaient éprouver qu'amour, pitié et non-amour, comme si la pitié pouvait sous-tendre la passion amoureuse. Cela donne un côté mièvre à l'ensemble du roman. Et d'une part, cela cadre assez mal avec la psychologie de certains personnages (sans être une experte en psychologie), d'autre part, toujours ce même procédé, à la longue, cela lasse. Je crois qu'il y a d'autres façons de donner un nouveau souffle à un amour moribond.
Reste le décor de ce Vietnam de la deuxième moitié du vingtième siècle, le vrombissement des vélomoteurs dans les rues d'Hanoï, les restaurants de rue, la végétation tropicale luxuriante, sur fond de communisme d'Etat, avec comités de quartier chargés du respect de la morale, promotions politiques et libertés individuelles limitées. le tout décrit dans un lyrisme scolaire, qui m'a laissée indifférente.
C'est le genre de roman au terme duquel on ne peut que se demander pourquoi encore écrire puisque tout a déjà été écrit ? Pourquoi ne pas s'en tenir aux tragédies des classiques grecs, aux comédies truculentes de
Molière, … ?
Et vous me répliquerez : pourquoi ne pas lire et relire justement ces auteurs ? Oui, je sais, j'écoute trop mon coeur et pas assez ma raison, quand il s'agit de livre, quand il s'agit de vivre ….