Tais-toi !

Seule touche colorée, le papier peint très fleuri. La concierge se fondait dans le décor à la manière d’un caméléon. Elle était en quelque sorte la version estivale de Thierry Lhermitte dans Le père Noël est une ordure.

Pour ce qui était du rasage, il soutint que la barbe de trois jours était à la mode. Concernant la douche, trop d’hygiène tue l’hygiène, non ? Quant au petit déjeuner, il ramasserait les restes de la réunion Danone programmée à neuf heures. S’habiller était néanmoins une obligation à laquelle il ne pouvait se soustraire. Le beau gosse farfouilla aveuglément dans sa penderie à la recherche d’un slip, d’une chemise et d’une cravate. Un costume par-dessus et il se trouva dans le hall d’entrée où il rajusta sa cravate face au miroir. Manque de pot, il n’avait pas tiré le gros lot. Sa chemise était jaune pâle, sa cravate grise et son costume bleu

Toujours est-il qu’une complicité avait vu le jour entre eux. Lorsqu’un ravisseur cohabite avec un vandale, ça crée forcément des liens.

Aussi large que haute, poilue comme pas possible, offrant à la vue de tous les deux oursins qu’elle avait sous les bras. Son tablier à fleurs sans manches et ses sandales en toile ne la quittaient jamais. Carmen De Sousa préférait feuilleter Cuisine Actuelle que Vogue, ça se voyait tout de suite et ce que Jonathan remarqua tout de suite, ce fut la ressemblance frappante entre cette bonne femme et les deux éléphants qu’il venait de jeter sur le canapé. Mêmes oreilles, même nez, un appendice démesuré. Sauf ses dents, oui, des dents de lapin. La synthèse improbable de Dumbo et de Bugs Bunny, un vrai paradoxe animalier auquel il fallait ajouter une voix proche de celle d’une vache à l’agonie.

Lorsqu’on frappa une deuxième fois. Jonathan se dit qu’au mieux, ce devait être un pompier venu lui vendre un calendrier avec des photos de chatons ringardes, au pire, avec des hommes musclés torse nu. C’était très à la mode, les calendriers avec des photos d’hommes torse nu. Dommage que les maîtresses d’école ne fassent pas de même, songea Beaulieu en se grattant le nez sur son épaule.
Une troisième fois… À tous les coups, il devait s’agir d’un Témoin de Jéhovah. Costume, cravate et une mallette avec tout plein de brochures à l’intérieur.

2 h 55. L’inspecteur interrogea le mari d’Herta afin d’avoir plus d’informations sur la Lizy susnommée. Manque de pot, le meurtrier n’avait pas encore été arrêté. « Magne-toi le cul, Derrick, j’en peux plus », bougonna Jonathan en faisait une dernière tentative d’occlusion auriculaire en s’aidant des deux éléphants offerts par sa mère. En vain.

Jonathan ne sut que dire au bobo campé juste devant la fenêtre les jambes écartées et les bras tendus, tout parallèles, de longs bras terminés par de grandes mains qui tenaient un dossier contenant les diagnostics techniques. Performance énergétique : E. Pas terrible