Une enquête de Tara Mills, tome 3 : Une dernière révélation

Un sentiment d’injustice brûlait en elle. C’était ce qui l’avait incitée
à venir au travail de bonne heure et à se rendre au stand de tir. Elle avait espéré que libérer une partie de son stress enfouirait cette sensation pour de bon, mais il paraissait clair, à présent, qu’elle était enracinée trop
profondément. Pour être juste envers John, elle devait, semble-t-il, être injuste envers elle-même. N’ai-je pas le droit d’obtenir des réponses ? se demanda-t-elle en visant et en appuyant sur la
détente. Elle avait enfin l’impression d’avoir atteint le rideau de son passé.
Il ne lui restait plus qu’à faire quelques pas en avant pour l’ouvrir. Elle savait qu’attendre trop longtemps rendrait les choses plus compliquées.

Elle savait qu’il sortait avec la docteure Harris, l’anthropologue légiste qui les avait aidés sur leur dernier gros dossier et avec qui elle avait appris que Warren avait eu une histoire. C’était au cours de cette affaire que Warren avait également admis avoir prématurément coupé les ponts avec la docteure Harris, et qu’il avait du mal à se rapprocher d’une femme.

Elle souffrait de mutisme sélectif, après tout, et ces crises de frustration lui servaient parfois de moyen d’expression. Peu importe le nombre d’outils
thérapeutiques auxquels Chloé avait eu recours, les circonstances ne s’étaient jamais améliorées, et elle se demandait toujours si elle pourrait adopter une autre approche face à cette situation.
Elle était penchée sur les gros titres ;elle devait se concentrer sur autre chose. Elle ne comptait pas s’apitoyer sur son sort aujourd’hui.

Ses yeux se portèrent vers le coin de la pièce tandis qu’il se rappelait avoir découvert la profession de Tara. Il avait
appris après sa visite qu’elle n’était pas comptable, comme elle le lui avait fait croire. Elle faisait partie du FBI. Cette information avait fait son
chemin dans les conversations entre les gardiens. Elle était ensuite arrivée aux oreilles des prisonniers. Et enfin, à celles de Richard. Au début, il n’y avait
pas cru, mais après, c’était devenu logique.

Toute sa vie, elle avait gardé pour elle tout ce qui avait trait au meurtre de sa mère. L’unique personne avec qui elle en avait parlé était sa grand-mère, avec qui elle avait vécu après l’incident. Mais elles avaient rarement abordé ce sujet. C’était trop difficile pour elles deux. Et de ce fait, Tara ressentait souvent le besoin de gérer les choses par elle-même, sans prendre en compte les sentiments des autres. Être mariée lui demanderait probablement quelques ajustements.