La suite de "La
rue de la sardine", "
Tendre jeudi", est une véritable réussite : il s'agit de la vie du quartier pauvre d'une ville, avec ses peines, son alcoolisme chronique, ses joies, ses velléités de bien faire, pas toujours couronnées de succès, mais comprises comme telles.
Il y a beaucoup d'interrogation dans ce roman, posées de façon simple, mais dans leur complexité, c'est l'art de Steinbeck : l'amour, le spleen, le sens de la vie, la tolérance envers un autrui plein de défauts, quasiment autant que soi-même : calculs, avarice, paresse, bêtise, arrogance, ivrognerie, roublardise, rapacité, .... Mais quelque chose sauve tous ces êtres, qui en d'autres circonstances auraient pu être très dangereux : c'est l'attention à autrui. Ils forment une communauté soudée, ayant compris, grâce à une sorte de saint, parmi eux, que leur sort était lié.
Insérées entre ces pages, un chapitre ressemble à un magnifique conte. J'en donne le titre : "Il y a un trou dans la réalité, un trou par lequel nous pouvons regarder si nous le voulons".
Le livre peut être lu indépendamment de "La
rue de la sardine" : l'auteur y rappelle les faits importants, incorporés au récit.
Malgré la noirceur de la vie des personnages, ce roman est revigorant. Il est parfait pour les jours de cafard, et c'est de la bonne littérature américaine.