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Critique de OverTheMoonWithBooks


Il est indéniable que le nom de John Steinbeck est un grand nom de la littérature américaine, et de la littérature tout court. Les Raisins de la Colère n'est pas le premier roman que je lis de lui. Ce roman ne fera peut-être pas partie de mes préférés, mais il ne fera pas non plus partie de ceux que je n'ai pas aimé.
En revanche, ce que ce roman montre (du moins à mon avis..) c'est que lecture et littérature peuvent être bien distinctes et qu'on apprécier l'un mais pas l'autre dans une même oeuvre. Je m'explique !

Les Raisins de la Colère a été au programme du capes/agrégation en 2008 et 2009, ce qui devrait, en théorie, être un témoignage de la place que ce roman occupe. Mais le système est fait de telle manière que les membres du jury l'ont mis au programme car un de leurs potes avait besoin que sa nouvelle publication sur le sujet se vende. Et l'affection pour les vieilles lettres anglaises est bien trop grande pour laisser sa place à la littérature américaine, encore moins contemporaine.
C'est un tort. Car ce roman, même s'il est moins ambitieux qu'A l'Est d'Eden, il n'en demeure pas moins un fabuleux exemple de la virtuosité de son auteur.

Les Raisins de la Colère, c'est bien sûr un genre de "roman social", cousin des romans de Sinclar Lewis (Babbit, La Jungle), dont le sous-titre aurait pu être "Manifeste contre la misère". Il s'inscrit bien sûr dans la période historique qu'il décrit, mais il contient des passages absolument fabuleux et époustouflants d'actualité. Par exemple, lorsqu'il décrit la perversion de la loi de l'offre et de la demande au détriment des ouvriers, du capitalisme sauvage avec l'exploitation de l'Homme par l'Homme et du cercle vicieux dans lesquels ceux-ci se plongent avec toujours plus de richesses et de la peur de l'Autre d'un côté, et la faim, l'abandon de confort minimal et la rage de l'autre. On pourrait multiplier les exemples, mais ce que j'ai trouvé frappant, c'est que les propos tenus sont d'une actualité déconcertante. A tel point qu'on peut rapprocher certains passages de la situation qu'a connu les Etats-Unis pendant la crise des supprimes ou l'ouragan Katrina.

C'est aussi de la Littérature, avec des motifs qui s'opposent de façon binaire. Et c'est aussi un roman qui s'inscrit parfaitement dans la tradition du roman américain car c'est un roman de la route, de l'exil et où les références bibliques ne sont jamais très loin… avec bien sûr, la Californie vue comme la nouvelle Terre Promise.

Et tout ça est servi avec une précision très journalistique.
Par contre, lorsqu'on prend ce roman pour une "simple" lecture… Difficile de ne pas se dire que l'histoire est très lente à se mettre en place. Certes, les descriptions sont très visuelles, façon western, mais j'ai vraiment eu le sentiment que lire ce roman nécessitait une préparation semblable à celle pour courir un marathon.
Et comparé à ces autres romans, j'ai trouvé que les personnages manquaient de profondeur, qu'ils ne sont qu'un prétexte pour raconter et dénoncer L Histoire. Peut-être Steinbeck a-t-il voulu faire concurrence aux photos de Walker Evans ?

Bref, on l'aura tous compris : on peut disserter sur ce roman pendant des heures. Et une chose est sûre, on peu aimer ou non, mais celui qui oserait présenter les Raisins de la Colère comme un roman de gare ou de la littérature populaire … il faudrait brûler sa bibliothèque pour recommencer toute son éducation !!

Besoin d'une autre preuve ? La fin, plutôt optimiste, indéchiffrable sans quelques connaissances en mythologie de la Rome Antique ! (et oui, un coup de maître!)
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