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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« On a beau dire, c'est moi qui tenais le fusil, et cela ne changera jamais ».

« J'ai lu le livre de Primo Levi sur ce sujet, comme tout le monde. Sauf qu'en le lisant, nous, les allemands, nous sommes obligés de penser: Nous avons commis cela. »

Callum, le narrateur, est un jeune homme germano-britannique qui a souvent interrogé son grand-père allemand sur ses années de guerres passées au sein de la Wehrmacht et, longtemps, ses questions sont demeurées sans réponses. Un jour pourtant, le vieil homme accepte de se souvenir et il écrit à son petit-fils pour lui confier « sa guerre », ce qu'il a vécu, la peur, l'effroi mais aussi la culpabilité d'avoir, à sa propre échelle, participé à cette horreur.
Loin de vouloir minimiser la responsabilité de l'armée allemande, l'auteur nous raconte précisément le conflit vu par les yeux d'un soldat contraint de se battre. Sans adhérer avec enthousiasme à l'idéologie nationale-socialiste, ce jeune homme de 19 ans débutera ce conflit en tentant de se motiver grâce à « l'amour de sa patrie », avant de découvrir, mois après mois, les abominations dont elle s'est rendue coupable. Il comprendra aussi que, si les décisions sont prises au niveau des dirigeants, ce sont les individus qui les exécutent, dépassant souvent, à titre personnel, la cruauté inhérente à leurs actes. Il raconte ses années sur le front de l'Est, le pire sans doute, la solidarité entre militaires que tout sépare et que la situation réunie, l'épuisement, la peur qui mène à l'action absurde, mais aussi les horreurs inutiles dont sont capables certains, pensant peut-être se dédouaner par le fait que la guère justifierait tout.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture qui nous permet de découvrir ce conflit tel que l'a vécu un soldat allemand mobilisé et qui, sans réellement partager les idées de ses dirigeants, se retrouve malgré tout à combattre en leur nom. Loin de nier sa responsabilité ni les agissements dont il fut responsable, il exprime aussi la honte qui l'a poursuivi, la volonté, malgré tout, de reprendre une « vie normale » et la nécessité de témoigner, pour que les générations suivantes comprennent ce passé qui souvent les hante encore et puissent en tirer les leçons indispensables.
Un livre qui bouleverse et qui dérange. Un livre qu'il faut lire.
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Callum, petit-fils d'un soldat allemand, se pose beaucoup de questions sur le passé de son grand-père. Un jour, celui-ci se décide enfin à répondre dans une lettre qu'il adresse à Callum. Il lui dit tout. L'ivresse des batailles, les triomphes mais aussi la faim, le froid, la défaite et ces moments extrêmes ou les hommes ne sont plus vraiment des hommes et où le désespoir fait accomplir des choses atroces.
J'ai trouvé ce roman très original.
Le lecteur a ici un autre point de vue de la Seconde Guerre mondiale, un point de vue cru, en immersion au coeur du bataillon d'un régiment allemand dans la forêt Polonaise. le grand-père, Meissner, a le courage de tout raconter, même ce qui est honteux, tout ce qu'il n'a jamais pu dire à personne.Il tient à le préciser : oui c'était un soldat allemand mais il n'était pas d'accord avec les nazis. Il raconte les pillages, les viols auxquels certains se livrent, les meurtres, la faim, la peur qui tenaille. La survie. le texte est principalement axé sur la fin de la guerre, le moment où l'armée sait qu'elle a perdu et les soldats allemands savent qu'ils vont payer très cher les actions des nazis.
C'est une épopée hors du commun en immersion dans l'armée allemande contre les russes au coeur de la forêt Polonaise.
J'ai aimé l'alternance de point de vue du petit-fils et du grand-père, le petit-fils venant expliquer certains passages et livrer parfois son point de vue. J'ai aimé le courage du grand-père de raconter sans détour ce qui s'est passé et la tendresse avec laquelle il parle de son grand amour. J'ai ressenti toute l'affection que les deux hommes avaient l'un pour l'autre et j'ai aimé que le petit-fils ne juge pas les actions de son aîné.
C'est un livre que je vous conseille.
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Un homme âgé de nationalité allemande livre dans un long courrier adressé à son petit fils, qui vit à Londres, le récit de ses années passées sur le front de l'Est durant la deuxième guerre mondiale. Au premier abord on se dit qu'il s'agit d'un sujet largement visité et que nous allons tomber rapidement dans une longue série de clichés . Et bien quelle claque pour le lecteur que ce livre magnifiquement écrit, passionnant et qui ne peut laisser personne indiffèrent. Les descriptions des paysages et des personnages sont parfaitement calibrées pour nous plonger immédiatement dans l'action et cette sensation perdure même après avoir posé le livre. On savait que le front de l'Est avait eu sa violence très particulière mais on comprend dans ce livre qu'il n'avait absolument rien à voir avec tous les autres fronts. le narrateur ne cherche ni à expliquer ni à justifier il raconte simplement ce qu'un homme est capable de faire quand sa propre survie est en jeu .
Le récit est entrecoupé de commentaires du petit fils séparé par le fossé générationnel et culturel . Au delà du roman c'est un document marquant par un auteur né bien après ces événements. Je n'oublierai pas ce livre.
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Lorsque Callum demande à son grand-père allemand ce qu'il a vécu en Russie pendant la Seconde Guerre mondiale, ce dernier ne dit rien. Sur le moment, en effet, cette question le met tellement en colère par sa stupide maladresse qu'il ne daigne pas répondre. Mais aussi, à dire vrai, il se trouve dans l'incapacité de se souvenir distinctement des expériences extrêmes qui ont été les siennes pendant cette période et qu'il refoule depuis des années. Toutefois, la mémoire lui revient tranquillement et, des mois plus tard, il décide de prendre la plume pour écrire à son petit-fils dans une longue lettre les souvenirs qui affluent. Il raconte ainsi les visages oubliés depuis des décennies, la sensation de faim qui dévore le corps et l'esprit, mais aussi, et surtout, les épisodes traumatisants auxquels il a dû faire face et auxquels il n'a volontairement pas pensé pendant longtemps.
Par son récit, Meissner tentera de répondre à la question subjacente de son petit-fils, à savoir : est-il coupable?


Ce roman, j'avais très envie de le lire pour tenter, peut-être assez naïvement, de savoir comment les Allemands d'aujourd'hui se sentaient face aux horreurs qui ont été commises par leur pays durant la Deuxième Guerre mondiale. Comment vivent-ils face au poids de cette partie de leur histoire? Bien que fictif, le témoignage de Meissner apporte une réponse lucide et complexe qui porte indiscutablement à réfléchir, en particulier sur la notion de culpabilité.

Cette réponse, cependant, même lui ne la connaissait que confusément avant de la formuler. C'est pourquoi il a choisi de commencer sa lettre en restituant le contexte de la guerre à l'Est dans laquelle il a été entraîné à la fin de l'année 1944. Cette guerre, très différente de celle à l'Ouest, a été particulièrement cruelle et impitoyable.
En partant de ce contexte, le vieil homme raconte une série d'événements brutaux et marquants qui leur sont arrivés à ses compagnons et lui. Ces épisodes sont absolument renversants et il est difficile de poser le livre avant d'en avoir terminé la lecture. Les scènes, presque irréelles, défilent rapidement et attestent toutes de la distinction que s'efforce de faire Meissner entre les soldats allemands et les soldats nazis. Leur situation à eux, sur le terrain à ce moment-là, avait tout à voir avec celle de n'importe quel autre soldat (russe, polonais, français…) et bien peu à voir avec celle des soldats nazis qui se trouvaient dans les camps de concentration par exemple. Cette différence, même si elle est importante, ne le blanchit pas, mais elle fait inévitablement partie de sa réflexion (et de la nôtre!).

À travers les pages de ce roman, l'auteur restitue donc parfaitement la froide violence dont les soldats peuvent faire preuve en temps de guerre. Il arrive à nous faire plonger dans un décor à ciel ouvert puant la mort et étouffant de cruauté. Mais surtout, il rend compte avec une grande sensibilité de la souffrance, bien souvent tue et ce encore aujourd'hui, de ces soldats allemands qui ont perdu beaucoup plus que la guerre en 1945. Ces derniers, entre autres, ont dû faire face à une amère désillusion lorsqu'ils ont compris l'ampleur de la débâcle de leur pays. Ils ont dû renoncer à une certaine idée qu'ils se faisaient d'eux-mêmes et tâcher d'apprendre à vivre avec la culpabilité et la honte engendrées par les atrocités perpétrées par l'Allemagne :
« Les choses étant ce qu'elles étaient, nous en étions venus à comprendre, ou j'en étais venu à comprendre, que nous étions en tort. Cette vérité nous était assénée par la mort de nos amis et le viol de nos femmes. Et l'énormité de notre crime nous obligeait à admettre que le châtiment, quoique terrible, n'était pas inique. »

En déployant ainsi de nombreuses phrases percutantes, Alexander Starritt nous offre un roman riche et intense. Et grâce à des touches d'humour savamment dosées, ce livre n'est nullement accablant malgré la gravité de son sujet. Mon seul bémol (qui n'en est pas un réellement) est que j'en aurais pris davantage!

Lien : https://leslecturesdesophie...
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Ce roman, que j'ai lu avec un grand intérêt, se présente comme une longue lettre d'un grand-père allemand à son petit fils écossais. le grand père était soldat de la Wehrmacht et a fait toute sa guerre sur le front de l'Est. Il raconte surtout la débâcle allemande de 1944 avec son lot d'horreurs insoutenables. Ce long récit est interrompu par les souvenirs du petit fils de ce grand-père qu'il a tant aimé.

Le grand-père a besoin de dire tout de suite qu'il n'a rien vu de la Shoa et explique très peu son adhésion au nazisme qui semble anecdotique par rapport à son engagement dans l'armée. le nazisme est représenté par un des membres du petit commando dont nous allons suivre la progression à travers les plaines de l'Ukraine et de la Pologne, et c'est le personnage le plus odieux.
Ce roman, car c'est un roman, même si l'auteur a lui-même une ascendance allemande, on ne peut pas savoir s'il s'agit vraiment de son propre grand-père. En revanche tout ce qu'il décrit, comme horreurs du comportement de l'armée sur le front de l'est est véridique. le grand père pense qu'à l'Est tout était permis et que rien n'était là pour arrêter la barbarie de l'armée. Il décrit aussi comment jusqu'au dernier moment la police militaire allemande tuait les déserteurs, aujourd'hui où cette région est de nouveau la proie de la guerre il y a des points communs si tristes, cela m'a fait penser au sort des déserteurs Russes de la divisions Wagner.

Un livre qui permet de comprendre la barbarie de l'armée mais pas l'adhésion au Nazisme, on pense quand même que ce bon soldat s'il avait dû assassiner des Juifs, il l'aurait fait par obéissance. D'ailleurs il décrit un épisode dans un café de Varsovie où il a eu une attitude peu glorieuse. Pour mieux comprendre l'engagement de toute une population dans le nazisme, je recommande deux livres qui m'ont bien aidé à ouvrir les yeux : « un bon allemand » de Horst Krüger, et surtout « l'histoire d'un Allemand » de Sebastian Haffner.
Lien : https://luocine.fr/?p=15786
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Cela a-t-il du sens de dire qu'un livre qui raconte un épisode de la deuxième guerre mondiale sur le front Est et ses horreurs est un bon livre et de le noter 5 étoiles ? Les récits de guerre n'ont pas pour but de nous distraire, mais de rappeler l'enfer que ce fut. Et ce temps n'est jamais révolu comme nous le dicte l'actualité à l'Est de l'Europe. « Peu à peu, nous découvrions un spectacle d'horreur digne d'un tableau médiéval représentant l'enfer » (p.169).
C'est un excellent titre que « Nous, les Allemands » qui signifie « Nous, les Allemands, voilà qui nous avons été et ce dont nous avons été capables, à l'époque la plus noire de notre histoire. »

La frontière entre un roman qui colle au réel et un récit est ténue. S'il n'y avait cette mention en page de garde « toute ressemblance avec des personnes réelles… serait purement fortuite » on pourrait croire que le livre est le récit des terribles souvenirs du grand-père de l'auteur. Avec ce recul qu'il prend pour traiter de la question de la culpabilité collective et individuelle d'une nation. Mais peut-on juger avec les yeux d'aujourd'hui les actes d'hier : en quoi une personne est-elle responsable d'être née à la pire époque du pire d'un Etat-nation ? de quel autre choix disposait le citoyen allemand, sans être lui-même nazi, entre l'obéissance ou la mort ?

Naïvement, il me surprend que soit encore édité, près de 80 ans après l'issue de la deuxième guerre mondiale, un livre où soit traité la deuxième guerre mondiale et la question de la responsabilité et de la culpabilité dans cette page d'histoire qui n'a pas été très loin de rendre possible l'effondrement de l'humanité tout entière. Un livre qui fait involontairement écho à cette autre guerre impitoyable du moment dont le théâtre est à nouveau l'Europe de l'Est. Un livre qui éclaire peut-être la politique actuelle du gouvernement allemand en matière de réarmement et de la livraison d'armes à l'Ukraine au regard de son histoire ?

Dès la première page, le lecteur sent qu'il va être emporté, sinon terrassé. le point de vue des Allemands sur les monstruosités dont ils ont été les premiers coupables, continue d'être utile même après des décennies. Ma tentation réflexe est de rapprocher ce livre de Histoire d'un Allemand par Sebastian Haffner (qui s'exile en Angleterre en 1938) retraçant la montée du nazisme et son mécanisme. On pourrait aussi rapprocher ce livre de cette prouesse littéraire de Jonathan Littell Les bienveillantes, le nazisme observé de l'intérieur en quelque sorte. On pourrait aussi faire référence au récit d'Ernst Junger Orage d'acier sur la guerre de 14-18 vécue du côté allemand.
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"Nous les allemands" par Alexander Starritt. ⭐

Nous voyons souvent que la version qui nous intéresse qui se rapporte aux "vainqueurs" de cette période terrible pour le monde. le si peu de livre que j'ai pu lire sur cette période sont des livres qui content l'histoire du "côté du bien", du côté français... Je suis toujours sur la retenue lorsque je lis ce type de livre et je pense aux personnes qui ont tant soufferte, aux innocents, aux victimes dites de dommages collatérales, etc...
Qui sommes nous aujourd'hui???
Nous nous plaignons chaque jours et la société "du nouveau monde" est de plus en plus nombriliste, tourné vers sa petite personne, c'est un fait, c'est désolant. Oh je ne dis pas que je ne suis pas de ces personnes et je ne suis pas mieux que mes voisins hélas...
Mais de jours en jours, j'apprends à prendre du recule sur cette vie dans laquelle je pense que nous avons été formaté et à l'observer d'un autre oeil.

C'est au travers de ces récits historiques même régulièrement romancés que l'on ouvre les yeux...
Qui sommes nous à l'échelle du monde, qu'est ce que nous en avons fait... 🌍

Ami(e)s lecteurs / lectrices, je vous laisse découvrir ce roman par vous même et vous souhaite de passer une excellente moment lecture.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Présenté sous forme de correspondance entre un grand-père et son petit-fils, ce livre est d'une franchise rare, glaçante mais nécéssaire. Entre témoignage et roman, il est troublant de penser que ce livre date de 2022, tellement il est captivant, difficile, réel. Meissner, soldat de l'armée hitlérienne, nous livre son récit d'une guerre moins mondiale qu'individuelle. C'est parfois cru, souvent révoltant, toujours sincère. On sent la détresse du vieil homme, sa honte, ses remords et les difficultés auxquelles il (a) fait face. Malgré tout, à travers ses réminiscences, il ne se dédouane en rien des atrocités commises. Entre culpabilité collective et regrets personnels, il raconte sans pouvoir expliquer, les excès de violence et de cruauté (même envers leurs compatriotes !) quand les hommes se rendent compte que la guerre est perdue, la folie qui les emparait, les soldats perdus et livrés à eux-mêmes, les châtiments, les meurtres de sang-froid, les privations et les suicides. C'est un texte qui ne laisse pas indifférent et je crois qu'il faut garder en tête qu'ici la nationalité finalement importe peu.

« 𝕃𝕒 𝕙𝕠𝕟𝕥𝕖 𝕔𝕖 𝕟'𝕖𝕤𝕥 𝕡𝕒𝕤 𝕔𝕠𝕞𝕞𝕖 𝕝𝕒 𝕔𝕦𝕝𝕡𝕒𝕓𝕚𝕝𝕚𝕥𝕖́ ; 𝕖𝕝𝕝𝕖 𝕟'𝕒𝕕𝕞𝕖𝕥 𝕡𝕒𝕤 𝕕𝕖 𝕣𝕖́𝕡𝕒𝕣𝕒𝕥𝕚𝕠𝕟. 𝕃𝕖𝕤 𝕁𝕦𝕚𝕗𝕤 𝕕𝕠𝕟𝕥 𝕛𝕖 𝕡𝕒𝕣𝕝𝕖 𝕤𝕠𝕟𝕥 𝕞𝕠𝕣𝕥𝕤. […] 𝕃𝕒 𝕙𝕠𝕟𝕥𝕖 𝕟𝕖 𝕤'𝕖𝕩𝕡𝕚𝕖 𝕡𝕒𝕤 ; 𝕖𝕝𝕝𝕖 𝕖𝕤𝕥 𝕦𝕟𝕖 𝕕𝕖𝕥𝕥𝕖 𝕚𝕞𝕡𝕠𝕤𝕤𝕚𝕓𝕝𝕖 𝕒̀ 𝕒𝕔𝕢𝕦𝕚𝕥𝕥𝕖𝕣. »
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