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YMCA (31/12/1985)
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Dimitri Sorokine
Les Conceptions de Tolstoi sur l'Occident (1986)

Thèse
Université de Lille III
Décembre 1986

Notre ami Dimitri Sorokine n'en est pas à son premier coup d'essai de relever le défi de paris presque extravagants comme les délires de Cléopàtre en plus chastes. Il avait déjà commis un Napoléon dans la culture russe et s'était donné un mal de chien à embrasser un tel chantier aussi scabreux. Ici dans les Conceptions de Tolstoi sur l'Occident, il a dû se tartiner la lecture de l'oeuvre complète de l'auteur russe pour arriver à ses fins, c'est-à-dire aller chercher toutes les preuves qui militent pour ou contre son point de vue sur la question. Travail de titan avec l'avantage gratuit que personne ne s'y est collé, abondamment cité, tiré au cordeau quant à la méthode avec des paragraphes et des sous-paragraphes tel un greffier comme les essais les plus fastidieux de Soljénitsyne.

Sorokine nous raconte qu'étant édité chez le Contemporain qui abritait les occidentalistes, Tolstoi n'a pu faire autrement que d'aller vers eux dans un premier temps, puis naturellement par souci de vérité et d'équilibre, il est allé voir de quel bois se chauffaient les slavophiles pour conclure que ni les uns ni les autres ne trouvaient grâce à ses yeux leur trouvant des faiblesses à tous.

On a l'impression que l'auteur russe se donnait toujours de bonnes raisons pour écarter tout rapprochement avec ses fréquentations, voulant rester vierge de toute influence. Il suffisait qu'un tel dise une chose pour qu'il en prenne le contre-pied. En l'absence de son éditeur Nekrassov, ceux qui présidaient désormais aux destinées de la maison ne remplaçaient pas son ami et il a préféré aller se faire voir ailleurs. Ses amitiés avec Tourguéniev étaient de ce fait assez mouvementées.

On ne peut pas dire que Tolstoi portait dans son coeur les écrivains français du 19 e : il trouvait que les auteurs français étaient trop attachés à la forme plutôt emphatique au détriment de la vérité. Seuls trouvaient grâce à ses yeux : Pascal. Rousseau et Stendhal en prenant soin par exemple pour ce dernier de ne citer que la Chartreuse de Parme et le Rouge et le noir. L'Emile et les Confessions eurent sur lui un effet retentissant dans sa jeunesse. Il a lu les 20 volumes des Confessions quand moi j'en étais probablement à lire les 200 exploits d' Hubert Bonisseur de la Bath. Ces livres, il les trouvait dans la bibliothèque de son père qui comme des membres de la famille était sensible aux idées rousseauistes. Ça parlait français dans la boutique et le précepteur français aussi, sévère le sensibilisait aux classiques français ; comme quoi tout petit déjà Tolstoi etait rompu sur ce qu'il convenait de penser sur la culture occidentale. Au même titre que Tolstoi n'appréciait guère le précepteur, il n'appréciait guère plus ce qu'on voulait lui fourrer dans le crâne. Et ainsi oscillait son engouement pour les lettres françaises, ainsi que les allemands et les anglais !

De manière significative aussi, on peut mesurer ainsi par le parti pris pour son auteur préféré Rousseau les états d'âme auxquels il était sujet envers la culture occidentale. On ne peut pas dire qu'avec le temps il se soit véritablement affranchi du Maître Rousseau puisque dans les années 1890 il en parlait encore à son invité français Paul Boyer à Iasnaia Poliana comme ceci :
« On n'a pas rendu justice à Rousseau ; on a méconnu la générosité de sa pensée ; on l'a calomnié de toutes manières. J'ai lu tout Rousseau, plus le Dictionnaire de musique.
« « «  je faisais mieux que d'admirer ; je lui rendais un culte véritable : à quinze ans, je portais au cou son portrait en médaillon comme une image sainte ..Telles pages de lui me vont au coeur ; je crois que le les aurais écrites. »

Pour revenir à la Charteuse de Parme de Stendhal,il trouvait anthologique sa bataille de Waterloo, et considérait que dans ses récits de guerre, il avait l'avantage de l'avoir fait la guerre, mais que Stendhal là dans cette oeuvre précisément l'avait enthousiasmé.

Et quand Balzac décrit des anges aux ailes d'azur et des palais avec des colonnes en or, c'est le bouquet, : où Balzac a-t-il pu voir cela, sans que cela suscite chez lui une moquerie acerbe .. l'écriture De Chateaubriand est trop travaillée, le souci esthétique est trop manifeste ..

Sorokine nous parle encore de revanche par anticipation estimant que les Récits de Sébastopol ont vu la perte de la Russie devant l'Occident et que le Tolstoi officier déchu au combat s'est livré à une rocambolesque aventure de réhabilitation avec son géant Guerre et Paix juste pour avoir le dernier mot sur l'Occident. Son entêtement a plus que servi la cause puisque son propre arrière-petit fils Piotr Tolstoi Vice-President de la Douma tente aujourd'hui de relever le gant contre l'Occident au bon souvenir de son ancêtre.

Pour conclure, on sent à travers ce projet fou les humeurs contrariées de Tolstoi tantôt proche de l'Occident tantôt son cordial ennemi un peu comme la douche écossaise du temps qu'il fait chez nous depuis quelques semaines. À peine une ensoleillée qu'un gros bouillon de vache qui pisse sur la tronche, plus un froid de canard à rebrousse-poil.
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