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Quatres mains, deux autrices, une seule plume pour raconter une histoire singulière dans laquelle le passé résonne puissamment dans le présent.
Chargé de contrôler les installations du barrage de Seyvos, Tomi Motz est en proie à d'étranges sensations. Comme une résonnance des vies et des morts qui ont été engloutis pour permettre l'édification de l'imposant ouvrage d'art.
Entre passé et présent, raison et folie, Tomi perd pied et s'enfonce au propre comme au figuré dans le lac artificiel à la recherche d'un monde disparu. La frontière entre réalité et onirisme s'efface progressivement alors que l'ingénieur plonge dans les abysses.
A l'aide de phrases concises, d'un vocabulaire choisi avec précision, Maylis de Kerangal et Joy Sorman réussissent l'exploit de restituer les dimensions humaines de cette aventure technologique et économique ainsi que ses échos contemporains, le tout dans un minuscule roman tenu de bout en bout.
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C'est l'engloutissement programmé du village de TIGNES pour la réalisation du barrage hydroéléctrique du même nom en 1952 qui sert de point de départ à ce roman écrit à quatre mains par Maylis de Kerangal et Joy Sorman.
Les autrices ont imaginé deux temporalités :
Le présent vécu par Tomi Motz durant quatre journées. Cet ingénieur mandaté par son entreprise pour aller inspecter les installations du barrage va tourner autour du lac artificiel dans des conditions très étranges. Il perd ses repères, est coupé du monde, contraint à une solitude non voulue, tout et tous se dérobent autour de lui , comme un écho à la disparition du village.
le passé qui retrace quelques évènements marquants d'une réalité qui avait eu à l'époque une résonnance nationale. On assiste ainsi au déménagement des cloches et du cimetière, à l'expulsion du village de ses derniers récalcitrants.
Ces deux temporalités s'entremêlent habilement. Il est impossible de savoir qui a écrit quoi, on pense reconnaître le talent de Maylis de Kérangal pour les descriptions techniques épurées et efficaces.
C'est un petit livre dense, intéressant, qui réveille les mémoires. Un travail qui sensibilise aux destructions dont l'homme est capable au nom du progrès.

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Un barrage et des fantômes : l'esprit des lieux. Par une prose d'un réalisme quasi documentaire, les deux autrices font glisser le lecteur dans un insidieux fantastique, autant de fragiles images d'un passé qui remonte, d'une culpabilité collective jamais submergée par les constructions humaines. Par leurs interrogations, leurs étranges fascinations aussi, Maylis de Kerangal et Joy Sorman dresse à travers le portrait de ces lieux une figuration de nos mythologies contemporaines.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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J'avais beaucoup apprécié le roman 'Naissance d'un pont' de Maylis de Kerangal. Quand j'ai vu que l'intrigue de Seyvoz concernait un barrage, je m'attendais à un récit du même style ... 

Mais non ! 

Tomi Motz, un ingénieur parisien, est convoqué pour un problème de maintenance au barrage de Seyvoz,  Brissogne, son interlocuteur local est absent au rendez-vous.

Ce barrage construit dans les années 50 a entraîné la destruction d'un village, reconstruit un peu plus haut, il a prospéré en tant que station de sports d'hiver.

Dans une narration qui rappelle les difficultés d'évacuation du village (traitées de manière plus impliquée dans le dernier opus de Pierre Lemaitre) en alternance avec le récit de ce séjour étrange, hors du temps et à la limite du fantastique où Toni Motz peine à rencontrer des humains ! 

Après trois jours à être évité par la patronne de l'hôtel, qui dépose à la porte de sa chambre des plateaux-repas insipides, après une plongée dans les eaux glacées du lac de retenue où il apercevra les ombres fantomatiques du village englouti, après une altercation avec des bergers, il reprendra la longue route vers Paris.

Un ouvrage que je vais oublier bien vite. Dommage ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Très court roman écrit à quatre mains. Un petit trésor. Histoire du barrage de Seyvoz dont la construction a englouti le village éponyme. le roman est construit sur quatre jours qui retracent le déplacement de Tomi, ingénieur de la Sté Vortang qui vient pour une inspection de l'ouvrage. Son rendez-vous avec Brissogne, un collègue qui travaille sur place n'a pas lieu. Brissogne lui a posé un lapin. Il se retrouve donc seul sur place et se demande comment procéder. Il tente d'accéder à la centrale sans y parvenir. S'ensuit une sorte d'errance dans la montagne entre colère et perplexité face à ce déplacement aussi lointain qu'inutile, et à des phénomènes sensoriels qui le surprennent. Entrelacé à ce récit, est la fin du village de Seyvoz et ses effets sur les habitants.... Ce texte-là est imprimé en bleu. Les deux textes sont parfaitement assortis, le ton, le style d'écritures complètement synchrones, et constituent un récit très prenant où la perspective de l'engloutissement du village entraine les états d'âme de l'ingénieur. A lire !
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Tomi, un cinquantenaire employé du concessionnaire du barrage de Seyvoz, est envoyé en mission pour évaluer l'état du barrage.
Mais le responsable local qui devait le guider est aux abonnés absents ... Tomi va passer ses journées à lutter contre un mal être envahissant; comme si
les mauvaises ondes générées par le déplacement forcé des populations locales dans les années 50 se faisait ressentir sur son esprit.
Le récit contemporain des errances de Tomi l'ingénieur est entrecoupé de descriptions de l'évacuation forcée de la zone à inonder, et de la construction du mur par des cohortes de travailleurs étrangers, faisant écho aux mauvaises ondes de Tomi.
(ces entrefilets sont clairement identifiés par la couleur bleue).
J'ai pris ce roman pour Maylis de Kerangal dont j'avais adoré "Réparer les vivants".
Mais je n'ai pas réussi à rentrer dedans comme dans ceux que j'avais déjà lu de l'auteur ...
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Je connaissais Maylis de Kerangal, notamment pour Réparer les vivants, mais pas Joy Sorman. Ce livre a été pour moi une belle découverte. Seyvoz, le nom d'un village englouti pour permettre l'édification d'un barrage… au nom du progrès et de la fée électricité. Il me semble que ce roman a été inspiré par l'engloutissement du village de Tignes, submergé en 1952 par le lac de retenue du barrage construit dans la vallée. Par la suite, les Tignards reconstruiront leur nouveau village plus haut et décideront de reproduire l'ancienne église à l'identique. L'église Saint-Jacques-de-Tarentaise, aujourd'hui à l'entrée du village de Tignes 1800, est la reproduction de l'ancienne église et les retables en proviennent.

Voici la présentation lue en quatrième de couverture :
« Tomi Motz, ingénieur solitaire, est mandaté par son entreprise pour contrôler les installations du barrage de Seyvoz dont l'édification, dans les années cinquante, a entraîné la création d'un lac artificiel et englouti le village de montagne qui se trouvait là.
Pendant quatre jours, Tomi arpente la zone. Sous l'effet d'un étrange magnétisme, sa mission se voit bientôt perturbée par une série de troubles sensoriels et psychiques. Autour de lui, le réel se dérobe ; tout vacille, les lieux et les comportements, les jours comme les nuits, et peut-être jusqu'à sa propre raison.
S'aventurant aux lisières du fantastique, ce roman sonde les traces d'une catastrophe. Maylis de Kerangal et Joy Sorman y font résonner une mémoire immergée, mais insistante, et affleurer les strates de temps qui se tiennent dans les plis du paysage. »

Le roman est découpé en quatre chapitres qui correspondent aux quatre jours que va durer la mission de Tomi, et écrit à deux voix : celle de Tomi et celle de l'histoire du village, écrite en bleu, qui raconte l'évacuation du village, les choix faits par les habitants à la veille de leur départ de ce lieu qui renfermait l'histoire de leurs familles, leurs rêves et leurs projets, les aventures parfois dramatiques des ouvriers qui ont construit le barrage.

Tomi est donc envoyé en mission et là il se retrouve seul, sans réseau téléphonique ni Internet, sans contact avec quiconque, livré à des phénomènes étranges et déroutants. Déjà perturbé par l'arrêt du tabac, il se trouve confronté à la mémoire des lieux, à la mémoire de ceux qui sont restés jusqu'au bout et qu'il imagine, et il va essayer d'expliquer les sensations étranges qui l'assaillent alors qu'il se trouve près de cet ouvrage d'art qui a coûté tant de souffrance !

J'ai beaucoup apprécié ce livre, écrit avec finesse et sensibilité, sans parti pris – c'est au lecteur de se faire sa propre opinion – avec poésie et respect également, poignant et très fort. C'est un livre engagé, mais sans plaidoyer ni revendications sauf peut-être cette déclaration faite page 69 par un des bergers rencontrés sur le chemin : « tu as détruit notre vallée, tu es venu ici en colon, en occupant, et tu as noyé nos maisons, nos granges, nos tombes, tu as électrifié le fond de la bouillasse pour que les citadins puissent faire tourner les sèche-linge, tu as racketté les sols et coulé des tonnes de béton pour ériger un mur sur la rivière, ce mur hideux du progrès… ».

Le découpage du livre donne du sens et du rythme. le personnage de Tomi est crédible et humain. J'ai trouvé très approprié et chargé de symboles dans le rappel du passé de commencer par relater le sauvetage des trois cloches, Alba, Égalité et France qu'on a descendues du clocher et qui donnaient une présence et une âme au village. Dans ce livre, le réel et l'imaginaire se côtoient et s'entremêlent adroitement, contribuant à construire une atmosphère intrigante, mais jamais pesante.

Une très belle lecture, un livre qui ne laisse pas indifférent et dont on se souviendra. Et, pour terminer cette présentation, en voici un passage de la page 21 (écrite en bleu) :

« Enfants, bêtes, cloches. La ligne de basse de leur existence. Tant qu'elle résonne ils sont chez eux, vivants ; tant qu'elle vibre, leur monde perdure, intact –leur monde, soit ce vallon évasé, assez large pour qu'y descende le soleil, une alvéole chaude et fertile, une rivière au débit tonique, et tout autour, étagés, les alpages en pentes douces, la frise de crêtes tendres et de sommets jamais atteints. Seyvoz, si proche du paradis, un camp de base avant le Ciel.  »
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Une petite pépite OLNI (objet de lecture non identifié) autour de l'histoire et de l'ambiance d'un barrage hydraulique, à deux voix. Les deux plumes des autrices talentueuses sont différenciées par la couleur de l'encre, noire ou bleue, et les périodes décrites : la construction du barrage et la destruction du village condamné à la noyage d'une part dans les années 1950, et une inspection technique contemporaine qui se heurte à une certaine hostilité (magique ?) des éléments et de l'environnement.
J'ai beaucoup aimé ce très court livre (106 pages) pour la précision des textes, l'ambiance rendue par petites touches, rien n'est en trop et tout est nécessaire dans ces descriptions de détails qui n'en sont pas vraiment - le malaise qu'on peut ressentir devant les barrages artificiels, la procédure administrative de déplacement d'un cimetière.
Il y a un peu de vaudou ou de chamanisme dans l'expérience étrange et le malaise de l'inspecteur du barrage par ailleurs obsédé par une statuette bantoue, mais ce pont culturel un peu étiré et inattendu a tenu bon finalement.
J'ai trouvé le procédé de double écriture original et très réussi.
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Ce livre restera pour moi un mystère. Ecrit à deux mains, il relate en chapitre noir le périple d'un ingénieur qui doit réparer un problème électrique sur un barrage et en chapitre bleu la vie dans le village de Servoz juste avant sa noyade avant la mise en service du barrage.
L'ingénieur ne trouvera jamais la personne qui devait le recevoir mais il semble être passé dans une quatrième dimension. Cela se lit, mais je suis restée hors du propos.
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J'ai aimé ce livre qui entremêle habilement présent et passé, réalisme et fantastique. Même si le thème du barrage est présent dans les publications récentes antérieures à Seyvoz ( chez M. Desbiolles etF.Bouysse par exemple) le livre Seyvoz est intéressant : c'est une écriture à quatre mains, concentré sur quatre jours il dit en partant du présent la violence de l'engloutissement du chef-lieu Seyvoz sans porter de jugement et ce passé décrit de façon très visuelle qui percute notre présent est un appel à la réflexion sur ce que la construction du barrage de Tignes a «  défait « , c'est aussi une mise en mots de ce que l'on peut considère comme des sacrilèges quand il s'agit par exemple de détruire un cimetière, une église, une école.
Et le début de l'histoire?
Timo un ingénieur est appelé à se rendre au barrage Seyvoz pour de la maintenance. Les auteures nous plongent des le premier jour dans des incertitudes : Tomi ne rencontre pas Brissogne avec qui il a rendez-vous, une jeune femme en Clio rouge vient l'aviser que son collègue ne viendra pas, quand Tomi veut pourchasser sa Clio rouge, elle se volatilise.Tomi est hébergé à l'hôtel
Du Val-Perdu dont le lecteur se demande s'il est bien réel, on n'y croise aucun client, le Val Perdu n'est-ce pas la nostalgie du vieux Seyvoz englouti par les eaux en 1952 quand le barrage est construit .Des faits étranges font irruption dans le récit jusqu'à la fin.?Puis les auteures intercalent des événements du passé comme le récit de la disparition de Joachim venu du Portugal pour travailler à la construction du barrage.Elles nomment les anciens habitants pour lesquels on a d'emblée de l'empathie.Le passé de Seyvoz n'est pas mort , les souvenirs se transmettent, il y a une mémoire collective et quand Tomi plonge dans le lac Il voit des vestiges.
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