Cet Alsacien effectuait de nombreux voyages entre Stuttgart, Paris et Marseille. Ce manège m’avait intriguée et j’essayai de savoir quel en était le but.
L’hôtel, qui se situait à proximité de la Hauptbahnhof, la gare principale, accueillait de nombreux voyageurs de passage, et un M. Haller, de nationalité allemande, amenait parfois des clients qu’il faisait enregistrer sous ses propres nom et prénom, Erich Haller. Les réceptionnistes n’y trouvaient rien à redire
Je n’étais pas coupable, monsieur le commissaire, et suis la victime d’une erreur judiciaire. Tout ce que l’on pourrait me reprocher c’est d’avoir été imprudente
L’une semblait une vraie garce nazie, l’autre une fille de concierges qui, en des circonstances moins singulières, serait restée une ménagère sans histoires. Toutes deux avaient gagné ce territoire incertain que l’on appelait à l’époque la zone libre. Et l’ombre que répandait l’une éclairait l’autre.
La guerre, la politique, ce sont des choses qui nous sont tombées dessus - nous n'avions rien demandé ! et, après tout, selon la manière dont le vent tourne, n'est ce pas, on risque de payer très cher ses opinions. Or ce ne sont que des opinions, pas des crimes.
[...] « Vous nous avez déclaré que vous étiez une bonne Française. Alors pourquoi dès votre arrivée en zone libre n’avez‑vous pas avisé les autorités françaises de l’activité de tous les gens que vous connaissiez et qui travaillaient pour le compte du service d’espionnage allemand ? » Je me souviens d’avoir répondu, épuisée, mot pour mot et d’une voix tremblante : « J’avais l’intention de le faire, mais je ne l’ai pas fait car en dénonçant les autres, mon ami aurait été arrêté également, chose que je ne voulais pas… »
. Je ne suis pas certaine que tout le monde puisse être fier de ce qu’il a fait.
Il est des choses qui restent plus belles en rêve ; peut-être sont-elles mieux ainsi plutôt que de courir le risque de la désillusion.
Voici un extrait des pages 97 et 98 :
« Et l'on entendait dans les bois au sud de la ville, le soir ou au cours de la nuit, claquer des coups de feu qui n'étaient point le fait de chasseurs. La chasse nous était d'ailleurs défendue depuis le début de la guerre. Seuls les occupants s’arrogeaint ce droit ; ils chassaient toutes sortes de gibier, les hommes comme les bêtes. »