Le salaire du péché

C’est une de ces femmes de rare beauté qui paraissent ne posséder que de l’ambition et sont incapables d’un véritable amour.

Les rues fourmillaient de monde ; de toute part montaient des cris et des rires. On voyait partout des femmes fardées dont beaucoup portaient des robes de ces fines étoffes que tissaient les métiers de Phénicie, et qui révélaient pour ainsi dire tout leur corps.

Cherchant à quoi la comparer, il ne put trouver d’équivalent que ces luxuriantes fleurs tropicales qu’il avait vues dans la vallée du Tigre et de l’Euphrate. La reine d’Israël résumait la volupté de la femme. Pourtant, bien que sa beauté fût aussi surprenante que la veille, elle n’avait plus sa vitalité radieuse. Son attitude présente marquait de l’ennui, mais ses lèvres étaient aussi pleines et sensuelles qu’il se les rappelait, et il savait combien elles s’enflammaient au feu de la passion.

Il avait certes, connu d’autres femmes, mais auprès de celle-ci, elles n’étaient plus dans son souvenir que de pâles fantômes. Dans les bras d’une pareille créature, il eut la pensée instinctive qu’un homme éprouverait la béatitude même, s’élèverait à une extase si haute que de simples humains ne sauraient aller au-delà.

L’éclat de la lumière qui à présent inondait l’alvéole baigna de sa clarté le corps de là prêtresse qui, dans sa splendide beauté était nue, sauf une étroite ceinture d’or autour des hanches et une enluminure d’or couvrant les mamelons de ses seins parfaits. Une seule pierre précieuse, attachée à une chaîne d’or, étincelait au milieu de son front et un masque d’étoffe pendu à la chaîne lui cachait les yeux, laissant seulement deux fentes sombres qui lui permettaient de voir.