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Baltimore est une lecture qui ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire jusqu'à maintenant.
Un journaliste décide de passer un an en immersion au commissariat central de Baltimore, l'une des villes les plus criminogènes des Etats-Unis (deux homicides tous les trois jours, soit un peu plus de 250 par an), vous me direz qu'il s'agit d'un documentaire et que ce n'est pas exceptionnel et vous aurez raison.
Sauf que l'auteur, David Simon, n'est pas un simple journaliste, il est aussi scénariste et auteur notamment de la série "The wire" (HBO sur écoute pour le titre français) qui a eu un certain succès aux States.
J'ai lu quelques livres "documentaires", mais aucun n'était "scénarisé", et toute la différence est là, car les données froides et statistiques, les effectifs et leurs journées de travail, les enquêtes, vont prendre vie, et le tout se révéler très vite passionnant.
La structure du récit est progressive, du 1er janvier au 31 décembre 1988 et nous fait entrer dans la vie des trois escouades de la brigade criminelle, la brigade que tout flic rêve d'intégrer un jour, le Graal d'une carrière, le top du top.
La structure du récit est brillante, on va suivre certaines enquêtes de très près, suivre une douzaine d'enquêteurs intimement, participer aux manigances des uns et des autres, aux rivalités plus ou moins saines car il faut savoir que là-bas un flic n'est pas un fonctionnaire ; s'il n'est pas efficace, il devra aller voir ailleurs...
Avec un sens du timing remarquable au gré des enquêtes, l'auteur va nous révéler les arcanes du métier d'enquêteur ; j'ai été scotché par la description des techniques d'interrogatoire aux limites de la légalité, la foule de détails et de ficelles employées, l'étude des scènes de crime en suivant le raisonnement des inspecteurs, les autopsies et l'art de la balistique.
Autant d'étapes indispensables pour assurer le montage d'un dossier béton pour aller au procès. Nous suivrons un procès bien sûr, avec plaidoiries incluses et coups bas de part et d'autre entre accusation et défense, le rôle des jurés, le tout avec une profondeur d'analyse qui force l'admiration.
J'ai mis une quinzaine de jours pour venir à bout de ce pavé (700 pages au format numérique) mais je n'ai pas vu le temps passer, certaines enquêtes vont se révéler plus complexes que d'autres, certaines seront plus importantes que d'autres pour des raisons "politiques" (le meurtre odieux d'une enfant), le panel des cas rencontrés sera exhaustif si l'on peut dire même si essentiellement les crimes seront en rapport avec la drogue ; en passant l'auteur n'élude pas la problématique des tensions raciales entre la police et une population majoritairement noire avec les conséquences en terme de coopération notamment.
On se dit parfois en lisant un roman policier que l'auteur a de l'imagination ou qu'il est "trash", la réalité est souvent pire que la fiction, plus d'une fois je me suis retrouvé stupéfait par ce que je lisais en me demandant si j'avais réellement lu ce que j'avais lu...
Je referme ce livre avec la sensation d'avoir arpenté les rues de Baltimore tant le style narratif est lui-même immersif, il va maintenant me falloir quelque chose de léger histoire de reprendre le cours normal de mes pensées, j'en ai bien besoin ;)
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David Simon (célèbre pour « The Corner » et « The Wire ») a réussit à obtenir lorsqu'il débuta comme journaliste la permission de suivre pendant un an les flics de la criminelle de Baltimore. Une immersion totale. Et pour le lecteur un gros pavé de plus de 900 pages, passionnant de bout en bout. Scènes de crime, passage à l'institut médico-légal, enquêtes de voisinage, interrogatoires mais aussi remises en question incessantes, angoisses, fin de journée ou de nuit à picoler et tenter de refaire le monde le temps de quelques heures, pour oublier cette saleté de ville ou l'on assassine pour la drogue, le sexe, pour un regard de travers, une dispute insignifiante. Ici tout est vrai, même le nom des enquêteurs, Simon donne vie (si je peux me permettre tant les morts sont légions) à tout ça avec un sens du tempo formidable. Une plongée dans la noirceur de l'âme humaine ou il faut être sacrément costaud pour supporter toutes ces horreurs. Baltimore est aussi une passionnante photographie à la fois journalistique, sociale, sociologique d'une ville ou les tensions raciales sont palpables. Mais c'est aussi un hommage lucide à cette brigade criminelle. Simon n'embellie pas le tableau, il les montre avec leurs défauts, leurs addictions, leurs peurs. Et c'est pour cela qu'on est en empathie avec ces anonymes. Un grand merci aux Editions Sonatine d'avoir eu l'idée d'éditer ce récit publié à la fin des années 90 aux Etats-Unis. Un énorme coup de coeur.
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En 1988, David Simon, alors jeune journaliste au Baltimore Sun , obtient la permission de suivre pendant un an, la police criminelle de sa ville.
Et le titre original américain en dit bien plus que le titre français "Homicide : A year on the killing streets" ( Une année dans les rues meurtrières )...
On n'est pas là pour faire joujou, pour se la raconter, on est dans le vrai quotidien d'une brigade , dans leur travail , leurs doutes, leurs énervements, leur acharnement, leurs réussites, leurs obsessions, leurs échecs, leurs compromis. On est chez les dingues et les paumés, les pauvres, les noirs, les drogués, les âmes perdues, les laissés pour compte de l'Amérique. En 1988, Baltimore est une des villes les plus criminogènes des USA, le meurtre est dans certains quartiers (West Baltimore) une "broutille"... Peu (ou jamais) de témoins... Ces flics sont admirables.
Ce livre , plus témoignage que roman, a donné naissance à une série " Homicide", puis a inspiré à David Simon, (avec l'aide de l'ancien officier de la brigade criminelle de Baltimore, puis professeur dans le public, Ed Burns ) , la série cultissime "The Wire" ( Sur Ecoute).
Je croyais naïvement que je retrouverais les personnages dans Baltimore, pour les raisons expliquées plus haut , il n'en est rien...
Je croyais naïvement, qu'il s'agissait d'un roman, que nenni ! David Simon nous "jette" directement dans l'action, sans présentation des personnages, sans descriptions psychologiques ou autres. On a l'impression de petites scénettes juxtaposées les unes aux autres.
Pour qui est prévenu, qui sait ce qui l'attend, cette découverte se passera bien. Pour moi, se fut un gros flop... Je m'attendais à un roman, j'ai eu des témoignages, ce n'est pas ce que je cherchais...
Arpenter les trottoirs de Baltimore, durant 978 pages a été difficile, le petit ajout à la fin laisse songeuse . le lieutenant Terry McLarney y explique qu'entre le moment où David Simon est venu observer et le moment où il écrit son petit mot en 2006, quinze années sont passées. David Simon est devenu scénariste à succès, auteur récompensé, producteur , et lui ? Lui ,il est monté en tout et pour tout ,d'un grade...
Le remerciement de la société pour cette profession est ingrat.
Les rues de Baltimore sont-elles plus sûres ?
Le constat est amer...
Un témoignage ultra sérieux, ultra intelligent, ultra intéressant . j'ai préféré la série The Wire au livre Baltimore , question de paresse sans doute...
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Cette histoire pourrait se résumer par un immense poncif professionnel : " On voit de ces trucs, si quelqu'un écrivait ce qui se passe ici pendant un an, il aurait un putain de bouquin. "
Aussi simple que ça : Ouvres le service de la Brigade Criminelle pendant une année entière à un journaliste en immersion et vous aurez votre putain de bouquin.
Un grand tableau général des misères humaines d'une grande ville étasunienne dans toutes ses splendeurs. Une vision d'ensemble : Des flics, des tueurs, des victimes.

Les flics, ce ne sont pas ces héros que glorifient littérature et cinéma. Ce ne sont pas non plus ces incompétents racistes ou bouffés par le remord qu'aiment à présenter les journalistes. La seule chose qui soit sûre, c'est qu'on ne devient pas inspecteur de la brigade criminelle de Baltimore par hasard. Par instinct, par esprit méthodique, par envie de combler un quelconque vide ?... Peut-être. Par ?... Vocation ?... Jamais pour bien longtemps alors...

Les tueurs sont bien souvent – grâce en soit rendue à quelque force supérieure – de sombres imbéciles que l'on attrape sentant encore la poudre – les poudres... - ou les paumes de mains teintées de l'écarlate de leur victime. Les longues traques de serial killer ne sont principalement que l'encre des romans. Enfin, parfois ces tueurs ne deviennent que les futurs camelots du système judiciaire. Ils ne cherchent qu'à déprécier la valeur de leur acte odieux au grand jeu de la négociation pour raccourcir le temps qu'ils passeront derrière les barreaux.

Les victimes sont le comment qui obnubile les flics. Jamais le pourquoi, vision romanesque du sacro-saint mobile... C'est bien souvent l'absence de raison bien établie qui conduit un tueur à commettre son forfait. Dans la vraie... Vie, cyniquement, les victimes se résument souvent à des lignes de couleur sur un tableau avant de se sublimer en statistique politiquement ordonnées par les lieutenants et l'administration. Mais parfois, il reste une trace indélébile. Ainsi, le meurtre de Latoya Wallace, enfant de 11 ans, découverte assassinée et violée le 4 février ne trouve-t-il pas de conclusion heureuse...

Peu d'amertume et de mise en scène dans le livre de David Simon. Des fait, des personnes, des scène de crime et de vie de la brigade criminelle. Certes écrit avec une licence journalistique, usant en abondance de la digression pour donner cette vision d'ensemble.
David Simon devint le créateur de la série policière " Sur Écoute / The Wire ". Ce livre comme toile de fond. On peut simplement regretter que l'on est attendu 2012 pour traduire un livre publié en 1990... Portant sur des événements survenus en1988.
Mais comme le précise si bien un flic en toute fin de livre : " L'essentiel, ce sont les scènes de crime, les enquêtes de voisinage et les interrogatoires, qui se jouent sur la toile de fond d'une humanité imparfaite, il en sera toujours ainsi. "
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Une année entière en immersion a permis à un journaliste du Baltimore Sun de faire vivre le quotidien des inspecteurs de la brigade criminelle de Baltimore.L arête centrale de ce récit est l acharnement des enquêteurs à essayer de résoudre, en plus de leurs autres enquêtes, le meurtre d une petite fille dont ils croient connaître le coupable sans pouvoir le prouver.Le récit depeint chaque enquête à travers la personnalité de chacun des enquêteurs.
Un document remarquable qui se lit comme un polar, avec le sentiment d y découvrir un univers tristement réel.
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En France, c'est la formidable série The Wire (Sur écoute), coproduite et scénarisée avec Ed Burns qui a vraiment fait connaître David Simon. Fresque sur le trafic de drogue à Baltimore alternant les points de vue des policiers, des divers échelons de trafiquants, des consommateurs mais aussi des hommes politiques, des journalistes, des enseignants ou encore des dockers, The Wire, avec l'aide de coscénaristes aussi prestigieux que Richard Price, George Pelecanos ou Dennis Lehane, est un fascinant tableau d'ensemble qui vient clore des années de travail pour David Simon.

Car avant cette synthèse qu'est The Wire , Simon est à l'origine de deux autres séries bien plus proches de la rue et de ses acteurs, quasi entomologiques. The Corner, dont nous avons déjà eu l'occasion de parler, mini-série de six épisodes suivait durant un an la vie de la famille McCullough, Gary le père junkie, Fran, la mère tout aussi accro et DeAndre, le fils adolescent petit revendeur de coin de rue (le « corner » donc, de Fayette et Monroe). Avant cela, il y eu les sept saisons de Homicide : Life on the street. 122 épisodes aux basques des enquêteurs de la brigade criminelle de Baltimore entre règlements de comptes entre dealers, violences conjugales, meurtres d'enfants ou incendies criminels et encore de prestigieux noms à l'écriture, notamment Tom Fontana, créateur de la série Oz.

Et, comme de bien entendu, ces deux séries sont tirées de deux livres de David Simon pour l'un (Baltimore) et de David Simon et Ed Burns pour l'autre (The Corner) qui ont chacun eu un certain retentissement aux États-Unis et ont dû attendre le succès – critique faute d'être public – de The Wire pour pouvoir être édités en France.

Paru aux États-Unis en 1998, The Corner a enfin pu paraître en 2011 chez nous avec, bien entendu le bandeau accrocheur « par les créateurs de The Wire ». Ouvrage imposant contant par le détail un an sur un marché de la drogue à ciel ouvert, il n'a malheureusement pas bénéficié du soutien d'un gros éditeur et ce sont les courageuses – tant le sujet semble finalement assez peu « grand public » - éditions Florent Massot qui ont pris le risque de l'éditer en deux volumes. le premier est sorti en 2011 – et ressort actuellement en poche chez J'ai lu… on attend toujours le deuxième, et l'on espère que l'éditeur aura les moyens de le publier.

Quant à Baltimore, que les éditions Sonatine publient aujourd'hui, premier livre de Simon initialement paru en Amérique en 1991, il s'agit là aussi d'une enquête d'un an auprès de la brigade criminelle de Baltimore. Imposant tant par son aspect (937 pages pour un bon kilogramme) que par ce qu'il contient, ce livre-enquête nous laisse à voir bien plus que le quotidien de flics chargés d'enquêter sur les quelques 234 homicides commis à Baltimore en 1988.

Embedded, comme on dit maintenant, Simon nous parle bien sûr des enquêteurs ; de leur opiniâtreté, de leurs grandes gueules ou de leur professionnalisme, mais aussi du fond de racisme dans les services qui tend à remonter parfois, de leurs erreurs de jugement ou de la mesquinerie dont peuvent faire preuve entre eux des types qui partagent les mêmes bureaux et qui ne s'entendent pas forcément. Mais Simon nous parle aussi de la manière dont est gérée par les services municipaux la lutte contre la criminalité : boucs-émissaires, arrangements avec les statistiques… par la presse, par la justice et, bien entendu, comment elle est vécu par ceux qui la subissent. Ce faisant, Simon dresse un portrait bien sombre de Baltimore en particulier (et, encore, en 1988, l'épidémie de crack n'est pas encore apparue et les gangs ne font pas encore la loi) et de l'Amérique en général : racisme, exclusion, paupérisation, justice à plusieurs vitesses et, bien sûr, crimes violents qui ne méritent déjà plus qu'un entrefilet dans le journal local tant que les victimes ne sont ni des touristes ni des enfants. C'est d'ailleurs un meurtre d'enfant, celui de Latonya Wallace, qui constitue la colonne vertébrale du livre, mettant en évidence la difficulté d'une enquête, l'obsession qu'elle peut provoquer chez l'enquêteur et la façon dont la médiatisation éphémère contribue finalement à un oubli rapide pour l'opinion.

Tout cela est fait avec une honnêteté confondante par un David Simon dont on se demande – et il se le demande d'ailleurs lui-même en épilogue – comment la police de Baltimore et les inspecteurs qu'il a suivi ont pu lui laisser écrire ce livre.

Témoignage mais aussi véritable oeuvre littéraire car Simon est doté d'une vraie bonne plume, Baltimore est un instantané fascinant et un livre intelligent.

Les accros à The Wire se laisseront tenter et l'on ne peut que conseiller à ceux qui ne connaissent pas encore de se laisser entraîner dans le monde âpre mais réel de David Simon.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Titre : Baltimore
Souvenir de lecture
Auteur : David Simon
Année : 2013
Editeur : Sonatine
Résumé : Journaliste au Baltimore sun, David Simon a suivi jour après jour le quotidien des inspecteurs chargés des homicides d'une des villes les plus violentes des états-unis. du premier coup de fil annonçant l'homicide jusqu'au classement du dossier, Simon était là, derrière les épaules des enquêteurs. Témoignage d'une cité à la dérive, de l'abnégation d'une poignée de policiers qui ne baissent pas les bras.
Mon humble avis : Baltimore est le bouquin qui inspira la série culte the wire notamment scénarisés par Simon lui-même mais aussi par d'immenses auteurs tels que Pelecanos, Denis Lehane ou Richard Price. le haut du panier de la littérature policière américaine vous en conviendrez. le projet de roman de Simon était ambitieux : suivre le quotidien d'une unité dédiée aux homicides pendant un an, de jour comme de nuit. Inutile de dire que le pari est gagné haut la main avec ce livre qui se lit comme un roman, dont les personnages sont tour à tour irritants, attachants mais dont l'abnégation force le respect. Ici l'immersion est totale, sur près de 1000 pages l'auteur nous entraîne dans la rue, dans les salles d'interrogatoire, dans les tribunaux et ce qui aurait pu paraître rébarbatif se transforme sous nos yeux en un opéra baroque et déjanté par la grâce d'un auteur qui ne nous épargne rien des petites ou des grandes histoires qui font la vie d'une section de la police criminelle. Evidemment ce texte est exigeant et l'on peut passer 20 pages sur une enquête de voisinage ou sur des témoignages qui peuvent paraître anodins mais il se dégage de Baltimore une force et un souffle qui force le respect. C'est tout l'intérêt de l'oeuvre de Simon : une précision extrême et une empathie sans cesse renouvelée pour les flics mais aussi pour les victimes, laissés pour compte d'un système qui les écrase. Un régal vous dis-je et à mon humble avis l'un des documents les plus marquants et addictif qu'il m'ait été donné de lire sur le sujet. Baltimore est un polar monumental, un livre poignant sur une réalité triste et désespérante.
J'achète ? : Si tu n'as pas peur des pavés, si tu es fan de the wire ou simplement fan de polar ce bouquin est une bible que tu ne pourras plus lâcher.
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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Attention, ceci n'est pas un polar! Et c'est ce qui lui donne toute son importance. En 1987, David Simon, jeune journaliste au Baltimore Sun, profite d'une grève annoncée au journal, pour orchestrer son projet de suivre quotidiennement la Brigade criminelle de la ville de Baltimore. « Soudain, on m'avait donné l'accès à un monde caché, voire volontairement ignoré par tout ce journalisme dépassionné. » De janvier à décembre 1988, Baltimore, une année dans les rues meurtrières, restitue les scènes de crime, les enquêtes minutieuses des inspecteurs, leurs doutes, leur entêtement et leur folle passion pour un métier ingrat, difficile et totalement prenant. En dépit du sordide et de l'insoutenable existant dans les rues déshumanisées d'une grande cité, David Simon réussit à captiver mois après mois et on se prend d'affection pour ces hommes qui traquent le criminel à tous les jours, Baltimore comptant plus de 300 meurtres par année, « des meurtres sans finasserie, l'un après l'autre, chacun une variation unique du même mal éternel. » Ce récit coup de poing a aussi été le prélude aux séries télévisées Baltimore et The Wire que Simon a scénarisées. À lire donc pour tous les amateurs de romans policiers et pour tous ceux et celles que la passion anime.
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Si on lit @Baltimore comme un roman, ce que j'ai fait, on risque d'être déçu car énumérer les meurtres commis à Baltimore pendant un an ne fait pas un bon roman.

Ici les personnages sont réels, les noms des membres de la police judiciaire n'ont pas été changé et ce que Simon a gagné en authenticité il l'a forcément perdu en narration. Impossible de développer la psychologie des personnages sans altérer la réalité ou risquer d'être censuré par les autorités qui avaient imposé un droit de regard avant la sortie du livre, donc pas de psychologie du tout ou trop peu pour rendre son livre plus humain. J'ai donc trouvé la lecture très longue surtout sur la première partie du livre qui ne concerne que les enquêtes, la partie où les procès de ces mêmes enquêtes sont développés est beaucoup plus intéressante.

Faut-il pour autant condamner ce roman ? Non plutôt le reclasser en enquête journalistique de très haute volée car s'immerger un an dans les équipes de la PJ au point faire oublier aux enquêteurs qu'un journaliste était présent est probablement un tour de force de Simon et arriver à retranscrire toutes ses notes en un récit cohérent a certainement demandé un travail titanesque.

Une lecture mitigée me concernant.

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Vous connaissez David Simon ? Bof, pas vraiment. Vous connaissez « The Wire » ? Ah, il y a déjà davantage de réponses ! Eh bien, saviez-vous qu'avant de devenir le showrunner adulé (ou détesté, c'est selon) de « The Wire », David Simon avait été journaliste au Baltimore Sun ? Lassé d'écrire toujours les mêmes articles soporifiques et superficiels, Simon a décidé en 1988 de tenter une expérience ambitieuse : intégrer et suivre pas à pas l'unité des homicides de la ville pendant un an. A sa grande surprise, la hiérarchie policière a accepté sa requête. Et voici notre Simon – vingt-huit ans à tout péter, pas encore chauve, déjà bedonnant – promu « policier stagiaire » et entouré d'une vingtaine d'inspecteurs, pour la plupart blasés et vaguement alcooliques, avec lesquels il devra coopérer pendant toute une année. Et la moindre des choses, c'est de dire qu'il a pris sa mission à coeur ! Pendant une année, il a été partout à la fois : sur les scènes de crime, dans les salles d'interrogatoire, à la morgue et dans les bars. Il a tout noté : toutes les enquêtes bien sûr, mais aussi les petits cafés pris entre deux interrogatoires, les blagues échangées au dessus d'un cadavre, les coups de gueule et coups de sang…

Pourtant au bout d'une année, quand vient le moment de coucher tout ça par écrit, c'est l'angoisse de la page blanche. Heureusement, un inspecteur avec lequel il s'est lié d'amitié le délivre de sa paralysie : « Sur quoi tu vas écrire ? Ben, sur nous, tiens ! Les enquêtes c'est important et t'en parleras en toile de fond, mais c'est sur nous que tu vas écrire. » Et c'est bien ce qu'a fait Simon. En plus d'être un ouvrage de sociologie passionnant et un travail journalistique ahurissant de réalisme, « Baltimore » est une épatante série de portraits. Ces inspecteurs avec qui il a discuté, plaisanté, bu des bières et occasionnellement échangé des insultes, Simon ne les idéalisent pas. Ils les présentent pour ce qu'ils sont, à savoir des hommes fatigués, souvent frustrés, un peu racistes, un peu soulards mais tous poussés par une motivation profonde. Car pour survivre dans l'unité des homicides de Baltimore, il faut avoir un peu de croisé en soi, il faut y croire, croire en la sacralité de sa mission. Un inspecteur des homicides ne fait pas un travail comme un autre, il ne se bat pas pour un salaire (risible) ni pour une reconnaissance (pire encore), il se bat pour venger les morts.

Le quotidien des inspecteurs s'entrelace de passages plus analytiques où Simon se laisse aller à ses penchants de « sale gauchiste coco ». Ses passages sont tout aussi fascinants et nous livre une réflexion profonde sur la justice américaine et les tensions raciales qui déchiraient et déchirent encore les USA. Tout ceci est bien sûr d'une noirceur à se flinguer et les mots qui terminent sobrement la postface, constatant une recrudescence du crime à Baltimore depuis les années 90 où Simon écrivait son livre, tordent le coeur. On en ressort avec l'impression écrasante d'un combat perdu d'avance, une lutte inégale viciée par les compromis, les préjugés et la peur de l'autre. Pourtant il faut bien que des gens la mènent cette lutte, hein, les mecs ? En bref, « Baltimore » c'est beau comme du Shakespeare, drôle comme du Molière et tragique comme du Racine. A lire absolument.
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