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Citations sur Le grand amant (9)

Tout le monde sait que le général Sir Douglas Haig qualifie nos milliers de morts de « pertes habituelles » et dit que si cette bataille entraînait cinq cent mille morts et blessés, ce serait une chose « tout à fait acceptable ». Acceptable pour qui, je me le demande ? Pas pour moi. Ma vie est tout ce que j'ai. J'ai cru qu'à l'âge avancée de vingt-huit ans, je serais moins ennuyé de la perdre. Tout au contraire, je tiens chaque seconde que j'ai vécu jusqu'à ce jour pour sacrée, et déteste ceux qui voudraient m'ôter l'occasion de voir un autre lever de soleil, de manger un autre repas, ou de finir mon livre. 
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 Tout l'après-midi, les restes décimés de la 55e et des troupes de soutien ont traversé nos tranchées les uns après les autres, à la recherche de leurs officiers ou des postes de premier secours. Nous avons fait de notre mieux pour les aider. Nous, ceux de la 1re Rifle Brigade, nous nous attendions à être jetés demain dans ce hachoir à viande, mais le bruit court que des bataillons de réserve ont été choisis pour le sacrifice. C'est terrible de se sentir soulagé parce qu'un autre homme va mourir.
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Le grand amant

Quel amant j'ai été !
A chanter fièrement la splendeur de l'Amour,
La souffrance, le calme et l'émerveillement,
Le désir sans limites, et le repos tranquille,
Et tous les doux noms qu'inventa l'homme, trompant le désespoir

Aux courant aveugles et chaotiques qui entrainent a
Au hasard nos cœurs, le long de la vie obscure.
A présent, avant qu'un vain silence ne tombe
Furtif sur ces querelles, je voudrais tromper la Mort endormeuse

Et que ma nuit soit connu pour l'étoile
Qui éclipsa tous les soleils de tous les jours des hommes.
Je veux, d'un chant immortel, couronner
les êtres que j'ai aimés, qui m'ont donné, les ayant forcés avec moi,
De grands secrets, qui ont vu à genoux dans le noir
Ineffable dieu des plaisirs.
L'amour est une flamme : - nous avons éclairé la nuit du monde.

Une ville : - Nous l'avons bâtie, eux et moi.
Un empereur : - nous avons appris au monde à mourir.
Aussi,pour leur cher salut, avant d'aller plus loin,
Et pour la noble cause de la grandeur de l'Amour,
Et pour la jeunesse de cette foi, je veux écrire ces noms,
Ces noms d'or immuable, aigles, flammes hurlantes,
Et brandir bien haut, pour édifier les hommes.
Une bannière qui brave les générations, brûle
Et se consule sur l'aile du Temps, épars, étincelante.

Ce que j'ai aimé, le voici :
les porcelaines blanches, qui rayonnent
cerclées de bleu ; la poussière impalpable et féérique ;
Les toits mouillés sous les réverbères ; la croûte dure
Du pain ami ; les mets aux saveurs multiples ;
L'arc en ciel ; et l'âcre fumée bleue du bois ;
La pluie brillante en gouttes dans la tiédeur des fleurs,

Les fleurs aussi, se courbant au soleil,
Et rêvant des phalènes qui les boivent sous la lune ;
Et puis la fraîcheur tendre des draps, où bien vite
Les soucis s'en vont ; le baiser rude et mâle
Des couvertures ; bois rugueux ; cheveux flottants,
Epars et clairs ; amas bleu de nuages ; la beauté aiguë,

Indifférente d'une grande machine ;
La bienfaisance de l'eau chaude ; la douceur des fourrures,
La bonne odeur des vêtements anciens ; et encore
L'odeur réconfortante des doigts amis,
le parfum des cheveux, et les senteurs moisies traînant
Parmi les feuilles mortes et les vieilles fougères ...
Noms aimés,
Et mille autre qui surgissent ! Flammes royales ;
Rire à fossettes de l'eau douce, du robinet ou de la source ;
Creux dans le sol et vois qui chantent ;
Voix qui rient aussi ; et la souffrance du corps,
Vite apaisée ; et le profond halètement du train ;
Sables fermes ; la mince frange grise de l'écume
Qui brunit et disparait lorsque la vague se retire ;
Les pierres lavées, gaies pour une heure : la froide
gravité du fer ; l'argile terreuse, moite, noire ;
Le sommeil ; les sommets ; les pas perdus dans la rosée,

Les chênes et les marrons bruns, luisants et neufs,
Les bâtons sans écorce ; l'éclat des flaques parmi l'herbe ;

Tout cela, je l'ai aimé. Et tout cela s'en ira à l'heure indécise,

Et ma passion ni mes prières ne pourront faire
Qu'avec moi je les garde, franchies les portes de la Mort
Ces chses déserteront, me fuiront avec un regard traître,
Brisant le beau lien qui nous unit, livrant à la poussière
Ces serments de l'Amour et son pacte sacré.

Oh je sais bien qu'un jour je m'éveillerai
Pour donner à nouveau ce qui me restera d'amour trouver.

D'autres amis, aujourd'hui inconnus...
Pourtant ce qui m'est le plus cher
reste ici, et change, et se brise, vieillit et s'envole
Aux quatre vents, et quitte les cerveaux
des hommes et finit par mourir,
Rien en demeure.

Ô chers amours, Ô mes beaux infidèles, voici encore
Un don ultime : un jour, dans bien longtemps des hommes
Vous verront des amoureux vous loueront :
" Que j'aime tout cela ! " - alors vous pourrez dire " Lui nous aima".


James Edwin Rooke
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J'étais parti avec une douzaine au moins de garçons de ma section, mais ils se faisaient descendre un par un. Je m'arrêtai près d'un homme couché face contre terre et lui demandai : "vous êtes blessé ?
- Merde, qu'est-ce que tu crois que je fous là, pauvre couillon de rupin ? me répondit l'impoli personnage. Je cueille des pâquerettes ?" Une balle de mitrailleuse le frappa alors au centre exact de son casque, il vomit sa cervelle, et je poursuivi mon chemin.
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Jeudi, 14 juillet
La Dame n'est pas avec moi ce soir. Elle était là, plus tôt, mais les médeceins ont fait du bruit et elle n'est pas revenue. Je sens son parfum.
Brickers, mon voisin, celui qui n'avait plus que la moitié du visage et n'a cessé de gémir depuis que j'ai repris conscience, vient de mourir il y a quelques minutes. Impossible de ne pas comprendre la signification de ces gargouillis et de ce râle.
La Dame était présente à ce moment-là. Elle n'est plus icei. Je pris pour qu'elle revienne.
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8h32. Qu'est-ce qu'un poète vient faire ici ? Qu'est-ce que n'importe lequel d'entre nous vient faire ici ? Je devrais prodiguer à mes hommes quelques mots d'encouragement, mais ma bouche est tellement sèche que je me demande si je pourrai parler.
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Mais il faut que je couche sur le papier ce qui m'a poussé à commencer ce nouveau journal intime.
Je sais que je vais mourir ici, dans la Somme. J'en suis certain.
Et je sais maintenant que je suis un lâche.
Pendant les derniers mois d'instruction à Auxi-le-Château, ou durant mon cantonnement précédent, à Hannescamps, j'ai eu le sentiment que ma tendance à la nervosité et mon penchant pour la poésie révélaient un certain manque de courage. Maais je me disais que je n'étais qu'un bleu, qu'il s'agissait seulement d'une sorte de trac, qu'il était normal qu'un jeune officier subalterne ait la frousse en découvrant le front pour la première fois.
Mais maintenant, je sais.
Je suis un lâche. Je ne veux pas mourir et j'ai l'impression que ruen ne mérite qu'on lui sacrifie sa vie - ni le roi, ni ma patrie, ni même le fait de sauver ma famille et la civilisation occidentale des Huns esclavagistes.
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J'en suis venu à comprendre que la Mort est une fiancée jalouse.
Je pense aux femmes qui attendent au pays - les mères, les soeurs, les amantes et les épouses - et à la manière possessive dont elle parle de nous - des morts et de ceux qui vont mourir. Elles sont bien prétentieuses et bien arrogantes si elles croient pouvoir retenir le souvenir qu'elles ont de nous comme des cendres et des ossements enfermés dans une urne.
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Je prend vite conscience que si je n'avais pas gagné mes galons grâce à mes études et à mon rang social , je serais couché là avec les autres gars , à espérer que ce salaud de lieutenant fermera sa gueule , se couchera ou se fera descendre
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