Citations sur A mi-chemin (15)
La vie, c'est ce qui vous arrive pendant que vous rêviez de faire autre chose. (Formule simple).
People used to say that the blessed “would see heaven”; my wish would be to see the earth forever. —Peter Handke
( Les gens disaient, les chanceux "verront le paradis"; mon souhait serait de voir La Terre pour toujours )
Que la réalité, c'est une "question personnelle", et que tout le reste est juste du baratin, de l'apparence, de la poudre aux yeux. Comme les infos à la télé. Il dit que si les gens regardent tellement les infos, c'est parce qu'elles ne sont que du mensonge et que cela leur convient parfaitement, parce qu'ils ne veulent pas voir la réalité. Parce que la réalité serait trop dure à avaler pour eux. (Un bout de mur de Berlin).
.....their version of “luck” had subtly changed over the years. It no longer had anything to do with money or success or health or the “future” of any kind—that was the main difference. “Luck” now had to do with the present. Sustaining the present. Celebrating it, in fact.
( ...leur interprétation de " la chance" avait changé avec les années. Ce n'était plus une question d'argent, de succès,ou de santé ou d'un quelconque futur- c'était là la principale différence."La Chance" avait à faire avec le présent. Vivre au présent.En faites le célébrer)
Great dream of heaven
J’aimais ces larges avenues du Midwest ombragées par les érables, où la limitation de vitesse à 45 était respectée avec le même zèle que si elle avait été inscrite dans le crédo luthérien, et où l’on vous klaxonnait avec indignation – mais sans faire un doigt, ou très rarement – si vous aviez l’audace de doubler quelqu’un. Les piétons du Minnesota vous dévisageaient en silence pendant que vous passiez lentement devant eux, ils étudiaient chacun de vos traits avec une attention presque douloureuse, comme s’ils cherchaient désespérément quelque chose, quelque réponse dans les yeux d’un parfait inconnu. De quoi pouvaient-ils être en quête, franchement ? Je ne connais pas d’autres endroits dans le pays où les gens vous regardent dans votre voiture avec une telle stupéfaction muette. Peut-être que cela vient d’avoir survécu à trop d’hivers interminables et à trop de soupe de morue dans les déjeuners de charité à l’église.
J'ai suivi ses instructions, mais en terminant la deuxième demi-clé j'ai noté à la tension de la corde que le hongre se préparait à nous jouer encore un tour à sa façon. Sur son dos, les muscles ondulaient comme des couleuvres. Des coulées de sueur noire sortaient de sa crinière. J'avais dans le nez l'odeur de la peur, aussi forte que celle d'un rat mort dans une mangeoire.
E.V. m'a adressé un clin d'oeil sans que papa s'en aperçoive et dans ce seul geste j'ai vu qu'il pouvait encore y avoir des hommes adultes qui appréciaient la vie en ce bas monde, qui se débrouillaient pour éviter le trou noir dans lequel mon père était tombé.
E.V. est resté là un moment, le dos voûté, jaugeant le hongre qui trottait en rond nerveusement, narines écumantes, la queue haute et les oreilles ourlées de noir pointées dans toutes les directions.
" Pas si fou que ça, a-t-il constaté avec satisfaction sans quitter le cheval des yeux. Il a déjà deviné qu'on avait une idée pour lui. Bon, je vais te dire, fils... "
Il s'est tourné vers moi. A l'instant où son regard rayonnant m'a atteint, j'ai senti comme une main bien chaude se poser sur ma joue. Il y avait là une gentillesse dont je ne m'étais pas attendu à avoir tant besoin.
Au-dessus des ailes de poulet fumantes, il y a un petit carton avec une phrase écrite à la main dessus : LA VIE, C’EST-CE QUI VOUS ARRIVE PENDANT QUE VOUS REVIEZ DE FAIRE AUTRE CHOSE. L’écriteau tout taché se balance lentement dans la lumière orange des rampes chauffantes. Une musique de fond apocalyptique geint dans les haut-parleurs bien cachés. Un petit gars tout anémique est embusqué derrière le comptoir, sa casquette enfoncée sur le crâne et deux grandes oreilles rosées pointant sur les côtés, chacune autant chargée d’anneaux qu’une tringle à rideaux. On dirait qu’ils ont été fixés dans la chair avec l’un de ces poinçons dont on se sert pour marquer le bétail…
Toujours tacitement, leur définition commune de la chance avait subtilement évolué avec les années. Cela n'avait plus rien avoir avec l'argent, le succès, la santé ou un quelconque « futur ». Et c'était un grand changement. Désormais, la bonne étoile brillait seulement sur le présent. Il s'agissait de le vivre, de s'en réjouir. De le fêter. Être assis sur cette banquette, le dos contre la vitrine sur laquelle se reflétaient le fleuve Colorado et la chaleur féroce du désert, sentir la brise glacée de la climatisation, découvrir les yeux de Faye se poser sur eux et irradier ce sourire qui n'était qu'à elle, la regarder s'approcher d'eux avec son crayon et son carnet de commandes, telle était la plus rare des chances.
(Avec vue sur le ciel)