Citations sur Le Chat du Rabbin, tome 3 : L'Exode (32)
- Les Champs-Elysées ! c'est quelque chose, tout de même, hein.
- Ah oui, ça, c'est grand. Mais qu'est-ce que tu veux mon fils, c'est triste.
Quoi? Tu crois qu'ils mettraient, est-ce que je sais des palmiers ? quelque chose pour égayer ?
C'est-à-dire les pauvres, heureusement qu'ils sont tout le temps occupés parce que dans cette ville, si tu as deux minutes pour t'asseoir et regarder le ciel, tu pleures tellement c'est gris.
Le reste de la journée a été occupé à trouver une darboukah et à laver le chien.
(Le marchand : )
- celle-là est superbe, voyez, il y a de la nacre, là, et si vous retirez la peau, ça fait un vase très original.
Le maître a opté pour un instrument plus modeste mais avec un joli son. Les marchands avaient énormément de mal à comprendre qu'on achète un tambour arabe pour en jouer et pas pour décorer dans son salon.
- Voilà. C'est Paris, regardez un peu.
- Oui, bon.
- Regardez : la Seine.
- Les pauvres. Même pas ils ont la mer.
Moi, j'étais amoureux d'une française Je lui plaisais mais un juif, elle n'en voulait pas pour mari.
Après, j'ai été amoureux d'une juive mais elle était riche et ses parents ne voulaient pas de moi.
La vérité, on va là où les gens veulent bien de vous.
Pendant le retour, le rabbin était triste car Paris lui manquait.
Moraï verabotaï, chars amis, j'ai connu un juif qui mangeait tout le temps du porc. Et le Shabbat, il fumait et jamais il ne priait.
Kahal Hakadosh, je l'ai regardé et je me suis dit "toi, tu ne respectes pas la Torah qui est le mode d'emploi de l'existence. Tu ne le sais pas mais tu dois être moins heureux que moi." Je l'ai bien observé; et très honnêtement, je ne crois pas qu'il vivait moins bien que moi.
Alors, mes amis, si l'on peut être heureux sans respecter la Torah, pourquoi se fatiguer autant à appliquer tous ces préceptes qui nous compliquent tellement la vie?
- Mais pourquoi tu fais semblant d'être un arabe ?
- Parce que pour faire le juif, il faut l'accent polonais, et je sais pas le faire. Oui, parce que juif du Maghreb, ça ne les intéresses pas trop, les gens, ça leur complique... Le public, tonton, il aime pas les choses compliquées.
"Je ne suis pas un maquereau et ma fiancée n'est pas une pute. Par contre, elle est catholique.
- Tu...tu...et c'est sérieux, avec cette jeune personne ?
- Oh, écoute, tonton, sauf le respect, ta gueule. Non. Pardon. Alors voilà, on est entre hommes : je suis fou d'elle, mais comme c'est une chanteuse, elle s'envoie à peu près tout Paris en plus de moi. Alors quand elle ne rentre pas, la nuit, je me saoule et si ça continue, je vais me foutre en l'air."
Mon maître pousse un soupir de soulagement.
" Alors comme ça, il n'y a pas encore vraiment de projet de mariage, hein ?"
Mon maître n'est pas très à l'aise, devant ce rabbin de Palestine qui agonise sur la croix.
-Comment ils peuvent se concentrer sur la prière devant cette sculpture? Il y a même le sang et les yeux révulsés. Comment je vais trouver le sommeil avec ça?
Le maître explique que chez nous c'est pas comme ça et que c'est bien triste. Les gens de devant lui disent de se taire, qu'on ne s'entend plus prier.
Le maître s'énerve, dit qu'il est rabbin et que chez nous, en Algérie, on est assez intelligents pour parler en priant et que si à Paris ils ne savent faire qu'une chose à la fois M'skina il les plaint.
- Regardez : la Seine.
- Les pauvres. Même pas ils ont la mer.
- Les Champs-Elysées ! C'est quelque chose tout de même, hein !
- Ah oui, ça, c'est grand. Mais qu'est-ce que tu veux, mon fils, c'est triste. Quoi ? Tu crois qu'ils mettraient, est-ce que je sais, des palmiers ? Quelque chose pour égayer ? C'est-à-dire les pauvres, heureusement qu'ils sont tout le temps occupés parce que dans cette ville, si tu as deux minutes pour t'asseoir et regarder le ciel, tu pleures tellement c'est gris.