Le tome 2 des Chemins de Compostelle nous permet de suivre Blanche, a.k.a. La Petite Licorne, et Céline. La première est du côté de Sedan et puis de la Champagne. La seconde a quitté le Mont Saint-Michel et se dirige vers le Finistère.
Blanche évoque toujours son papounet, qui ressemble toujours à
Julos Beaucarne. Et Céline rencontre un jeune homme étranger que tout accuse, depuis le meurtre de deux campeuses jusqu'au détroussage d'un groupe de pélerins sur le chemin de Compostelle. Suite à cette rencontre, et compte tenu des propositions païennes d'Angelo (qui s'appelle réellement Paul), Céline s'écarte peu à peu de ses "bonnes" résolutions d'entrer dans les ordres. On a droit à un petit flashback sur les motivations de cette décision.
Résumé comme cela, le tome 2 donne une impression d'être tendu, cohérent et de compact. C'est malheureusement tout l'inverse. J'ai toujours beaucoup de mal à me dire que
Jean-Claude Servais puise ses racines dans les contes, mythes et légendes de nos contrées, tant ses récits sont distendus, entrecoupés de vapeurs d'éther, hachés... Il faut s'immerger dans un récit de Servais.
Il fait d'agréables parallèles entre l'Ardenne belge des Sottais et la Bretagne de l'Ankou, que l'on croise à maintes reprises. Tout comme la scène de Céline et d'Angelo dans la forêt de Brocéliande (enfin ce qu'il en reste) est une longue élucubration mystico-onirico-féérique, plutôt bien menée.
Pour faire bonne mesure,
Jean-Claude Servais rajoute de nouveaux personnages dans les dernières pages... pour mieux nous emberlificoter, nous enmacraler... dirait un vieux wallon.
Au passage, le trait de
Jean-Claude Servais nous sert de superbes bâtiments et monuments. Il nous révèle une passion pour
Rimbaud. Il se substitue à un guide touristique, et même à diverses brochures historiques... C'est le côté obscur de
Jean-Claude Servais, celui qui s'écarte résolument du récit et dulie son propos de manière peu appropriée.
Cela dit, la magie de
Jean-Claude Servais se révèle efficace et digne d'intérêt. Il trouve dans la Bretagne féérique (ou celle cruelle de Gilles de Rai) un terrain qui sied parfaitement à son penchant pour les légendes.