Ce qui me déplaît fort dans cette idée de décadence, c’est qu’on ne sait pas quoi en faire. Si on la prend au sérieux, on ne peut plus agir contre la décomposition en cours, ni penser à ce que pourrait être une nouvelle organisation sociale. En réalité je pense que si on a besoin d’une telle idée, c’est que déjà on ne veut ni agir ni penser, mais qu’on veut tout de même garder la pose de celui qui discourt à son aise sur l’histoire universelle, et n’est pas dupe de la vaine agitation de ses contemporains. C’est ce que l’on appelle s’envelopper dans les vastes plis d’une proposition générale pour chatouiller astucieusement par en dessous sa vanité personnelle.
Il n'est pas besoin d'être particulièrement porté à la critique pour s'apercevoir que l'affranchissement apporté par l'époque bourgeoise a sombré dans une absurdité irrémédiable. Chaque progrès apparaît foncièrement vicié et en règle générale tout ce qui devait faciliter la vie la dévore. L'idée que le processus historique commencé à la Renaissance puisse connaître un aboutissement heureux est si bien discréditée qu'on peut dire que les Temps modernes ont atteint leur point de perfection, la perfection étant précisément la qualité de ce qui ne peut plus être amélioré. Les Temps modernes sont donc achevés : ils avaient commencé dans les villes, ils finissent avec elles.
L'un d'eux l'a bien dit: en dépit de tous les révolutionnaires, il faut reconnaître que le rôle de l'imagination est moins d'établir des choses étranges que de faire paraître étranges les choses établies.
Le moment de prendre l'initiative ne vient jamais pour ceux qui attendent que les "conditions objectives" marquent leur heure dans l'histoire.
Des formes nouvelles, aussi déconcertantes que la désolation d'une rue piétonnière pour qui croyait avoir seulement à se plaindre des voitures.