Je suis très étonnée que ce livre ne fasse l'objet que de quatre critiques sur Babelio car je me suis vraiment régalée! Trouvé d'occasion, il m'a attirée par son titre et ce que la quatrième de couverture en disait, heureusement sans trop dévoiler les ressorts de l'histoire. Un film semble avoir été adapté depuis.
C'est un jeu du chat et de la souris, fort réjouissant, qui nous est proposé. Mais pas seulement. Au départ, l'accent est mis sur Roy, un octogénaire ( eh oui!) encore fringuant, toujours en quête d'une proie, afin d'étoffer ses revenus. Betty, repérée sur Internet et rencontrée , lui parait une victime de choix, riche veuve écossaise assez crédule. Il va pouvoir encore exercer son talent d'escroc...Cependant, quelques remarques dans le texte laissent entendre que Betty n'est pas si innocente que ça...
La remontée dans le temps permet de découvrir l'étendue des mensonges et travestissements de Roy, au cours de sa vie aventureuse... Et presqu'à la fin du livre, le lecteur verra ses suppositions complètement remises en question! Et l' Histoire révéler des destins douloureux...
Diaboliquement construit, voilà un thriller atypique et prenant, au ton souvent délicieusement cynique., mais comportant aussi des passages émouvants. Il mérite plus de lecteurs!
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Très bon roman plutôt noir, entre polar psychologique, espionnage et suspens historique. on ne lâche pas le morceau facilement, je n'en dis pas plus...pas de mensonge par omission ;-)
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Trois cent vingt pages qui ont précédé, c'est long ! trop long... Dommage car le dénouement est vraiment intéressant et bien pensé !
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Searle ne se contente pas de faire montre ici d'une belle maîtrise narrative, il dote sa fiction d'une vraie tension morale, d'une profondeur méditative qui l'extrait du commun du roman à suspense.
Lire la critique sur le site : Telerama
Quand le café arrive, il soupire, ferme les yeux et se laisse envahir par l'arôme. En se forçant un peu, il peut se croire dans une brasserie de Vienne ou dans une confortable Konditorei d'une ville allemande bourgeoise. Toutes les villes allemandes sont bien sûr bourgeoises et confortables. Il s'y imagine une fraction de seconde, mais est bientôt ramené à cette Angleterre de merde. Et cela depuis soixante ans, pense-t-il ; ou plutôt soixante dix ans. Il déplie son journal et recouvre son calme.
Les filles sont particulièrement fascinantes. Les garçons, des adolescents en pleine puberté, fanfaronnent et foncent tels des rhinocéros, victimes inconscientes de leurs hormones. Les filles sont plus averties. Et du savoir naît le doute, exprimé de multiples façons. Il y a celles qui, pragmatiques et studieuses, estiment que diligence et intelligence, qui font bon ménage, les aideront à surmonter les écueils et les mettront à l’abri de la solitude et de l’échec. Il y a les jolis minois, les pin-up de la classe, pour la plupart des petites têtes pas compliquées, sûres de leur charme et de leur popularité et, malgré tout, très peu sûres d’elles-mêmes parce qu’elles savent d’instinct que leur beauté est éphémère et qu’elle dépend des caprices de leur croissance. Puis il y a les petites putes ; pas forcément très malignes, assez cependant pour savoir qu’elles ne sont ni très brillantes ni très jolies. Elles utilisent des stratagèmes, se maquillent, raccourcissent leurs jupes sitôt qu’elles quittent la maison pour attirer l’œil des garçons.
Vous ne m’aimez pas. Et je m’en fous. Il émet un petit gloussement et sursaute. Cela devient difficile, très difficile, de maintenir ces échanges affectés et de feindre en souriant un intérêt pour ce dont il est question. L’effet de l’âge. Il ne faut pas se contenter de faire mieux ; il faut réussir. Absolument. Il doit se montrer investi et enthousiaste, devenir un membre à part entière – et pas un intrus – de cette coterie pleine de suffisance.
C’est pourtant pénible. La tolérance n’a jamais été, il le reconnaît volontiers, son point fort. Déguiser l’intolérance, ça oui, mais c’est une tout autre chose. Il s’est beaucoup amusé au cours des années à masquer ses sentiments d’un sourire indulgent et d’un petit mot gentil. ça a toujours payé.
Les « Russes » étaient en fait un groupe d’individus d’Europe de l’Est, des marginaux que Roy avait rencontrés lorsqu’il vivait dans les Balkans et qu’il avait installés pour deux semaines dans quatre chambres du Savoy, en leur donnant un peu d’argent de poche. Ils devaient suivre tous les jours le script précis qu’il leur fournissait. C’était bien entendu un peu plus compliqué que ça, plus exigeant, mais telles étaient les grandes lignes. Les « Russes » étaient rusés, on ne pouvait leur faire entièrement confiance, cependant ils étaient intéressés par l’offre de Roy et, très important, ils avaient compris qu’il était aussi futé qu’eux. Le trahir n’était pas dans leur intérêt.
Face à une déception annoncée, il pourrait ainsi s’en aller discrètement sans se présenter. Ces choses-là sont tellement prévisibles. Mais il ne repart jamais. Il se fait un devoir de saper leurs illusions. Pour leur bien. Et se dirigeant vers la créature avec un sourire radieux et galant, il se lance dans une scène jouée cent fois.
« Une des choses que je déteste tout particulièrement, dit-il, c’est la malhonnêteté. »
Le plus souvent, elles sourient et hochent la tête avec humilité.
Nicholas Searle on The Good Liar, Ian McKellen, Helen Mirren interview at premiere in London