Il me sembla que les questions de ma tante amenaient les valets de chambre à nous regarder avec ironie mon père, ma mère, et moi: Qu'est-ce que nous y connaissions à l'air conditionné et aux rasoirs électriques? mais les autres venaient d'Amérique (...)
La déception de ma tante avait deux visages : nous, sa famille, nous n’étions pas morts de faim comme elle se le figurait en Amérique ; le bourg ne s’était pas amélioré comme elle l’avait espéré.
Nous avions l’impression que les Américains ne voulaient pas venir dans ce bourg tellement silencieux, tellement mort, qu’ils allaient l’encercler et le laisser comme ça, dans l’angoisse de l’attente : il leur suffisait de le regarder d’en haut, blanc et silencieux comme un cimetière.