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EAN : 9782213706290
250 pages
Fayard (25/08/2021)
4/5   3 notes
Résumé :
Ils sont prêts à tout. Traverser les océans, sonner sans s’annoncer, ou faire jouer des relations, que parfois ils n’ont pas, pour un instant passé avec un écrivain qu’ils admirent. Si la plupart sont sincères, d’autres ne seraient pas contre un coup de pouce pour « entrer en littérature ».
L’écrivain, s’il se méfie des idolâtres, se laisse parfois déborder par de vils flatteurs . Confrontations cruelles, vrais échanges, amitiés naissantes, détestations étern... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Très Jolie découverte en flânant à la Librairie-édition "Le Dilettante", place de l'Odéon [Lundi 11 octobre 2021 ]

Un vrai régal…Une lecture aussi euphorisante que ludique et éclairante, nous faisant voyager sur cette planète magique qu'est la Littérature…

L'auteure, au fil d'anecdotes savoureuses, inédites nous fait croiser nos grands écrivains au seuil de leur carrière, rêvant de rencontrer leurs maîtres et modèles qu'ils vénèrent… Ainsi, nous assistons, heureux, ou déçus , ou désolés, aux rencontres réussies ou franchement ratées entre les jeunes auteurs en devenir et leurs maîtres et modèles…plus ou moins réceptifs à ces admirateurs acharnés !!

Il y a des rencontres, croisements croquignolesques : je songe au jeune Victor Hugo se présentant à son idole : F.R de Chateaubriand…Un Oscar Wilde touchant,émouvant, se défaisant de ses simagrées mondaines devant son poète préféré, Walt Whitman, se retrouvant comme un petit garçon, éperdu d'admiration… et puis les déceptions cuisantes et brutales, comme Raymond Roussel essuyant , en dépit de son obstination méritante, un accueil indifférent , glacial et sans réciprocité de Pierre loti…Une Françoise Sagan pleine d'admiration pour les écrivains américains, Tenessee Williams, et Carson Mc Cullers, etc.

Histoires d'amour, d'amitié éblouissantes, magiques ou descentes brutales des piédestals !!
Des oscillations extrêmes, qui, toutefois ne font pas renoncer les écrivains ou poètes en herbe, à leur passion des mots, de l'Ecriture et aux "objets de leur vénération" !!

« Introduction-- Pour les écrivains visités, la question est plus délicate encore. Comment se montrer à la hauteur des émois que leur plume a fait naître ? Quel conseil donner à celui qui se cherche à tout prix un destin littéraire ? Comment pourrait-il faire coïncider sa réalité et celle qu'on lui prête ? le voilà redevable d'un enthousiasme qui peut croître ou chuter selon un oscillographe capricieux dont il n'a pas la mesure. Sinon, gare ! Les jeunes ingrats, passés les premières louanges, n'hésiteront pas un jour à déboulonner la statue du commandeur. du reste, ne sont-ils pas venus, et de façon plus ou moins consciente , pour "tuer le père" ? »

Je ne rentre pas dans le détail de ces admirations fort nombreuses… elles sont aussi captivantes, que déroutantes , parfois, mais elles nous éclairent joyeusement sur l'histoire de la Littérature mondiale, ainsi que sur les influences, interactions entre les parcours des écrivains et poètes.

Ouvrage complété par une bibliographie nous prolongeant dans les coulisses de ces visites littéraires, ainsi qu'une page de conclusion de Catherine Sauvat exprimant fort justement cette « inépuisable admiration » qui nourrit son passionnant travail de biographe, qui parfois se teinte de fétichisme ( ouvrages de ses " idoles" enrichis de signatures originales !, objets divers) sans parler de "mimétisme " , des "Habitudes" des écrivains étudiés, accompagnant ,ou surgissant parfois dans son quotidien !)


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Qu'il soit admirateur ou admiré, Châteaubriant, Gide, Verlaine, Hugo, T. Mann, R. Char, et d'autres, tous ces auteurs qui parcourent ces pages nous étonnent par leurs réactions, leurs phrases pas toujours sympathiques ou accueillantes. L'autrice a recueilli divers témoignages de ces plumes qui viennent rencontrer leur idole. Livre très intéressant, rempli de surprises et d'anecdotes.
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Durrel joutant avec son "maître" Miller à propos des écrits du jeune Kerouac (qui n'en a rien à fiche que le premier ne l'aime guère et le second l'adore) ; Burroughs et Ginsberg, encore bercé par Rimbaud et Baudelaire, viennent à Paris et trouvent qu'il ne s'y passe grand chose à part Genet et Céline, allant, pour ce dernier, jusqu'à lui rendre visite ; Oscar Wilde le dandy qui rend visite à Walt Whitman le vieux poète ; la très jeune Bettina von Arnim qui se jette sur les genoux du passablement âgé Goethe, voilé quelques exemples de ce que regorge cet essai, ou plutôt cette mine d'or d'anecdotes littéraires, dressant de mini-biographies de souvent jeunes auteurs voulant absolument approcher, rencontrer, questionner leurs plus grandes influences (Thomas Mann pour Susan Sontag, Conrad pour Gide, Miller avec Cendrars...). C'est amusant, très documenté, souvent passionnant, bien écrit et cela dit beaucoup de choses sur l'adoration et toute la déception et la frustration qui entoure la rencontre, ce premier pas qui, au fond, brise la magie - l'aura d'un auteur. Et la question se pose : doit-on rencontrer nos auteurs favoris ? au risque de ne plus les apprécier après ? Un livre qui rend plus cultivé et qui pose des questions en ébauchant des réponses, c'est un peu une réussite, non ?
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Peut-on bien se représenter l'extraordinaire renommée de Victor Hugo et l'attrait inouï qu'il a exercé sur ses contemporains ? Le monstre sacré, académicien et pair de France, dont l'oeuvre monumentale "entasse les superlatifs d'admiration" avec une force qui n'a jamais failli, a en effet placé la poésie au service des hommes. Sa célébrité est telle qu'il ne peut répondre à la multitude de ses solliciteurs, laborieux plumitifs ou apprentis poètes.
En 1840, alors qu'il est au faîte de sa gloire, il reçoit la lettre d'un jeune homme de dix-neuf ans: "Je vous aime comme j'aime vos livres [...] Je suis peut-être bien hardi de vous envoyer bon gré mal gré ces éloges par la poste; mais je voudrais vous dire vivement, simplement, combien je vous aime et je vous admire, et je tremble d'être ridicule." Le signataire, un certain Charles Baudelaire, lui signifie que sa démarche ressemble sans doute à celle qu'il aurait pu faire lui-même, lorsqu'il était un auteur débutant, s'adressant à un aîné, tel Chateaubriand dont son " âme" était tant "éprise". Sans le savoir il a visé juste ! Mais la réponse qu'il "attend avec une impatience extrême" ne viendra pas.Ce n'est que bien plus tard, à la parution des -Fleurs du Mal-, que le grand homme lui adressera enfin un mot... considéré comme sans intérêt par Baudelaire. Qui nonobstant récidive deux ans plus tard en lui faisant parvenir un poème inédit; la missive en retour de Hugo qu'il qualifie de "stupide" l'exaspère tout autant.(p. 83)
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Maxime Gorki (1868-1936) à Léon Tolstoï

(...) Gorki comprend vite qu'une amitié avec son modèle peut se révéler risquée. Ses illusions premières se heurtent à une réalité plus dure. " Non ! Il n'était pas simple, l'apôtre de la simplicité !". Même si Tolstoï a abandonné les privilèges de sa classe en se réfugiant à la campagne, il reste à jamais imprégné par le monde de la culture où il a évolué toute sa vie. Un monde que l'autodidacte Gorki n'a jamais pu approcher sans se sentir illégitime et inculte.
Devenu rapidement le centre de toutes les attentions, le jeune auteur fait désormais partie du cercle d'écrivains qui gravitent autour de Tolstoï. Il y retrouve Anton Tchekhov avec lequel il a initié une correspondance amicale. Une occasion pour Gorki de remarquer que si les conversations sur un pied d'égalité sont possibles avec Tchékhov, ce n'est jamais le cas avec Tolstoï. celui-ci ne montre qu'un "intérêt ethnographique" à son endroit, comme s'il "appartenait à une espèce qui ne lui est pas familière"- rien de plus". (p. 139)
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Ah les écrivains !
On s’interrogerait presque sur la persistance du pouvoir d’attraction qu’ils exercent encore à notre époque, si impatiente, où la brièveté et l’immédiateté du message priment sur sa qualité et sa densité. Et pourtant, il suffit de voir les files devant certains auteurs en signature pour en comprendre le phénomène, comme si les approcher permettait de sentir sur soi les lueurs de leur renommée. Leur autographe est un trophée. Les quelques mots échangés réapparaîtront vite sous forme d’anecdotes valorisantes. Or, parmi les lecteurs, toujours curieux et souvent émerveillés, se glissent parfois de jeunes désirants, prêts à tout pour entrer en littérature. À tant vouloir rencontrer l’objet de leur admiration, leur modèle, ils recréent à leur manière un exercice classique aux allures de rite initiatique : la visite à l’écrivain.
Au XVIII e siècle, le statut de l’écrivain connaît un tournant en se libérant de l’autorité du roi et de l’Église. Son influence gagne, y compris dans les milieux populaires. Voltaire, auteur de contes philosophiques et de textes polémiques, symbolise cette indépendance d’esprit. De toute l’Europe, on vient le visiter pour s’inspirer de ses lumières. Giacomo Casanova fait lui aussi ce pèlerinage, pour en être, mais également pour se frotter à l’érudition et au brio de son hôte. Il fera école.
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"Je suis venu en tant que poète rendre visite à un poète"

Oscar Wilde (1854-1900) à Walt Whitman (1819-1892)

(...) Au vu de leurs comptes rendus respectifs, Oscar n'a pas joué son rôle habituel d'enfant gâté, prodiguant ses traits d'esprit snobs ou narquois. Il s'est assis sur un tabouret face au poète, tel un enfant obéissant face à un père ou un grand-père, attentif à recueillir sa parole. Quand Whitman lui sert du vin de sureau préparé par sa soeur en l'appelant Oscar, celui-ci écrit : " Je l'aurais bu de la même manière si cela avait été du vinaigre car j'ai pour cet homme une admiration que je ne saurais exprimer [...] C'est le plus grand homme que j'aie jamais vu, le personnage le plus simple, le plus naturel et le plus fort que j'aie rencontré de ma vie." Seules certaines exigences sur sa poésie le surprennent, car Whitman, autrefois typographe, pense toujours à ce que ses vers composent une belle page, "comme une épitaphe sur une tombe rectangulaire" (p. 73)
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"Votre amitié qui est bien le plus grand trésor que j'aie conquis à la pointe de ma plume."

André Gide (1869-1951) à Joseph Conrad (1857-1924)

A la mort de Conrad en 1924, la NRF publie un numéro en son hommage. Treize ans après leur rencontre, Gide écrit un éloge vibrant en regrettant de ne pas lui avoir signifié "toute l'affection, l'admiration, la vénération, que, malgré tant d'absence et de silence, [il] n'avait cessé de lui vouer". ET lui dédie son -Voyage au Congo- (p. 161)
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Vidéo de Catherine Sauvat
Intervention de Catherine Sauvat pour son livre "Depuis que je vous ai lu je vous admire" lors de la présentation de la rentrée littéraire 2021 à la Maison de la poésie.
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