Comme les précédents, ce 6° tome est un vrai régal de lecture.
Que ce soit dans le registre de l'émotion, comme quand il décrit avec tendresse le vieillissement de ses grands-parents, ou celui de l'humour, où les exemples abondent,
Riad Sattouf touche à la perfection.
Dans ce dernier tome, il nous fait vivre son passage de l'adolescence à l'âge adulte avec en toile de fond l'absence de son petit frère Fadi, à peine âgé de cinq ans quand son père l'a enlevé pour l'emmener vivre avec lui en Syrie. Ce père , même à des milliers de kilomètres, reste omniprésent et donne son avis sur tout dans les réflexions que lui prête le jeune Riad et qui ne cesseront que lorsque celui-ci sera pleinement entré dans sa maturité.
Cette émancipation, il va la gagner au forceps en finissant par accéder à un statut d'auteur reconnu, que ce soit dans la bande dessinée ou au cinéma. C'est là que la narration de
Riad Sattouf revêt un indéniable aspect documentaire, le chemin qu'il a parcouru, parsemé d'obstacles, d'échecs et de moments de découragement, bien d'autres l'ont connu ou le connaîtront sans pour autant parvenir au but qu'ils s'étaient fixé. Nous avons ici la confirmation que la motivation et le talent ne sont rien sans le hasard des rencontres et l'audace qui parvient quelquefois à forcer le destin.
L'histoire de ce parcours, même minutieusement illustré, laisse de la place à d'autres thématiques tout aussi passionnantes, comme une psychothérapie suivie par l'auteur lui-même ou le combat désespéré de sa mère pour récupérer son fils Fadi.
La gravité de certains sujets n'empêche évidemment pas
Riad Sattouf de les aborder avec cet humour dont il ne se départit jamais et cette autodérision qui reste sa marque de fabrique.
Un grand livre qui séduira tous ceux qui en entreprendront la lecture et bien au-delà des amateurs de bande dessinée.