Lorsque Diégane, jeune auteur fréquentant les milieux littéraires africains à Paris découvre le Labyrinthe de l'inhumain, un livre publié en 1938, chef d'oeuvre enivrant d'un écrivain Sénégalais que l'histoire a oublié, il décide de se lancer à la poursuite d'une suite, d'un récit, d'une vie; celle de T.C. Elimane, que la presse a encensé comme méprisé à la parution de son livre, peu avant la deuxième guerre mondiale. Son voyage le mènera d'Amsterdam à Buenos Aires en passant par Dakar ou la Normandie, guidé par la fougueuse et féministe Siga D., qui lui distille les informations au compte goûte, à travers maints fragments d'histoire, de la sienne ainsi que de celle d'Elimane et d'autres encore.
Le roman, prix Goncourt unanime ou presque surprends par son écriture, qui peut ressembler dans la construction des phrases à celle d'un
Oscar Wilde par sa recherche quasi proverbiale de sagesse. Grâce et à cause de cela, certains passages paraissent très lourds et d'autres poussent à la réflexion. L'histoire de Diégane n'est pas en soi passionnante, ce sont les récits du passé qui hantent sa quête qui font voyager le lecteur et la poursuite du jeune auteur. Ils sont très nombreux, souvent peu intéressants et l'écriture s'avère trop souvent arrogante envers le lecteur, comme si Sarr le considérait dès l'ouverture comme un passionné de son style d'écriture.
Hélas, ce style m'a personnellement rebouté plus qu'il ne m'a enchanté, et malgré de belles phrases disséminées ci et là, d'intelligentes considérations j'ai eu parfois du mal à rentrer dans les flashbacks proposés. Par le style, mais aussi par le récit, l'auteur a trop voulu en faire la quête d'Elimane s'en retrouvée tâchée. On aurait aimé plus de difficultés pour Diégane, qui est finalement trop passif dans sa propre aventure alors que celle de l'auteur du Labyrinthe aurait mérité plus de réserve et moins de détails.