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sur 3010 notes
À la recherche de T.C. Elimane, sa vie, son oeuvre.
Ce roman a la forme de ce qu'il décrit : un labyrinthe, qui a lui-même pour objet. Nul parcours en ses méandres ne peut avoir de contenu, rien n'y entre, rien n'en sort qui ne soit déjà aux carrefours des multiples dimensions humaines ou inhumaines.
D'une manière générale, dans un roman, rien n'est contestable ; tout est « pour de faux », ni vrai ni faux, « pour de faux ». Nul ne pourra jamais dire et soutenir dans un tribunal que Jean Valjean n'a pas volé de pain. La plus secrète mémoire des hommes est le récit d'une enquête, d'une quête, à propos d'un livre, d'un autre livre, tellement oublié qu'il avait quasiment disparu : le labyrinthe de l'inhumain.
Quand le narrateur, Diégane Latyr Faye, écrivain sénégalais, frais, incertain, jeune, à la recherche de lui-même, à la recherche de son écriture, rencontre l'oeuvre de son compatriote Elimane, il en est bouleversé et part à la recherche d'il-ne-sait-quoi à propos du livre, de son succès, de son éviction, de son auteur, du silence et de l'absence de son auteur : « …je ne t'écris que pour une seule raison : dire combien le labyrinthe de l'inhumain m'a appauvri. Les grandes oeuvres appauvrissent et doivent toujours appauvrir. Elles ôtent de nous le superflu. de leur lecture, on sort toujours dénué : enrichi, mais enrichi par soustraction. » (p47) et « A proximité du secret, l'escalier se perdra dans l'ombre et tu seras seul, privé du désir de remonter car il t'aura été montré la vanité de la surface, et incapable de descendre car la nuit aura enseveli les marches vers la révélation. » (p48)
Voilà le lecteur prévenu. le parcours ne mène nulle part, il mène à l'échec, et il faut le savoir, il faut le désirer.
Les aventures du personnages, parfois hautement romanesques, ne sont pas données pour être vécues par procuration, comme une distraction légitime et illégitime à la fois, parfois dite « le vice impuni de la lecture », elles sont le chemin obligé d'un brassage permanent de littérature, de politiques, d'amour et d'inachèvement de l'impossible secret des hommes, qu'on peut effleurer, exalter, deviner, faire deviner, qu'on ne peut pas toucher, ni décrire, pas même circonscrire. Comme tout enquêteur, Diégane Faye rencontre toutes sortes de gens qui ont un lien avec Elimane. Il avance, d'une certaine façon.
Se bâtit peu à peu un récit de la création, de l'assomption et de la chute d'Elimane et de son oeuvre. le labyrinthe de l'inhumain raconte l'histoire d'un roi qui se sépare de ses ennemis en les transformant en arbres, jusqu'au jour où il se perd dans la forêt… L'auteur est porté aux nues, qualifié de Rimbaud africain, puis cassé par un critique qui y voit le plagiat d'une légende africaine. Elimane n'écrit plus rien, voyage, comme Rimbaud. Celles et ceux qui s'intéressent à son oeuvre meurent mystérieusement !
La plus secrète mémoire des hommes est un texte sur un texte et son auteur : toute sa beauté, toute sa puissance est là : dans l'emploi de la littérature pour dire ce que rien ne pourra jamais dire, que l'outil le plus puissant ne peut que reconnaître son impuissance, dans ce qu'il faut bien appeler une beauté.
Si La plus secrète mémoire des hommes est un roman, on peut dire qu'il brasse les siècles, les guerres, les pays et les continents, les cultures, la science et la magie, autre science sans livres ni écoles, mais il n'est pas sûr que ce soit un roman, il est l'inexorable temps qui passe et nous oblige à avancer, quand bien même nous n'avançons pas, quand bien même nous ne voyons pas qui nous sommes, où nous sommes, quand bien même nous sommes autant humain qu'inhumain.
L'art ne peut qu'exalter notre condition (mot qu'on n'emploie plus) et le faire dans la beauté. C'est ce que fait La plus secrète mémoire des hommes.
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Être envoûtée par un livre. C'est un plaisir rare et difficile à expliquer. Voici donc quelques-uns des charmes qui m'ont transportée.
- L'écriture est magnifique, d'une grande richesse et d'une grande prodigalité . C'est toujours un bonheur de découvrir des mots nouveaux et cette abondance de la langue m'enchante. Les phrases sont longues certes mais fluides, généreuses et captivantes.
- Ce roman est une déclaration d'amour à la littérature et à la lecture. le livre est au centre de la quête, l'écrivain existe dans tous les protagonistes.
- le thème du plagiat est riche d'une richesse peu exploitée pour ceux qui aiment la littérature. (Oups, j'ai envie d'en faire une liste sur Babelio). Prendre comme fil conducteur un livre culte écrit par un écrivain accusé de plagiat sur le modèle de Yambo Ouloguem est d'emblée un excellent sujet.
- "Je voulais vraiment éprouver ce que la littérature avait comme sens au contact de la vie et de l'Histoire." a déclaré l'auteur. Cette réflexion est menée avec beaucoup d'intelligence et une grande culture.
- . Mohamed Mbougar Sarr nourrit ses personnages de l'histoire de la littérature et de l'histoire du monde. L'Afrique, l'Europe, l'Amérique latine lui servent de décor mais avec une exigeance politique qui lui permet d'évoquer la colonisation, la Shoah, les dictatures et les révolutions. Des personnages fictifs rencontrent des personnages réels et ce mélange, loin de la confusion, enrichit plus encore l'intrigue.
- le roman est labyrinthique, fourmille de voix narratives, de mises en abyme et de récits qui s'imbriquent les uns dans les autres mais cette construction fait sa densité. Et pour peu qu'on soit captivé par la lecture, impossible de s'y perdre tant l'auteur nous tend avec malice son fil d'Ariane.
- La distanciation avec laquelle il invoque certaines pratiques de magie africaine permet d'éviter la caricature et confère au récit cette touche de mystère qui entoure le personnage d'Elimane.

Bref, les critiques sur ce roman sont nombreuses, prix Goncourt oblige, mais sur moi, la magie a opéré... Et c'est bien la preuve qu'un roman exigeant puisse également être un grand moment de lecture !
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Mes espoirs d'un moment de lecture inoubliable furent vite réduits à néant. J'ai suspendu ma lecture après 20 % : C'est décousu, incompréhensible, ça part dans tous les sens et je ne discerne pas l'intrigue au milieu de ce fatras… Pire, je ne comprends pas le but ultime de l'auteur dont le style est bien trop pompeux, limite orgueilleux. le « JE » est omniprésent pour tous les personnages, c'est dire….
et puis : « Non ! ce n'est pas possible ! c'est un Goncourt, ça doit forcément être bon à un moment ou un autre !? ». Je me suis donc fait violence et traînée au bout de cet ouvrage, que je qualifierais de prétentieux, confus, égaré par moment, lourd, pénible, comme un boulet que l'on tente arracher au sol, un repas prétendument gastronomique, gargantuesque que l'on se doit de finir parce qu'on l'a payé et qui au final vous reste sur l'estomac, avec une réelle déception voire indigestion.
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C'est un livre qui enquête sur un autre livre, un écrivain à la recherche d'un autre écrivain, une mise en abyme qui est l'occasion d'un ingénieux voyage dans le temps et dans l'espace. Malgré quelques moments creux ou inégaux lors de sa lecture, je ressors de "La plus secrète mémoire des hommes" avec le sentiment d'un beau roman, un récit intelligemment construit, porté par une narration fascinante. Son auteur, Mohamed Mbougar Sarr, y raconte l'enquête de Diégane, apprenti romancier sénégalais basé à Paris et double littéraire de l'auteur, à la recherche de TC Elimane, un compatriote auteur de génie qui n'a écrit qu'un seul livre, "Le labyrinthe de l'inhumain". Ce roman, paru en 1938 et couronné de succès, disparait ensuite de la scène littéraire comme son auteur après une « ténébreuse affaire littéraire ». C'est donc sur les traces de cet auteur maudit que se lance le jeune Diégane, quête qui va l'amener à faire la connaissance de tout un tas de gens vivants ou morts qui ont été eux-mêmes subjugués par la lecture du livre ou fascinés par la beauté et le talent de son auteur. le récit est construit comme un jeu de piste à plusieurs voix avec des récits emboités les uns dans les autres et une plongée progressive dans la vie de TC Elimane, auteur imaginaire qui fait penser à Yambo Ouologuem, cet écrivain malien qui en 1968 publie avec succès "Le devoir de violence", mais qui, accusé de plagiat, s'enferme rapidement dans le silence en se retirant de la scène littéraire. Mohamed Mbougar Sarr lui dédie d'ailleurs son livre, car il veut parler des malentendus dont peut être victime un écrivain africain en particulier lorsqu'il s'éloigne de ce qu'on attend de lui. Un Africain peut-il être reconnu comme un écrivain francophone ? Et s'il l'est, ne devient-il pas « un nègre de maison » ? Doit-il posséder une verve envoutante ? Doit-il se contenter de parler gentiment de son pays ? le récit invite à réfléchir sur les effets de colonialisme, interroge les liens unissant l'Afrique et l'Occident depuis le début du XXe siècle. À la fois fresque historique, quête existentielle et amoureuse, plongée dans les croyances traditionnelles sénégalaises, réflexion politique, le roman propose aussi une brillante analyse sur l'art d'écrire, sur les mécanismes à l'oeuvre, depuis le choix des mots jusqu'aux effets produits. En mélangeant journal, notes, récits, lettres, témoignages, les différentes voix de narration se répondent dans le temps et dans l'espace, s'enchainent avec intelligence dans une profusion de formes et de libertés. Cette sensation de foisonnement pourra rebuter certains. Personnellement, elle ne m'a ni dérangé ni perdu. J'ai trouvé par contre qu'il y avait quelques maladresses dans l'écriture, des répétitions trop insistantes et une histoire par moment trop cérébrale et des personnages manquant d'incarnation ou de sensualité. Je recommande néanmoins la lecture de "La plus secrète mémoire des hommes", un excellent livre qui confronte les nécessités de vivre et d'écrire. L'auteur y convoque de nombreuses et magnifiques références littéraires, manière pour lui de rendre un hommage amoureux à la littérature et notamment à la littérature africaine.
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De nos jours, Diégane Latyr Faye, un jeune écrivain sénégalais, est totalement fasciné par un ouvrage de 1938, le Labyrinthe de l'inhumain, de T.C. Elimane. Il mène alors l'enquête sur ce mystérieux écrivain à la fois qualifié de génie et accusé de plagiat, qui fut surnommé le « Rimbaud nègre ». ● Alors que ce livre qui ne parle que de littérature aurait dû me plaire, j'ai réellement détesté son extrême confusion narrative qui perd et exténue le lecteur. D'autant que cette confusion n'est pas au service d'une intrigue, inexistante. ● La complexité bouffie de ce roman, les multiples références littéraires, les mots savants, tout cela ne sert que soi-même dans un mouvement autotélique d'où ne ressortent que la pose et la prétention de l'auteur. ● Mais peut-être justement est-ce une réussite dans la mesure où celui-ci fait explicitement sienne la fameuse aporie de Flaubert de faire un livre « sur rien ». Malheureusement, il y parvient. Sans pour autant, comme c'était la pensée de Flaubert, que le livre ne tienne que par le style, ici outrancièrement alambiqué, contourné, le contraire même de la prose flaubertienne (avec en prime quelques mots grossiers pour faire jeune et moderne). ● du moins les jurés Goncourt, une presse délirante dans le dithyrambe et une écrasante majorité de lecteurs, notamment de Babelio, ont-ils jugé que la réussite était patente (panurgisme ?). ● Pour ma part je me demande comment un même jury a pu couronner l'Anomalie l'année dernière et ce livre-ci cette année. Cela va faire bien des déçus parmi les lecteurs achetant les yeux fermés « le Goncourt ». ● Deux mois après avoir écrit ce qui précède, j'ajoute que je trouve assez amusant de voir certains lecteurs attribuer trois étoiles, voire davantage, à ce roman, tout en avouant n'y avoir rien compris et/ou s'y être mortellement ennuyés : si tout le monde l'a tellement aimé, et qu'en plus il a eu le Goncourt, alors c'est moi qui suis dans l'erreur en ne l'aimant pas ! se disent-ils peut-être.
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ennui profond....l'auteur se sert de la lange française pour exposer sa cultures et regarde écrire. J'ai bien essayé mais le livre me tombait des mains trop souvent et je commençai déjà à sauter des passages. Ce n'est pas bon signe. Je laisse ce Goncourt aux intellectuels et je retourne vers le littérature vivante
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C'est le troisième opus que je lis de cet auteur après "Terre ceinte" et "De purs hommes".
C'est un long roman où se mêlent diverses voix narratrices; elles se succèdent et parfois s'entremêlent au point que le lecteur s'y perd parfois, mais seulement brièvement et retrouve vite le fil. Peut-être parce que la vie est ainsi où chaque personne se reflète et reçoit le reflet d'autrui. de tout cela naît une narration virtuose.
Le narrateur contemporain, Diégane, part à la recherche d'un auteur sénégalais qui avait publié un livre fulgurant en 1938 et qui avait ensuite disparu. Cette quête l'emmène en France, aux Pays-Bas, puis, par l'intermédiaire de ses interlocutrices, jusqu'en Argentine, et enfin au Sénégal dont il est lui-même originaire .
Le roman est lui-même un éloge de la force de la littérature dans son opposition au monde réel. Les images sont fortes, comme les couleurs.
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Une construction en labyrinthe mais aussi en 3D pour éduquer le lecteur à réfléchir, abandonner ses certitudes, ses représentations, ses désirs , remettre tout en questions dans la vie comme dans la lecture en usant de nuances, d'humilité vis à vis de nos certitudes, de nos capacités à tout comprendre.
Comment peut-on être un bon lecteur en ce 20è siècle qui a vu tant de drames et de souffrances sur tous les continents ?
Le talent multiforme de l'auteur, son esprit taquin et bon vivant nous entraîne dans la quête d'un jeune sénégalais à la poursuite d'un auteur "recalé" par de mauvaises critiques littéraires en 1938. Quête riche de rencontres passionnantes reliées à notre passé pas très glorieux dont il faut bien s'accommoder pour avancer.
J'ai eu la chance d'avoir la dédicace de Mohamed Mbougar Sarr au Livre sur la Place à Nancy après l'avoir vu dans l'émission de Busnel sur la 5 avant qu'il n'obtienne le Goncourt. Beaucoup de choses ont été dites ou vont l'être maintenant sur son livre qui pose de nombreuses questions. le grand public sera-t-il partant ? le côté érudit peut rebuter, l'aspect puzzle avec toutes les voix qui racontent des souvenirs vécus ou rapportés par d'autres aussi. La transmission de la mémoire est-elle le vrai sujet du livre? Ou plus simplement notre humanité imparfaite ?
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Critiquer la plus secrète mémoire des hommes n'est pas facile face à l'avalanche d'éloges qui emporte tout. je suis déçue, très déçue. j'avais lu en son temps "Le devoir de violence" (1968) et j'ai lu récemment "Batouala"(1921). C'étaient de vrais livres, alors que "la plus secrète mémoire des hommes" m'a fait penser au "Da Vinci code". Certes l'auteur a beaucoup lu (pas toujours bien digéré), il ne nous apprend rien, ne maîtrise pas sa narration et fait peut-être quelques belles tirades, mais le plus souvent reste bien fade. Quelle folie a touché les critiques, alors que la littérature compte tant d'écrivains noirs fascinants et talentueux qui écrivent en français qui parlent vraiment de la colonisation et de ses ravages. Lisez un peu Maryse Condé ou même Christiane Taubira, ça vous fera du bien...ou tous ceux qui écrivent en anglais. Je suis triste et en colère.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Ainsi souffle la littérature en une pluie d'étoiles de sagesse.
Ce livre a une couverture très inspirée et inspirante, c'est déjà un souffle avant même cette plongée dans l'écrit.
La prestation de l'auteur dans La Grande Librairie m'a éblouie.
C'est un roman tellement nourri dont la magnificence de la langue vous happe et la construction gigogne vous intrigue, qu'il ne va pas être simple d'en faire une recension.
Roman divisé principalement en trois livres, eux-mêmes subdivisés.
Dans le premier livre, le lecteur fait la connaissance de Diégane Latyr Faye (double de Mbougar Sarr ?) jeune Sénégalais faisant partie de la « jeune garde des écrivains africains vivant à Paris », un noyau intellectuel qui ne vit pas seulement dans la littérature, ils s'interrogent, s'interpellent, et vivent d'une façon plutôt libre.
C'est dès lors le récit de récits de cette communauté haute en couleur, c'est une énergie qui fuse, l'ambition d'être reconnu par le milieu parisien et ses multiples déchirements sont mis en scène tantôt drôle, tantôt triste.
Dans cette multitude de sensations, Diégane Latyr Faye a eu connaissance d'un livre de T.C. Elimane le labyrinthe de l'inhumain (pendant imaginaire de : le Devoir de violence de Yambo Ouologuem), il devient possédé par l'idée de se procurer cet ouvrage.
L'Araignée-mère, Siga D. écrivaine sénégalaise vivant à Amsterdam de passage à Paris sera la bonne fée qui lui prêtera ce précieux ouvrage.
Après lecture et relecture, échange avec ses camarades il n'aura de cesse que de découvrir ce qui se cache derrière ce livre.
Le deuxième livre sera cette quête jusqu'au-boutiste.
« On cherche T.C. Elimane, et un précipice silencieux s'ouvre soudain sous nos pieds comme un ciel à l'envers. Comme une gueule sans fond. Devant moi aussi ce gouffre s'est ouvert. J'ai basculé. La chute a eu lieu…La chute… »
Une quête qui va le mener loin : mémoire de la colonisation, Première Guerre mondiale, Deuxième Guerre mondiale et la Shoah…
L'auteur n'écrit pas la biographie de cet auteur duquel il s'inspire, il va plus loin en mêlant réalité et fiction il fait oeuvre littéraire.
« Un grand livre n'a pas de sujet et ne parle de rien, il cherche seulement à dire ou découvrir quelque chose, mais ce seulement est déjà tout, et ce quelque chose aussi est déjà tout. »
Il écrit la comédie, la tragédie, la poésie et c'est en jouant habilement de ces registres qu'il plonge ses lecteurs dans les méandres de la mémoire des hommes.
Il dit ce monde à part, la Littérature, avec une ironie mordante :
« Il y avait le réel ; il y avait tout cet océan de merde dehors, et nous, écrivains africains dont le continent nageait dedans, nous parlions du Labyrinthe de l'inhumain au lieu de nous battre concrètement pour l'en sortir. »
Et finalement cette quête est-elle autre qu'une quête de soi-même dans le vaste monde où le mal, le doute, la trahison de soi et des autres est l'aventure suprême pour savoir que nous sommes chacun qu'infiniment minuscule.
C'est ambitieux dans le propos mais par le travail d'écriture, qui nous dit que ce jeune écrivain fait confiance à l'intelligence de ses lecteurs pour faire la part des débats intellectuels, du niveau d'abstraction de certaines phases, car ce n'est pas une lecture linéaire. le lecteur se laisse porter, embarquer par un suspense bien mené avec des rebondissements, une enquête cérébrale qui nous tient en haleine.
La profondeur du propos est une hymne à la littérature, car l'auteur a de vraies références, qu'il sait utiliser, ainsi il construit un pont entre Afrique et France et au-delà encore.
Des dialogues enlevés et ciselés :
« — Tu ne vois pas qu'on se ressemble comme deux demi-lunes d'une fesse ?
— Possible.
— A la bonne heure !
— Ne t'enflamme pas si vite. Toutes les moitiés de fesse ne se ressemblent pas. La raie du cul n'est pas un miroir. »
Comme les grands livres, celui-ci est inclassable car protéiforme, foisonnant et érudit, audacieux et ambitieux, sensuel et sur vitaminé, virtuose il vous narre le présent, le passé et le futur.
L'auteur n'abolit pas les frontières, il érige un pont littéraire entre les continents, sans limites et sans frontières, en un long chant d'amour à la Littérature.
En conclusion reprendre le propos d'un protagoniste :
« On ne devrait jamais approcher de trop près les artistes qu'on aime. Admirer de loin, en silence : c'est l'élégance qu'il faudrait avoir. »
©Chantal Lafon

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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