AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de GeorgesSmiley


Prenez une carte postale ensoleillée, insérez-y un ravissant chalet au milieu de la forêt suédoise, plantez-y un potager à faire saliver les plus exigeants des bobos et faites poser le père, la mère et leur bébé. Admirez leurs sourires et tendez l'oreille, ils vous parlent : « VOUS NOUS VERRIEZ, je pense que vous nous détesteriez. On dirait les acteurs d'une publicité pour une compagnie d'assurances, dégoulinants de bonheur. La petite famille parfaite et sa petite vie parfaite. »
Bien, vous vous en doutez déjà, l'envers de la carte postale est un peu différent. « J'ai décapé le four graisseux, grimpé sur un escabeau pour nettoyer le dessus du réfrigérateur. Quelquefois, j'aime bien tracer un message dans la poussière. Ce matin, sans raison particulière, j'ai écrit AU SECOURS. »
Et, comme dans ces réactions chimiques ne se produisant que lorsqu'on introduit le catalyseur dans un mélange auparavant parfaitement stable, le charmant tableau va se dégrader à l'apparition de Francesca, invitée à découvrir le bonheur de sa meilleure amie. Restons-en là pour l'intrigue qu'il serait malvenu de déflorer.
Saluons plutôt la construction (désormais assez classique) à partir des pensées et points de vue successifs des trois adultes protagonistes de l'histoire. Vantons l'habileté de l'écriture minimaliste qui conduit à ne proposer que de très courts chapitres (trois pages le plus souvent, cinq parfois) et qui vous incite à pousser toujours un peu plus avant votre lecture. Si vous appréciez les récits courts remplis de mensonges, de perversité, de jalousie, de manipulation, de trahison et de secrets enfouis, vous ne serez pas déçus. Autour du désir d'enfant, de la maternité, de l'amour conjugal, de l'amitié et des rivalités féminines, en dépit d'une fin qui me semble un peu irréaliste et de mauvais goût, voici un roman sans hémoglobine dans lequel on n'a qu'une envie : tourner les pages, encore et encore. On n'en sort pas tout à fait indemne. Comme sur la (magnifique) couverture où le bleu du centre est cerné de noir, c'est une bien sombre histoire qui nous est contée. Mais ce n'est sans doute que pure invention littéraire, la Suède est sans doute ce paradis de carte postale du début, au moins en été, et votre meilleure amie est VRAIMENT votre meilleure amie… Ce serait dommage de ne plus l'inviter, mais, prudence étant mère de sûreté, inutile d'insister pour qu'elle reste dormir.
Commenter  J’apprécie          214



Ont apprécié cette critique (18)voir plus




{* *}