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Critique de Passemoilelivre


Livre de la collection Documents reçu des éditions du faubourg dans le cadre d'une opération masse critique de Babelio, merci à Sophie Caillat qui me l'a fait parvenir. Ce livre est le résultat d'une enquête journalistique de Pascale-Dominique Russo sur des entreprises de l'ESS (Économie Sociale et Solidaire) qui en 2016 employaient 2,4 millions de salariés.
Cette enquête est très bien documentée sur trois grandes associations que sont : France terre d'asile, Emmaüs, le groupe SOS et des groupements mutualistes.
Elle nous montrent à l'appui de nombreux témoignages la complexité du positionnement de leurs salariés. La description de leur souffrance au travail qui est fortement accentuée par les contradictions fortes entre les valeurs affichées, les formes statutaires (associatives ou mutualistes) et l'objet à caractère social de leurs employeurs.
l'enquête nous introduit progressivement dans les évolutions respectives de ses organisations.
Leurs similitudes sont de croître continuellement en s'alimentant des appels d'offres des pouvoirs publics. Leurs dissemblances tiennent à leurs histoires, à leurs gouvernances et à leurs choix politiques que l'auteure nous décrit pour chacune d'elles.
Leur adaptation achoppe plus ou moins laborieusement à respecter des valeurs de l'économie sociale et solidaire. C'est à cet endroit que je trouve l'ouvrage fragile dans sa description trop légère de l'économie sociale.
Cet aspect regrettablement succinct de l'ouvrage élude les différences profondes entre l'économie sociale et l' entrepreneuriat social par exemple. L'une se situant dans une réelle alternative au capitalisme (« groupement de personnes,double qualité, mouvement social, économie a-capitaliste, émancipation ») tandis que l'autre est régie par une logique de marché. Une conception ayant manifestement pris le pas sur l'autre comme nous le montre dans ce livre, l'exemple du groupe SOS dont le dirigeant a présidé au Mouves (Mouvement des entrepreneurs sociaux).
Cet aspect fondamental des postures théoriques qui pré-existent à une démarche de l'économie sociale et solidaire est trop souvent supprimé des analyses sur le sujet.
Sans être le sujet de l'ouvrage, l'auteure affleure aussi de manière intéressante, la multiplication des emplois avec une dimension sociale et une faible qualification. Aussi, une lecture en creux permet de réaliser que le travail social est un véritable métier. En effet, une formation à la relation d'aide permet de travailler le positionnement des salariés et une meilleure distanciation entre l'engagement et sa fonction. Mieux préparés aux affres que rencontrent les salariés embauchés par les structures de l'ESS, les travailleurs sociaux sont assez absents de l'ouvrage. Sur le contexte politique de l'évolution des structures de l'ESS, cette lecture dépolitise regrettablement le sujet. l'ouvrage note néanmoins que les organismes de l'ESS sont devenus des prestataires des politiques publiques et non plus des partenaires de la construction des politiques sociales.
Ainsi, j'apprécie que l'auteure puisse porter la parole des salariés et de leurs souffrances au travail. Les témoignages à l'appui de la recherche documentaire véhiculent un discours qui mérite de réinterroger l'économie sociale de manière générale et le travail social.
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